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nier

vt (ni-é), je niais, nous niions, vous niiez ; que je nie, que nous niions, que vous niiez
  • 1Dire qu'une chose n'est pas vraie ou n'est pas. Il me nia le fait, mais d'une manière qui me le fit croire, parce qu'il me conjura de ne le pas publier. [Retz, Mémoires] Les sadducéens, qui nient la résurrection, le vinrent trouver, et ils lui proposèrent cette question... [Sacy, Bible, Évang. St Marc, XII, 18] Vous étiez aussi avec Jésus de Nazareth ? mais lui le nia, en disant : Je ne le connais point, et je ne sais ce que vous dites. [Sacy, ib. XIV, 67] C'est une maladie naturelle à l'homme de croire qu'il possède la vérité directement ; et de là vient qu'il est toujours disposé à nier tout ce qui lui est incompréhensible. [Pascal, De l'esprit géométrique] Souvenez-vous que nous avons vu nier dans Paris les expériences de Newton sur la lumière, et lui faire des objections plus frivoles. [Voltaire, Pol. et législ. Fragm. hist. Inde. XXVI] Vous laissez les taupes, enterrées sous vos gazons, nier, si elles l'osent, l'existence du soleil. [Voltaire, ib. Instr. pour le Pr. royal, II] Des avantages qui ne puissent être ni disputés ni niés ; or c'est ce qu'on trouve dans la naissance et dans la fortune. [D'alembert, Ess. sur la soc. des g. de lett. Oeuvr. t. III, p. 62, dans POUGENS] Quand on nierait au christianisme ses preuves surnaturelles, il resterait de quoi prouver qu'il est le culte le plus divin et le plus pur. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Absolument. C'est un des abus de ce tribunal [l'inquisition], que, de deux personnes qui sont accusées du même crime, celle qui nie est condamnée à la mort, et celle qui avoue évite le supplice ; ceci est tiré des idées monastiques. [Montesquieu, L'esprit des lois]

    Nier Dieu, prétendre que Dieu n'existe pas. Dieu fait part, au besoin, de sa force infinie ; Qui craint de le nier, dans son âme le nie. [Corneille, Polyeucte] Son désespoir à la mort de ses enfants, porté jusqu'à nier la Providence. [Rollin, Histoire ancienne] Vous craignez qu'en adorant Dieu on ne redevienne bientôt superstitieux et fanatique ; mais n'est-il pas à craindre qu'en le niant on ne s'abandonne aux passions les plus atroces et aux crimes les plus affreux ? [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

  • 2Nier suivi d'un autre verbe, régit de et l'infinitif, lorsque le verbe régi se rapporte au sujet de la phrase. Il nie d'avoir rien touché, pour se mettre dans le rang des créanciers. [Sévigné, 10 nov. 1675] Il a nié d'avoir prétendu deux fois dans le consistoire.... [Rousseau, dans GIRAULT-DUVIVIER]

    Si le verbe régi ne se rapporte pas au sujet de la phrase, on met que et le subjonctif. Si cette vie est le champ fécond dans lequel nous devons semer pour la glorieuse immortalité.... l'on ne peut nier que la longue vie ne soit souhaitable. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    On peut employer la même tournure quand les deux verbes ont le même sujet. Il nie qu'il se soit trouvé dans cette maison.

  • 3Nier un dépôt, une dette, nier qu'on ait une dette à payer, un dépôt à rendre. Doutez-vous de ma probité, monsieur ? vos cent écus ! j'aimerais mieux vous les devoir toute ma vie, que de les nier un seul instant. [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile]
  • 4 En termes d'argumentation, ne pas demeurer d'accord d'une proposition. Nier un principe. Il a accordé la majeure et nié la mineure. Il ne faut point imputer les conséquences à qui les nie. [Bossuet, 3e avert. 2]
  • 5Refuser, ne pas accorder. Et je n'ai pu nier au tourment qui le tue Quelques moments secrets d'une si chère vue. [Molière, Dom Garcie de Navarre, ou Le prince jaloux] Et tâcher par des soins d'une très longue suite D'obtenir ce qu'on nie à leur peu de mérite. [Molière, Le misanthrope] Il demeure libre d'octroyer la demande ou de la nier. [Pascal, Les provinciales]
  • 6Se nier, vpron Être nié. Ce sont là des choses qui se nient facilement.

REMARQUE

1. Nier employé avec une négation est suivi ordinairement de la négative ne : Je ne puis pas nier qu'il n'y ait eu des Pères de l'Église qui ont condamné la comédie ; mais on ne peut pas me nier aussi qu'il n'y en ait eu quelques-uns qui l'ont traitée un peu plus doucement. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Vous ne sauriez nier qu'un homme n'apprenne bien des choses quand il voyage. [Fénelon, Dialogues des morts] Je ne nie pas que je ne sois infiniment flatté.... [Voltaire, Correspondance]

2. On peut aussi supprimer ce ne : Je ne nie pas qu'il ait fait cela. [Dictionnaire de l'Académie Française] Je ne nie pas qu'il ait raison. [Rousseau, dans GIRAULT-DUVIVIER]

3. On met également ne quand le verbe paraît sous une forme interrogative : Peut-on nier qu'il n'ait avancé cette proposition ? Mais ici aussi le ne peut se supprimer : Niez-vous qu'il en soit ainsi ?

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