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mûrir

vi (mu-rir ; au XVIIe siècle, on écrivait et on prononçait meurir, CHIFFLET, Gramm. p. 202)
  • 1Devenir mûr. Les raisins n'ont pas mûri cette année. Il fait naître et mûrir les fruits. [Racine, Athalie] Le ciel nous redonne la paix ; Nos vins et nos moissons mûriront désormais. [Dancourt, Impr. de Surêne, Prol.] J'ignore encore si l'homme aux cinquante-trois ans ne ressemble pas aux nèfles qui ne mûrissent que sur la paille. [Voltaire, Correspondance]

    Fig. Choisissez, autant que vous pourrez, vos amis dans un âge un peu au-dessus du vôtre ; vous en mûrirez plus promptement. [Fénelon, dans Recueil de FEUGÈRE, p. 45] Tout mûrit par le temps et s'accroît par l'usage. [Voltaire, Loi nat. part. 2] Il faut du temps pour que les réputations mûrissent. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] Un pape l'avait prêchée [la croisade] inutilement malgré sa toute-puissance ; il la voulut, sans pouvoir la faire, quoiqu'il fût Grégoire VII ; mais que cette idée fermente et mûrisse, vingt ans plus tard un simple ermite l'exécute. [Villem. Littér. franç. 18e siècle, 2e part. 4e leç.] Qu'avec crainte et docilité Ta parole en mon coeur mûrisse. [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses] Ma harpe fut souvent de larmes arrosée, Mais les pleurs sont pour nous la céleste rosée ; Sous un ciel toujours pur le coeur ne mûrit pas. [Lamartine, Méditations poétiques]

    Fig. Laisser mûrir, donner le temps nécessaire pour qu'une chose vienne à point. Laissez entre mes mains mûrir vos destinées, Et ne hasardez point le fruit de vingt années. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] J'avance cette opinion ; mais, parce qu'elle est nouvelle, je la laisse mûrir, au temps. [Pascal, Les provinciales] Laissons mûrir le dessein de ce voyage de traverse comme une opinion probable dans Pascal. [Sévigné, 23 avr. 1690] Y eut-il jamais homme plus sage et plus prévoyant.... qui laissât mûrir ses entreprises avec tant de patience ? [Fléchier, Oraisons funèbres] Laissez mûrir l'enfance dans les enfants. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

  • 2 vt Rendre mûr. Le soleil mûrit nos moissons.

    Terme rural. Mûrir la terre, en exposer, par un labour profond, les parties inférieures à l'action fertilisante des gaz atmosphériques.

  • 3 Par extension, produire un effet comparé à la maturité d'un fruit. Cet emplâtre mûrira l'abcès. La chaleur mûrit les rhumes.
  • 4 Fig. Donner de la maturité, de la réflexion. Après tout, l'âge peut le mûrir ; tout ce que vous avez daigné faire pour lui peut parler à son coeur. [Voltaire, Correspondance]

    Il se dit dans un sens analogue des choses qu'on amène à point. D'abord le docteur grave qui l'a inventée [une opinion nouvelle en casuistique] l'expose au monde, et la jette comme une semence pour prendre racine ; elle est encore faible en cet état ; mais il faut que le temps la mûrisse peu à peu. [Pascal, Les provinciales] Maintenant que le temps a mûri mes désirs, Que mon âge, amoureux de plus sages plaisirs, Bientôt s'en va frapper à son neuvième lustre.... [Boileau, Epîtres] L'âge mûrira les passions. [Massillon, Carême, F. conf.] La foi qui mûrit de bonne heure la raison. [Massillon, Panégyr. St Benoît.] Vingt ans d'étude et de méditation dans le silence et la retraite ont amassé, mûri et fécondé ses connaissances ; et moi je répands mes idées lorsque à peine elles sont écloses. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants] Ah ! ne vous hâtez pas de mûrir vos pensées ! Jouissez du matin, jouissez du printemps. [Hugo, Odes et ballades]

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