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naïf, ive

adj. (na-ïf, i-v'. Au pluriel, qu'il écrivait naïfz, le XVIe siècle prononçait na-ï, sans f, J. PELLETIER, dans LIVET, la Gramm. franç. p. 148)
  • 1Natif (vieilli en ce sens). Une couleur de roses... avait... Rehaussé de son teint la naïve blancheur. [La Fontaine, Climène, Comédie.]

    En termes de lapidaire, pointe naïve, diamant qui, naturellement et sans taille, offre une forme pyramidale.

  • 2 Fig. Qui retrace simplement la vérité, la nature, sans artifice et sans effort. Faire une description, une peinture, une relation naïve. L'attitude, la pose de cette statue est naïve. Jacques Amyot, plus connu par sa naïve traduction de Plutarque que par cette ambassade. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]
  • 3 Fig. Qui est gracieusement inspiré par le sentiment. Une beauté naïve. Les grâces naïves de l'enfance.... À cet air si naïf croirait-on qu'elle y touche ? [Regnard, Le distrait] La nature naïve anime ses discours. [Voltaire, Zaïre] J'estime ta valeur Et de ton coeur ouvert la naïve candeur. [Voltaire, Les Scythes] Tout ce qui est vrai n'est pas naïf : mais tout ce qui est naïf est vrai, d'une vérité piquante, originale et rare. [Diderot, Pensées sur la peinture] Soit que j'eusse perdu la naïve confiance du premier âge. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants] Dans un long entretien, à sa pitié naïve J'offris tout le tableau des maux que j'ai soufferts. [Ducis, Othello ou le more de Venise] Ciel ! de faibles sanglots ! un cri naïf et tendre ! [Chénier M. J. Oedipe roi, V, 3]
  • 4En parlant des personnes, qui obéit gracieusement à ses sentiments. Une personne franche et naïve Elle [Mme de Bouillon sortant de l'interrogatoire pour l'affaire des poisons] fut reçue de tous ses amis, parents et amies avec adoration ; tant elle était jolie, naïve, naturelle, hardie, et d'un bon air et d'un esprit tranquille. [Sévigné, 31 janv. 1680]
  • 5Qui dit sa pensée sans détour, ingénument. Vous dites donc que Diderot est un bon homme ; je le crois, car il est naïf. [Voltaire, Correspondance]

    En mauvaise part. Qui dit par un excès de simplicité ce qu'il aurait intérêt à cacher. C'est un homme naïf dont on tire tout ce qu'on veut. Vous êtes bien naïf. Il lui dit qu'il était un peu naïf. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    En ce sens, il se dit des choses. Une réponse naïve. Un amour-propre naïf. Une vanité naïve.

  • 6Il se prend encore en mauvaise part et s'applique à ceux qui ne sont pas pénétrants, qui ne comprennent pas ce que tout le monde comprend. Ah ! vous comptiez qu'arrivé au pouvoir, il tiendrait ses promesses ; vous êtes naïf.
  • 7 nm Ce qui est naïf. L'école flamande offre des modèles du naïf en peinture. La cour désabusée Dédaigna de ces vers [burlesques] l'extravagance aisée, distingua le naïf du plat et du bouffon. [Boileau, L'art poétique] Brancas parlait bien et de source, avec un air naturel, souvent un naïf inimitable. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

SYNONYME

NAÏF, NATUREL. Le naturel est opposé au recherché et au forcé ; le naïf est opposé au réfléchi, et appartient au sentiment. En littérature, le naïf est le naturel dans les petites choses.

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8Au naïf, naïvement. Vous les représentez [mes vertus] au naïf. [Racine, Lexique, éd. P. Mesnard.]
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