obéir
- 1Faire ce que veut un autre, faire ce qui est commandé.
Qui ne peut être aimé, se peut faire obéir
. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient]Comme Phorbas avait mal obéi....
[Corneille, Oedipe]Il est meilleur d'obéir à Dieu qu'aux hommes
. [Pascal, Pensées]Il serait bon qu'on obéît aux lois et coutumes, parce qu'elles sont lois.... qu'ainsi il faut seulement suivre les reçues : par ce moyen on ne les quitterait jamais
. [Pascal, ib. VI, 40]Le prince obéit à la décision d'un sage religieux
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Madame la Dauphine, éloignée de toute curiosité et présomption, ne savait que deux choses : obéir et croire
. [Fléchier, Oraisons funèbres]La rime est une esclave et ne doit qu'obéir
. [Boileau, L'art poétique]Et, l'amour seul alors se faisant obéir, Vous m'aimeriez, madame, en me voulant haïr
. [Racine, Andromaque]La gloire d'obéir est tout ce qu'on nous laisse
. [Racine, ib. III, 2]Vous avez entendu ce que je vous demande, Madame : je le veux et je vous le commande, Obéissez
. [Racine, Iphigénie en Aulide]Quoique je les [les femmes d'un sérail] garde pour un autre, le plaisir de me faire obéir me donne une joie secrète
. [Montesquieu, Lettres persanes]Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs, et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n'obéit qu'aux lois ; et c'est par la force des lois qu'il n'obéit pas aux hommes
. [Rousseau, Lettres écrites sur la montagne]Eh ! quel bien, dites-moi, vaut le charme suprême D'obéir à son âme et de plaire à soi-même ?
[Delille, L'imagination] - 2Être sujet d'un prince.
Sans lui j'obéirais où je donne la loi
. [Corneille, Horace]Écoutez la suite de la prophétie : je veux que ces peuples lui obéissent, et qu'ils obéissent encore à son fils, jusqu'à ce que le temps des uns et des autres vienne
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Trézène m'obéit
. [Racine, Phèdre]Ainsi par le destin nos voeux sont traversés, J'obéissais alors, et vous obéissez
. [Id. Brit. III, 8]Plus heureux d'obéir à une nation barbare qu'à un gouvernement corrompu
. [Montesquieu, L'esprit des lois]Pour qu'on vous obéisse, obéissez aux lois
. [Voltaire, Brutus] - 3Il se dit des animaux. Le chien obéit à son maître. Le chat n'obéit pas.
Ces superbes coursiers qu'on voyait autrefois Pleins d'une ardeur si noble obéir à sa voix
. [Racine, Phèdre]Ce cheval obéit bien à l'éperon, à la main, aux aides, il se laisse gouverner, manier aisément.
- 4Faire ce à quoi on est contraint par une certaine nécessité. Obéir à la force. Obéir à la nécessité. Il faut que les passions obéissent à la raison.
S'obéir à soi-même, suivre les conseils qu'on reçoit de sa propre raison.
La volonté commande, et elle-même qui commande ne s'obéit pas ; éternel obstacle à ses désirs propres, elle est toujours aux mains avec ses propres désirs
. [Bossuet, Sermons] - 5 Fig. En parlant des choses inanimées, céder, plier. L'osier obéit. Ce bois obéit sans se rompre.
Tel qu'un ruisseau docile Obéit à la main qui détourne son cours
. [Racine, Esther]Cette pierre n'est point schisteuse ; elle obéit très bien au ciseau
. [Saussure, Voir Alpes, t. V, p. 154, dans POUGENS]Il se dit aussi des choses qui cèdent aux lois, aux forces naturelles. Les corps obéissent à la gravitation.
C'est ainsi qu'obéissant aux deux forces combinées, ce corps descendra comme il est monté, c'est-à-dire de diagonale en diagonale, jusqu'au point le plus bas
. [Condillac, Art de rais. III, 1]Ce levier obéissant à des contre-poids suspendus extérieurement au bras opposé
. [Girard, Instit. Mém. scienc. t. VII, p. 423]Terme de marine. Obéir à la barre, au gouvernail, céder à l'effort que fait le gouvernail pour changer la direction de la route.
- 6Se dit, à plusieurs jeux de cartes, de l'action de celui qui fournit la couleur demandée.
- 7Obéir est un verbe neutre dont, par exception, le participe passé se prend au sens passif.
À quoi la force doit-elle servir qu'à défendre la raison ? et pourquoi commandent les hommes si ce n'est pour faire que Dieu soit obéi ?
[Bossuet, Oraisons funèbres]Il y a des hommes qui doivent être obéis par d'autres hommes et servis par d'autres hommes
. [Bourdaloue, Purif. de la Vierge, Myst. t. II, p. 236]Il est dangereux de l'habituer [Louis XV enfant] à obéir aveuglément : car ou il serait gouverné, ou il voudrait être obéi de même
. [Maintenon, Lettres]Quand vous commanderez, vous serez obéi
. [Racine, Iphigénie en Aulide]Lorsque vous aviez cette passion furieuse, votre volonté n'était plus obéie par vos sens
. [Voltaire, Métaph. 7]La nature a fait les enfants pour être aimés et secourus ; mais les a-t-elle faits pour être obéis et craints ?
[Rousseau, Émile, ou De l'éducation]
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