frémir
- 1Produire un bruit par l'agitation de ce qui a beaucoup de parties. J'entends frémir les flots irrités. Le feuillage frémit.Il se dit, par extension, de tout grand bruit. S'il querelle les vents, ils n'osent plus frémir . [Rotrou, Véritable Saint Genest]La discorde en fureur frémit de toutes parts . [Racine, Esther]Mais l'airain menaçant frémit de toutes parts . [Racine, Athalie]Dans les combats, ils [les phoques] rugissent et frémissent comme le lion, et enfin dans la joie et après la victoire ils font un petit cri aigu qu'ils réitèrent plusieurs fois de suite . [Buffon, Quadrupèdes]Comme un homme sauvé du naufrage sur un rocher, je contemple de ma solitude les orages qui frémissent dans le reste du monde . [Bernardin de Saint-pierre, Paul et Virginie]
- 2Éprouver un mouvement de vibration qui produit un frémissement léger, un faible murmure. Terre, frémis d'allégresse et de crainte . [Racine, Esther]On sait que, si dans le même instrument il y a plusieurs cordes à l'unisson ou qui fassent leurs vibrations dans le même temps, si l'on pince une de ces cordes, toutes celles qui seront à son ton frémiront à la fois . [Bonnet, Essai de psychologie]Il se dit aussi de l'eau qui murmure et s'agite avant de bouillir. L'eau ne tardera pas à bouillir, elle frémit déjà. La mer frémit, elle commence à s'agiter. 
- 3 Fig. Éprouver un tremblement, une sorte de vibration intérieure par l'effet de la crainte, de l'horreur, de la colère. Nous fait frémir le coeur, nous tire de nous-mêmes . [Régnier, Satires]Je ne puis, sans frémir, parler des auteurs d'un si exécrable attentat . [Vaugelas, Q. C. liv. VI, dans RICHELET]Et la seule pensée en fait frémir d'horreur . [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]D'où vient que tu frémis et que ton coeur soupire ? [Corneille, Polyeucte]Même l'on dit que l'ouvrier [le statuaire] Eut à peine achevé l'image, Qu'on le vit frémir le premier Et redouter son propre ouvrage . [La Fontaine, Fables]Son nom seul fait frémir nos veuves et nos filles . [Racine, Andromaque]J'aime à vous voir frémir à ce funeste nom . [Racine, Phèdre]Ah ! combien frémira son ombre épouvantée ! [Racine, ib. IV, 6]Il faut des châtiments dont l'univers frémisse . [Racine, Esther]Qu'ils pleurent, ô mon Dieu, qu'ils frémissent de crainte, Ces malheureux qui de ta cité sainte Ne verront point l'éternelle splendeur . [Racine, Athalie]Mais d'où vient que mon coeur frémit d'un saint effroi ? [Racine, ib. III, 7]....trop au-dessus d'eux, je leur puis pardonner De frémir sous le joug que je veux leur donner . [Voltaire, La mort de César]Plusieurs protestants étaient à table ; les uns se plaignaient amèrement [à la révocation de l'édit de Nantes], d'autres frémissaient de colère . [Voltaire, l'Ingénu, 8]Les anciens ne s'étaient pas contentés de faire du cygne un chantre merveilleux ; seul entre tous les êtres qui frémissent à l'aspect de leur destruction, il chantait encore au moment de son agonie, et préludait par des sons harmonieux à son dernier soupir . [Buffon, Oiseaux]Mon coeur frémit de joie . [Ducis, Macbeth]Elle frémit de tous ses membres, et sûrement l'approche de l'échafaud ne lui aurait pas causé plus d'effroi . [Staël, Corinne, ou l'Italie]Il se dit avec de et un infinitif. Et déjà, tout confus, croyant midi sonné, En soi-même frémit de n'avoir pas dîné . [Boileau, Le lutrin]Honteux et frémissant de vous interroger . [Voltaire, Tancrède]Fig. Je vois que sa vertu frémit de leur fureur . [Racine, Britannicus]Bassesses dont votre orgueil frémit en secret . [Massillon, Carême, Culte.]Lorsqu'elle [la magistrature japonaise] a fait exposer les femmes nues, elle a fait frémir la pudeur . [Montesquieu, L'esprit des lois]On m'en a envoyé des morceaux indignement falsifiés qui font frémir le bon goût et la décence . [Voltaire, Correspondance]Cela fait frémir la nature, se dit de ce qui cause beaucoup d'horreur. Un spectacle à faire frémir la nature. 
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