Voir les citations avec "ensevelir"

ensevelir

vt (an-seu-ve-lir ; comme deux syllabes muettes ne peuvent se suivre immédiatement, on donne à la syllabe se le son de seu ; autrefois on prononçait en-sé-ve-lir, du moins Richelet écrit ainsi)
  • 1Dans le style élevé. Déposer dans la sépulture. Son corps fut enseveli avec les mêmes honneurs et la même pompe que ceux des rois légitimes. [Rollin, Histoire ancienne] J'ensevelis pour toujours dans le sein de la terre ce qu'elle avait porté de plus parfait et de plus aimable. [L'abbé Prévost, Manon Lescaut, 2e part.]

    Absolument. Qui tôt ensevelit bien souvent assassine, Et tel est cru défunt qui n'en a que la mine. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

  • 2 Par extension, mettre sous quel que chose qui est considéré comme un tas. C'est sous les ruines du trône et du palais de votre vieux tyran qu'il faut l'ensevelir avec tous ses complices. [Marmontel, Bélisaire] Le chameau mieux instruit, courbé sous la tempête, Dans le sable du moins ensevelit sa tête. [Ducis, Abufar ou La Famille arabe] Et l'Anio paisible, et l'Eridan fougueux, Qui, roulant à travers des campagnes fécondes, Court dans les vastes mers ensevelir ses ondes. [Delille, Les Géorgiques, traduction de Virgile]
  • 3Faire disparaître. Je ne m'étendrai pas davantage sur ce poëme ; tout irrégulier qu'il est, il faut qu'il ait quelque mérite, puisqu'il a surmonté l'injure des temps et qu'il paraît encore sur nos théâtres, bien qu'il y ait plus de vingt-cinq années qu'il est au monde, et qu'une si longue révolution en ait enseveli beaucoup sous la poussière qui semblaient avoir plus de droit que lui de prétendre à une si heureuse durée. [Corneille, Ex. de l'Illus. comique.] Ne pouvant pas me résoudre à ensevelir ma maison dans celle de Mazarin, et n'estimant pas assez la grandeur pour l'acheter par la haine publique. [Retz, Mémoires] Il ne tint presque à rien qu'il n'ensevelît tout le parti de M. le prince. [Retz, ib. liv. IV, p. 248] Un homme de cour qui n'a pas un assez beau nom doit l'ensevelir sous un meilleur. [La Bruyère, VIII] Il veut avec leur soeur ensevelir leur nom. [Racine, Phèdre]
  • 4Cacher comme dans une sépulture. Traître ! tu prétendais qu'en un lâche silence Phèdre ensevelirait ta brutale insolence ? [Racine, Phèdre] Ces trésors dont le ciel voulut vous embellir, Les avez-vous reçus pour les ensevelir ? [Racine, Britannicus] La gloire des monuments que l'orgueil ou l'adulation ont élevés, sera ou ensevelie dans l'oubli par le temps ou effacée par les censures et les jugements plus équitables de la postérité. [Massillon, Petit carême] Sur quels bords malheureux, dans quels tristes climats Ensevelir l'horreur qui s'attache à mes pas ? [Voltaire, Œdipe] [L'Arabe] Laissait dans ses déserts ensevelir sa gloire. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète] Le secret qu'en ton sein je dois ensevelir. [Voltaire, L'orphelin de la Chine] Ensevelissons ma vie ainsi que ma douleur dans une éternelle et profonde solitude. [Genlis, Mlle de Lafayette, p. 102, dans POUGENS]
  • 5Envelopper le corps d'un mort dans un linceul. C'est une oeuvre pieuse que d'ensevelir les morts.

    Par extension, envelopper comme d'un suaire. Voiles, crêpes, habits, lugubres ornements, Pompe où m'ensevelit sa première victoire. [Corneille, Le Cid]

  • 6S'ensevelir, vpron Laisser tomber sur soi ce qui est comparé à une sépulture. S'ensevelir sous les ruines de la place, la défendre jusqu'à la mort. Je m'ensevelirai sous ma propre ruine. [Corneille, Sertorius]

    Fig. Je suis Héraclius, je suis fils de Maurice ; Sous ces noms précieux je cours m'ensevelir. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient]

  • 7Se cacher. S'ensevelir dans la retraite, dans la solitude, se retirer du monde. Moi, renoncer au monde avant que de vieillir, Et dans votre désert aller m'ensevelir ! [Molière, Le misanthrope]

    Par extension, s'absorber, se plonger. S'ensevelir dans les livres, dans la débauche, dans le chagrin. La belle chose de.... s'ensevelir pour toujours dans une passion. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre]

SYNONYME

ENSEVELIR, ENTERRER. Ensevelir, c'est envelopper un corps mort dans le drap appelé linceul. Enterrer, c'est mettre en terre le corps mort. L'historien suisse Ruchat s'est donc exprimé incorrectement dans la phrase suivante : " Calvin mourut le 27 mai (1564) et fut enseveli tout simplement au cimetière commun de Plainpalais. " Il fallait dire, enterré ou inhumé, HUMBERT, Gloss. génev. Il faut distinguer : le fait est que ensevelir a eu de tout temps et a encore le sens de donner la sépulture ; mais il ne l'a que dans le style élevé ; et l'on dira fort bien : il fut enseveli à côté de ses aïeux. Mais, hors de ce style, ensevelir signifie couvrir du linceul ; et c'est pour cela que l'on ne dit pas bien ensevelir au cimetière, et que Humbert a critiqué justement la phrase de Ruchat. Il faut remarquer aussi que toutes les acceptions figurées procèdent de la signification donner la sépulture.

  • rechercher