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modérer

vt (mo-dé-ré. La syllabe dé prend l'accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je modère ; excepté au futur et au conditionnel : je modérerai, je modérerais)
  • 1Tenir dans la juste mesure. La générosité n'a pu la modérer [la haine]. [Corneille, Sertorius] Enfin, la jeunesse nous guérit, et le temps modéra notre affliction. [Scarron, Le Roman comique] Jupiter ne tarda guère à modérer son transport. [La Fontaine, Fables] La règle que donne saint Augustin est de modérer l'usage de la communion quand elle tourne en dégoût. [Bossuet, Oraisons funèbres] Laissons aux infidèles ces longues et sensibles douleurs que la religion ne modère pas. [Fléchier, Oraisons funèbres] M. de Vendôme modérera en Italie le feu du roi d'Espagne : mais qui modérera le sien ? [Maintenon, t. II, p. 155, dans POUGENS] Modérez donc, seigneur, cette fureur extrême. [Racine, Andromaque] Modérez des bontés dont l'excès m'embarrasse. [Racine, Phèdre] C'était lui [Ulysse] qui modérait le bouillant courroux d'Achille. [Fénelon, Télémaque] Idoménée modère ses passions. [Fénelon, ib. XXII] On peut modérer son feu ; on ne saurait en acquérir. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]
  • 2Atténuer, rendre moindre, diminuer. Modérer le feu d'un fourneau. Vous allez trop vite, modérez votre marche. Tout cela est rigoureux, il est vrai ; mais de prétendre modérer tout cela, expliquer tout cela par des interprétations favorables à la cupidité de l'homme, c'est se tromper soi-même. [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 92] Périclès prit son parti [d'Anaxagoras] avec tant de chaleur, qu'il fit modérer sa sentence. [Fénelon, Anaxagoras.] Roger avait fait modérer la redevance à 600 besans d'or. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] Si j'avais un conseil à vous donner, ce serait de modérer l'ancien prix établi à Genève. [Voltaire, Correspondance] Mon peuple [l'espagnol] m'aurait abandonné, si j'avais voulu seulement modérer leurs abominables atrocités [des inquisiteurs]. [Voltaire, La princesse de Babylone]
  • 3Se modérer, vpron Se tenir dans une juste mesure. Qui sait se modérer, s'il veut, tout lui succède. [Rotrou, Véritable Saint Genest] Soit qu'il fallût se modérer dans les prospérités ou se soutenir dans les malheurs de la guerre.... [Fléchier, Oraisons funèbres] Modérez-vous de grâce. [Racine, Bajazet] Un grand monarque m'avait mandé que non-seulement Votre Majesté ferait la paix, mais qu'elle la ferait avec modération ; je ne vois pas pourquoi tant se modérer avec ce Moustapha [le sultan] qui ne se modérerait point s'il était vainqueur. [Voltaire, Correspondance]

    Être tenu dans une juste mesure. Ce zèle est trop ardent, souffrez qu'il se modère. [Corneille, Polyeucte] Il y avait sujet d'espérer que, cette première chaleur se modérant un peu par le temps, ils [les réformés] jugeraient plus équitablement de notre doctrine. [Bossuet, Réfut. catéch. Ferry. Préambule.]

  • 4Devenir moins violent, être atténué. Le froid commence à en modérer. La chaleur s'est beaucoup modérée.
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