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imprimer

vt (in-pri-mé)
  • 1Faire ou laisser une empreinte, une marque, des traits, une figure, etc. sur quelque chose. Imprimer un sceau sur de la cire. À peine il imprimait la trace de ses pas sur le sable. [Fénelon, Télémaque] Ils trouvèrent moyen de faire imprimer dans Berne les stigmates de Notre Seigneur Jésus-Christ à un de leurs frères lais nommé Jetzer. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

    Par extension. Quant aux volontés souveraines De celui qui fait tout et rien qu'avec dessein, Qui les sait que lui seul ? comment lire en son sein ? Aurait-il imprimé sur le front des étoiles Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles ? [La Fontaine, Fables]

    Fig. Tout ce qu'à tes vertus il reste à désirer, C'est que les beaux esprits les veuillent honorer Et qu'en l'éternité la muse les imprime. [Malherbe, IV, 6]

  • 2Passer la planche encrée et couverte de la feuille sur la table de la presse, de telle sorte que l'encre de la planche s'attache au papier et y reproduise la figure gravée. Imprimer une estampe. Imprimer en taille-douce. Imprimer des lithographies.

    Faire, par l'application et la pression d'une surface sur l'autre, diverses fleurs et autres agréments sur la toile dite indienne, sur la mousseline, la mousseline de laine, les châles de laine, etc. Les étoffes qui, après avoir été marquées en blanc, seront mises à la teinture ou imprimées. Lett. pat. du 18 avril 1782] Ils font venir du Bengale des toiles blanches qu'ils teignent ou impriment ; et vont les revendre avec un bénéfice de trente-cinq ou quarante pour cent, dans les lieux mêmes d'où ils les ont tirées. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

  • 3Empreindre sur une surface des lettres fondues ou gravées et chargées d'encre ; et, par extension, faire tous les travaux nécessaires pour la confection d'un livre, etc. Le cardinal du Perron, qui n'épargnait ni peine, ni soin, ni dépense pour ses livres, les faisait toujours imprimer deux fois : la première pour en distribuer seulement quelques copies à des amis particuliers, sur lesquelles ils pussent faire leurs observations ; la seconde pour les donner au public en la dernière forme où il avait résolu de les mettre. [Pellisson, Histoire de l'Académie française] Douze ans sont écoulés depuis le jour fatal Qu'un libraire, imprimant les essais de ma plume.... [Boileau, Epîtres] Il y a un tel livre qui court, et qui est imprimé chez Cramoisy, en tel caractère ; il est bien relié et en beau papier. [La Bruyère, I]

    Faire imprimer un ouvrage, le remettre à l'imprimeur pour qu'il l'imprime. J'en retiens un exemplaire au moins, si vous le faites imprimer. [Molière, Les précieuses ridicules] Il a fait imprimer un ouvrage moral qui est rare par le ridicule. [La Bruyère, I]

    Absolument. Imprimer nettement. Imprimer sur papier fin, sur vélin.

    Publier par la voie de l'impression. Il n'a encore rien imprimé.

    Se faire imprimer, mettre au jour quelque ouvrage. Et qui diantre vous pousse à vous faire imprimer ? [Molière, Le misanthrope]

    Imprimer un auteur, imprimer son ouvrage. Qui vous imprime ? C'est une chose étrange qu'on imprime les gens malgré eux. [Molière, Les précieuses ridicules]

  • 4 Terme de peinture. Coucher une première couleur qui sert de fond à celle qu'on doit mettre ensuite pour faire un tableau.

    Terme de peinture en bâtiments. Enduire d'une ou de plusieurs couches de couleur des ouvrages de serrurerie, de menuiserie, etc.

  • 5 Fig. Donner une certaine marque, un certain caractère. Pleurez l'autre, pleurez l'irréparable affront Que sa fuite honteuse imprime à notre front. [Corneille, Horace] N'imprime point de tache à tant de renommée. [Corneille, Pertharite, roi des Lombards] Le ciel a sur son front imprimé sa noblesse. [Racine, Iphigénie en Aulide] L'Égypte savait imprimer un caractère d'immortalité à tous ses ouvrages. [Rollin, Histoire ancienne] Que la reine en ces lieux, brillants de sa splendeur, De son puissant génie imprime la grandeur. [Voltaire, Sémiramis] Sa tête [de l'homme] regarde le ciel et présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité. [Buffon, Histoire naturelle générale et particulière] La tyrannie imprime un caractère de bassesse à toutes sortes de productions. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]
  • 6 Fig. Faire une impression sur les sens. La douleur extrême Que le fer imprimait en un endroit si pur [l'oeil]. [Rotrou, Bélisaire] Le son des flûtes imprimant dans l'oreille le mouvement de sa cadence. [Boileau, Réflexions critiques sur Longin]
  • 7 Fig. Faire une marque, une empreinte dans l'esprit, dans le coeur, dans la mémoire. Le mépris du sort Que sait imprimer aux courages Le soin de vivre après la mort. [Malherbe, IV, 5] Si l'amour dans mon coeur imprima ton portrait. [Mairet, La mort d'Asdrubal] Enflé de la victoire et des ressentiments Qu'une pareille perte imprime aux vrais amants. [Corneille, La mort de Pompée] Il n'a fait qu'obéir à la haine ordinaire Qu'imprime à ses pareils le nom de belle-mère. [Corneille, Nicomède] Imprimer du respect à toute l'Italie. [Corneille, Sertorius] Je m'emporte, et mes sens interdits Impriment leur désordre en tout ce que je dis. [Corneille, Tite et Bérénice] Et je n'ose vous dire une secrète peur Que m'imprime en l'esprit cette mauvaise humeur. [Rotrou, Antigone] Une lionne vient, monstre imprimant la crainte. [La Fontaine, les Filles de Minée.] Sachez donc que vos voeux sont trahis Par l'amour qu'une esclave imprime à votre fils. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Non, non, rien n'est capable de m'imprimer de la terreur. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] ....Regardez-moi là durant cet entretien ; Et jusqu'au moindre mot imprimez-le-vous bien. [Molière, L'école des femmes] Et pensez-vous que ce soit une petite affaire.... que d'entreprendre de faire rire des personnes qui nous impriment le respect ? [Molière, L'impromptu de Versailles] Les sentiments que votre sorte de mérite doit imprimer dans des têtes qui.... [Sévigné, à Moulceau, 24 nov. 1685] Sont-ce les triangles et les carrés et les cercles que je trace grossièrement sur le papier, qui impriment dans mon esprit leurs proportions et leurs rapports ? [Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même] Pour imprimer dans les esprits l'unité de Dieu. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Jésus-Christ vient imprimer dans les coeurs l'amour des souffrances. [Bossuet, ib. II, 11]

    S'imprimer, imprimer à soi, graver dans son coeur, dans son esprit. Si l'âme sent cette disposition [la bonne disposition à l'égard du prochain], elle la suit ; si elle ne la sent pas, elle l'excite autant qu'elle peut, et elle l'imprime au moins dans ses actions extérieures, afin de se l'imprimer peu à peu dans le coeur. [Nicole, Ess. mor. 2e traité, ch. 7] Pour bien entendre quelle doit être votre attention à la divine parole, il faut s'imprimer bien avant cette vérité chrétienne, qu'outre le son qui frappe l'oreille.... [Bossuet, Sermons]

  • 8Imprimer le mouvement, voy. la remarque.
  • 9S'imprimer, vpron Laisser une empreinte. Leurs pas s'imprimaient sur la neige.

    Être produit par l'imprimerie. Cela se dit et s'imprime tous les jours.

    Être en cours d'impression. Mon livre s'imprime.

  • 10 Fig. Être fixé dans l'esprit, dans le coeur. Les images des objets s'impriment dans la mémoire. Il faut convenir qu'à quelques négligences près, négligences que la comédie tolère, Molière est plein de vers admirables qui s'impriment facilement dans la mémoire. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]

REMARQUE

L'Académie a un article ainsi conçu : " Imprimer se dit aussi, en parlant du mouvement, de la vitesse, etc. qu'un corps communique à un autre corps : Le mouvement, la force, la vitesse qu'un corps imprime à un autre. Il s'emploie quelquefois figurément dans un sens analogue : Cette découverte imprimait aux idées une direction nouvelle. " Plusieurs auteurs se sont servis de cette locution inscrite dans le Dictionnaire de l'Académie : C'est Dieu qui imprime à la matière son mouvement et qui règle sa détermination. [Malebranche, De la Recherche de la vérité] La force de la matière [suivant Leibnitz] est double : une tendance naturelle au mouvement, et une résistance au mouvement imprimé d'ailleurs. [Fontenelle, Leibnitz.] Ces philosophes, pour expliquer une sorte de mouvement dans les corps célestes, faisaient, au delà du dernier ciel que nous voyons, un ciel de cristal qui imprimait ce mouvement aux cieux inférieurs. [Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des Mondes] L'eau supérieure, pressant l'inférieure, lui imprime de la vitesse à raison de sa hauteur. [Fontenelle, Guglielmini.] La gravitation qui imprime le mouvement à tous les corps vers un centre. [Voltaire, Eléments de la philosophie de Newton mis à la portée de tout le monde] Nous sommes emportés dans le mouvement général imprimé par le maître de la nature. [Voltaire, Correspondance] Ne vaut-il pas mieux que le jour et la nuit soient l'effet du mouvement imprimé aux astres par le maître des astres, que s'ils étaient produits par six chevaux ? [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Une forte puissance imprime à la mer un mouvement périodique et réglé. [Buffon, Théorie de la terre] Était-il plus difficile à Dieu de donner le mouvement aux planètes, que de l'imprimer à une comète pour le leur communiquer ? [Turgot, Lett. à Buffon, octobre 1748] Il faut imprimer un grand mouvement à la circulation. [Montesquiou, Rapport, 27 août 1790, p. 13] Tout m'obéit encore, et tout marche animé D'un mouvement commun par mon ordre imprimé. [Delavigne, Les vêpres siciliennes] Malgré l'autorité de l'Académie et des exemples ci-dessus rapportés, la locution imprimer un mouvement n'appartient pas à un style correct et exact ; elle contient une métaphore fautive et incohérente. Imprimer, c'est, d'abord et proprement, presser sur, puis faire une empreinte, faire une impression (voy. les dictionnaires latins) ; or rien de cela ne s'applique au mouvement. Quant au premier sens, qui est presser sur, on dit que le mouvement résulte, entre autres, d'une pression, et qu'imprimer le mouvement, c'est donner le mouvement au moyen d'une pression ; mais cette explication ne justifie pas la locution, qui, prise en ce sens, ne dit pas : presser sur l'objet, mais qui dit : presser sur le mouvement, ce qui est inacceptable ; l'objet est pressé, et le mouvement en résulte, mais le mouvement n'est pas pressé ; et, à ce point de vue, on ne peut pas plus dire imprimer le mouvement que échauffer le mouvement, frotter le mouvement, parce qu'on donne le mouvement au moyen de la chaleur ou du frottement. Quant à l'autre point de vue et au second sens, qui est faire empreinte, faire impression, et qui est celui qu'on a eu véritablement dans l'idée, quand on a fait la locution, car c'est le seul qui implique la communication de quelque chose, l'incohérence de la métaphore est palpable, à cause de la ressemblance qu'elle établit entre un mouvement et une impression. La locution dont il s'agit et qui est étrangère au XVIe siècle, paraît être venue en usage vers la fin du XVIIe ; depuis lors elle a été souvent répétée ; mais, en fait de métaphore, l'usage ne peut guère prescrire contre la logique ; et quiconque, en écrivant, sera choqué de ce qu'il y a d'incohérent entre l'action de presser sur ou de faire une empreinte et un mouvement, et est en garde contre ce genre de vice, s'abstiendra de caractériser ainsi la transmission du mouvement, ayant pour cela à sa disposition : donner le mouvement, la vitesse, communiquer le mouvement, la vitesse. Si l'on rejette imprimer le mouvement, on rejettera aussi les emplois figurés, tels que imprimer une direction, imprimer un rapide progrès ; tout cela ne fait qu'aggraver l'incohérence de la métaphore. Bossuet a dit : L'impression du mouvement que Dieu peut donner à la matière, Libre arb. 2 (voir IMPRESSION) ; mais ici ce n'est pas le mouvement qui est pressé, communiqué ; c'est au contraire le mouvement qui presse, communique.

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IMPRIMER. - REM. Aux exemples d'imprimer le mouvement, ajoutez ceux-ci : Il [Satan] a imprimé en nous un mouvement semblable à celui qui le précipite lui-même. [Bossuet, Sermons] Ce ciel que nous appelons premier mobile, est tellement au-dessus de tous les autres cieux qu'il ne laisse pas de leur imprimer son mouvement et son action. [Bourdaloue, 3e dimanche après l'Épiphan. Domin. t. I, p. 128]

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