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impossible

adj. (in-po-si-bl')
  • 1Qui ne peut être, qui ne peut se faire. Tout ce qui n'est pas aisé, ils [les lâches conseillers] le nomment impossible. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour] À qui sait bien aimer il n'est rien d'impossible. [Corneille, Médée] J'eusse eu tort de tenter un espoir impossible. [Rotrou, Bélisaire] Le miracle qu'elle attendait est arrivé : elle croit, elle qui jugeait la foi impossible ; Dieu la change par une lumière soudaine. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il est, dit-elle, impossible de s'imaginer les étranges peines de mon esprit sans les avoir éprouvées. [Bossuet, ib.] Une hardiesse sage et réglée.... qui se mesure avec ses forces, qui entreprend les choses difficiles et ne tente pas les impossibles. [Fléchier, Oraisons funèbres] Ce qui est impossible à ma nature si faible, si bornée, et qui est d'une durée si courte, est-il impossible dans d'autres globes, dans d'autres espèces d'êtres ? [Voltaire, Philos. ignor. quest. 12e.] Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles. [Duclos, Consid. moeurs, ch. 2] Mais qui peut du tonnerre expliquer les effets ? Impossible est un mot que je ne dis jamais. [Collin D'harleville, Malice pour malice, I, 8]

    Il est impossible que, avec le subjonctif. Il est impossible, dit-il [saint Paul], qu'une telle âme [celle qui est tombée après avoir connu la lumière] soit renouvelée par la pénitence ; impossible : quelle parole ! [Bossuet, Oraisons funèbres] Mais je vois présentement que je courais un grand hasard, et qu'il n'était pas impossible que je demeurasse sans aucun bien. [Fontenelle, Athénaïs, Icasie.] Des particuliers avaient des richesses immenses, et il est impossible que les richesses ne donnent du pouvoir. [Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence]

    Elliptiquement. Impossible, cela ne se peut. Ces raisons, me les direz-vous ? reprit Oswald. - Impossible, s'écria Corinne, impossible. [Staël, Corinne, ou l'Italie]

  • 2 Par extension, qui est très difficile. Il est impossible, quelque résolution que l'on fasse, de n'être pas un peu alarmée des désordres de la poste. [Sévigné, 391]
  • 3 Terme de politique. Qui ne peut être employé dans telle ou telle position, ne peut entrer dans telle ou telle combinaison de gouvernement. Il s'est rendu impossible.
  • 4 nm L'impossible, ce qui ne peut être fait, advenir. Qui doute que vous ne le puissiez, et qui ne sait que pour votre esprit il n'y a point d'impossible ? [Voiture, Lettres] Ce beau feu dont pour vous mon coeur est embrasé Trouvera tout possible et l'impossible aisé. [Rotrou, Venceslas] Alléguer l'impossible aux rois, c'est un abus. [La Fontaine, Fables] Que si l'homme, qui n'est que faiblesse, tente l'impossible [par amour], Dieu, pour contenter son amour, n'exécutera-t-il rien d'extraordinaire ? [Bossuet, Oraisons funèbres] L'impossible, qui, par manière de parler, a deux degrés de néant, puisque ni il n'est ni il ne peut être, ce qui est par là, si on veut, au-dessous du néant même.... [Bossuet, Instructions sur les états d'oraison] Je n'examinais rien, j'espérais l'impossible. [Racine, Bérénice] Sans cette audace [courage d'esprit], un faux impossible s'étendrait presque à tout. [Fontenelle, Chazelles.] Etes - vous obligé à l'impossible pour vous sauver ? [Massillon, Carême, Voc.]

    Par exagération. Faire l'impossible, façon hyperbolique d'assurer qu'on fera tout ce qu'on peut. Et tu sais que mon âme, à tes ennuis sensible, Pour en tarir la source y fera l'impossible. [Corneille, Le Cid] Si vous m'aimez, ma fille, et si vous croyez vos amis, vous ferez l'impossible pour venir cet hiver. [Sévigné, 170] Il portait une lettre du roi, que j'ai vue, toute remplie de ce qui fait obéir, et courir, et faire l'impossible. [Sévigné, 574]

    Réduire quelqu'un à l'impossible, en exiger ce qu'il ne peut faire, et, en termes de logique, le réduire à ne pouvoir répondre sans tomber en contradiction.

    Familièrement. Gagner l'impossible, perdre l'impossible, etc., gagner beaucoup, perdre beaucoup.

  • 5Par impossible, en faisant une supposition qui paraît impossible ou tout à fait improbable. Le monde eût été mauvais si, par impossible, il eût été créé sans l'incarnation du Verbe. [Fénelon, t. III, p. 156]

    Terme de scolastique. Supposition par impossible, supposition dans laquelle on pose une alternative impossible.

    PROVERBE

    À l'impossible nul n'est tenu.

REMARQUE

Pascal et Sévigné ont dit plus impossible, bien que cet adjectif soit négatif et contienne quelque chose d'absolu : Rien n'est plus impossible que cela. [Pascal, dans COUSIN] Je sais que c'est pour le petit moment que nous sommes en cette vie que nous voudrions être heureux ; mais il faut se persuader qu'il n'y a rien de plus impossible. [Sévigné, Lett. à Bussy, 13 août 1688] Le latin a dit impossibilior (QUICHERAT, Addenda).

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