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langage

nm (lan-ga-j')
  • 1Proprement, emploi de la langue pour l'expression des pensées et des sentiments. Recherches sur l'origine du langage. Le langage est tellement ce qui perfectionne toutes les facultés de l'âme que la perfection de ces facultés répond toujours à celle du langage. [Bonnet, Essai de psychologie]
  • 2Particulièrement, langue propre à une nation. Septime se présente, et, lui tendant la main, Le salue empereur en langage romain. [Corneille, La mort de Pompée] Voyant toute l'Europe apprendre ton langage [de la France]. [Corneille, La toison d'or] Instruit dans les deux lois et dans les deux langages [latin et arabe]. [Voltaire, Tancrède] Notre langue est très irrégulière ; les langages, à mon gré, sont comme les gouvernements : les plus parfaits sont ceux où il y a moins d'arbitraire. [Voltaire, Correspondance] Il serait curieux de compter le nombre de différents langages qui se parlent aujourd'hui dans tout l'univers ; il y en a plus de trois cents dans ce que nous connaissons de l'Amérique, et plus de trois mille dans ce que nous connaissons de notre continent. [Voltaire, Bible expliq. Gen.]

    Langage purin, voir PURIN.

  • 3Il se dit des cris, du chant, etc. dont les animaux se servent pour se faire entendre. Les oiseaux ont une sorte de langage.

    D'après d'anciennes superstitions, manière mystérieuse qu'avaient les animaux pour se faire entendre, et dont l'homme obtenait la connaissance par certains procédés magiques. Pythagore, dans son séjour aux Indes, apprit, comme tout le monde sait, à l'école des gymnosophistes le langage des bêtes et celui des plantes. [Voltaire, Avent. indienne.]

  • 4 Fig. Tout ce qui sert à exprimer des sensations et des idées. Le langage du geste. La pantomime est un langage. En vain de mes regards l'ingénieux langage.... [Corneille, Sertorius] Le langage des yeux n'est pas celui qui persuade le moins ; ce langage est expressif, amoureux, languissant et extrêmement hardi. [Pellisson, Rec. de pièces, dans RICHELET] Vous n'aurez point pour moi de langages secrets. [Racine, Britannicus] Tu pouvais de ses yeux entendre le langage. [Voltaire, Zaïre]

    Moyen de s'exprimer par des signes. On a composé pour les sourds-muets un langage à l'aide de différents mouvements de la main et des doigts.

    Langage des fleurs, voy. FLEUR, nos 1.

  • 5Manière de parler, quant aux intonations. Il avait votre port, vos yeux, votre langage. [Racine, Phèdre]
  • 6Manière de s'exprimer, quant aux mots, à la diction. Langage figuré. Langage obscur, incorrect. Faire des fautes de langage. Cependant jusqu'ici d'un langage nouveau J'ai fait parler le loup et répondre l'agneau. [La Fontaine, Fables] Je vis de bonne soupe et non de beau langage ; Vaugelas n'apprend point à bien faire un potage. [Molière, Les femmes savantes] Jésus-Christ a donné dans l'Évangile cette marque pour reconnaître ceux qui ont la foi, qui est qu'ils parleront un langage nouveau ; et en effet le renouvellement des pensées et des désirs cause celui des discours. [Pascal, Lettres] Le Parnasse parla le langage des halles. [Boileau, L'art poétique] Au contraire cet autre, abject en son langage, Fait parler ses bergers comme on parle au village. [Boileau, ib. II] Plusieurs étrangers se sont imaginé que nous n'avions qu'un langage pour la prose et pour la poésie ; ils se sont bien trompés. [Voltaire, Comment. Corn. rem. Nicomède, III, 2]

    En langage commun, suivant la manière habituelle de s'exprimer. ....Qui, dans Paris, en langage commun, Dorante et le menteur à présent ce n'est qu'un. [Corneille, Le menteur]

  • 7Manière de s'exprimer eu égard au sens, aux intentions. Peux-tu bien me connaître et tenir ce langage ? [Corneille, Nicomède] Sais-je si mal d'amour expliquer le langage ? [Rotrou, Venceslas] Maître Renard par l'odeur alléché Lui tint à peu près ce langage. [La Fontaine, Fables] J'enrage Lorsque j'entends tenir ces sortes de langage. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Étant tous unis dans le dessein de perdre M. Arnauld, ils se sont avisés de s'accorder de ce terme de prochain [pouvoir prochain], que les uns et les autres disaient ensemble, quoiqu'ils l'entendissent diversement, afin de parler un même langage. [Pascal, Les provinciales] Il ne voulut apprendre d'autre langage que celui de l'Écriture : Oui, oui, non, non. [Fléchier, Oraisons funèbres] Chaque passion parle un différent langage. [Boileau, L'art poétique] L'amour est-il muet, ou n'a-t-il qu'un langage ? [Racine, Britannicus] Quittez, seigneur, quittez ce funeste langage. [Racine, Andromaque] Le nom d'amant peut-être offense son courage ; Mais il en a les yeux, s'il n'en a le langage. [Racine, Phèdre] Hé quoi, Nathan ! d'un prêtre est-ce la le langage ? Moi, nourri dans la guerre aux horreurs du carnage.... C'est moi qui prête ici ma voix au malheureux ! [Racine, Athalie] Ho ! voilà le langage de l'avarice, qui croit toujours être prodigue. [Fénelon, Dialogues des morts] Savez-vous bien quel est ce langage que vous tenez à Dieu ? [Massillon, Carême, Resp. hum.] Si le ministre ne parle pas le langage du monde. [Massillon, Carême, Prosp.] Oubliant à jamais le langage d'amour. [Voltaire, Adélaïde du Guesclin]
  • 8Vaines paroles, verbiage. Je ne ressemble point à ces faibles esprits Qui.... En leur fidélité n'ont rien que du langage. [Malherbe, V, 6] Donc, sans plus de langage, Tu veux bien m'en donner quelques baisers pour gage ? [Corneille, Le menteur] Et sur ce beau langage, Pour suivre son chemin, m'a tourné le visage. [Molière, Le dépit amoureux] Mon Dieu, madame, sans langage, Je ne vous parle pas, car vous êtes trop sage. [Molière, L'école des maris] Et, sans plus de langage, Lui jette pour défi son assiette au visage. [Boileau, Satires]
  • 9Dans les beaux-arts, procédés à l'aide desquels l'artiste exécute ses conceptions. Le dessin, le coloris constituent le langage de la peinture ; les intervalles, les accords celui de la musique.

SYNONYME

LANGAGE, LANGUE. Ces deux mots ne diffèrent que par la finale age qui, étant la finale aticus des latins, signifie ce qui opère, ce qui agit. C'est là ce qui fait la nuance des deux mots. La langue est plutôt la collection des moyens d'exprimer la pensée par la parole ; le langage est plutôt l'emploi de ces moyens. C'est la nuance que l'on aperçoit, par exemple, entre la langue française et le langage français. Pour la même raison on dit le langage par signes, le langage des yeux, et non la langue par signes, la langue des yeux. La langue du coeur, ce sont les expressions dont le coeur se sert d'ordinaire ; le langage du coeur, ce sont les émotions que le coeur fait partager.

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