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fourrer

vt (fou-ré)

Fourrer, venant de l'ancien français fuere, qui signifiait fourreau, a deux acceptions principales dont les autres dérivent : envelopper, garnir comme d'un fourreau, et mettre comme dans un fourreau.

  • 1Garnir, doubler de fourrure. Fourrer un manteau d'hermine.
  • 2 Terme de monnayage. Couvrir avec des lames d'or et d'argent soudées par les bords un flan qu'on passe ensuite dans les fers pour le monnayer. Fourrer une médaille.
  • 3 Terme de construction. Garnir de plâtre et de tuileau le dessous des faîtières pour les affermir.
  • 4 Terme de marine. Envelopper une corde quelconque de bandes de toile goudronnée et de tresses, ou seulement de tours pressés et serrés de bitord ou de fil caret pour la garantir du frottement. [Jal]
  • 5Donner avec excès, sans discrétion (comme si on garnissait outre mesure de ce qui enveloppe). Elle lui fourre toujours à manger. Cette mère fourre toujours en cachette de l'argent à son fils.
  • 6Mettre dans un endroit creux, caché (comme qui dirait mettre dans un fourreau). Fourrez cela dans votre poche. Il aura fourré cela dans un coin. Fourre-lui encore les cinq cents autres guinées dans sa valise. [Voltaire, Écoss. V, 1]

    Fig. Il a bien fourré de la paille dans ses souliers, il s'est beaucoup enrichi.

    Fig. et populairement. Fourrer tout dans son ventre, dissiper ce qu'on a en bombances.

  • 7Introduire, mettre dans (sens qui dérive du sens précédent). Fourrer son bras dans un trou. Il laisse fourrer aux grâces Des fleurs sous son capuchon. [Béranger, Ermite.]

    Fig. et familièrement. Fourrer son nez où on n'a que faire, se mêler indiscrètement de quelque chose.

    On dit de même : fourrer son nez partout.

    Fourrer en prison, emprisonner. J'ai une aversion mortelle pour la prison ; je suis malade ; un air enfermé m'aurait tué ; on m'aurait peut-être fourré dans un cachot. [Voltaire, Correspondance] Eh bien, monsieur, si vous aviez été ministre à Constantinople, au lieu de l'être à la Haye, vous auriez donc été fourré aux sept tours ? [Voltaire, Correspondance] Le clergé, remis en train, En prison pourrait peut-être Fourrer l'auteur du Lutrin. [Béranger, Muse en fuite.]

    Fig. Fourrer dans l'esprit, mettre dans l'esprit. Le diable lui fourrait dans l'esprit ce qu'il y avait de plus sensible. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Qu'on me dise qui diable lui a fourré dans la tête de ne plus vouloir prendre leçon de don Bazile ? [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile]

    Fourrer une chose dans la tête, dans l'esprit de quelqu'un, la lui faire comprendre. On ne peut rien lui fourrer dans la tête.

    Fourrer dans l'esprit, infatuer d'une chose. Qui a pu lui fourrer cette sotte idée dans l'esprit ?

    Se fourrer dans la tête, dans l'esprit, s'obstiner, s'infatuer. Quelle créature il s'était fourrée dans la tête pour en faire sa femme. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

  • 8Introduire quelqu'un dans une maison, dans une administration, l'engager dans une affaire. On l'a fourré dans les compagnies des chemins de fer. On aurait beaucoup mieux fait de prendre ce parti que d'aller fourrer mal à propos la fille de M. le duc de Luxembourg dans des querelles de comédie. [Voltaire, Correspondance]
  • 9Insérer, et surtout insérer mal à propos. Il fourre toujours du latin dans ses discours. Les protestants, qui fourrent partout, si l'on me permet de parler ainsi, leur synecdoche [au sujet de la communion sous les deux espèces]. [Bossuet, Déf. de la trad. sur la communion, II, 33] Que Merlin ne fourre pas mon nom à la bagatelle que je lui ai donnée. [Voltaire, Correspondance] On m'apprend qu'il a fourré une lettre de moi dans le Mercure ; je ne sais si c'est celle dont je vous parle. [Voltaire, Correspondance] Ce peintre n'a que deux ou trois têtes qui roulent dans la sienne et qu'il fourre partout. [Diderot, Salons de peinture]
  • 10Se fourrer, vpron Se vêtir de fourrures ou chaudement. Il s'est bien fourré. Y voit-on des savants en droit, en médecine, Endosser l'écarlate et se fourrer d'hermine ? [Boileau, Satires]
  • 11Se mettre, se placer. Ah ! traître que tu es, où t'es-tu donc allé fourrer ? [Molière, L'avare] Plus de place, tout de force et de nécessité ; on se fourrait où on pouvait. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Le diable se fourre partout depuis longtemps. [Voltaire, Correspondance]

    Fig. Il cherche quelque trou où se fourrer, se dit d'un homme qui cherche quelque emploi, quelque condition.

    Il est si honteux qu'il ne sait où se fourrer, ou qu'il se fourrerait dans un trou de souris, se dit d'un homme plein de confusion pour quelque chose qu'il a dit ou fait.

  • 12 Fig. S'introduire, s'entremettre. On s'est imaginé que je me fourrerais étourdiment parmi tout le monde. [Voiture, Lettres] Vous êtes un sot de venir vous fourrer où vous n'avez que faire. [Molière, Le médecin malgré lui] Ces gens-là se fourrent partout. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Avec ces talents et d'autres plus cachés, utiles à la galanterie, il [la Vauguyon] se fourra chez Mme de Beauvais. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] J'avais peine à concilier cette grande simplicité avec le désir et l'art qu'il avait de se fourrer partout, chez les grands, chez les femmes, chez les dévots, chez les philosophes. [Rousseau, Les confessions]
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