oser
- 1Tenter avec audace.
Osez ce qu'ont osé tant d'autres conquérants
. [Rotrou, Antigone]Sachant ce que je puis, ayant vu ce que j'ose, Croit-il que m'offenser ce soit si peu de chose ?
[Corneille, Médée]Il connaissait, dans le parti, de ces fiers courages dont l'esprit extrême ose tout
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Pourquoi faut-il, ingrat.... Que vous n'osiez pour moi ce que j'osais pour vous ?
[Racine, Bajazet]Dans ces moments d'étonnement qui suivent une action inopinée, il est facile de faire tout ce qu'on peut oser
. [Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence]On sait ce que je puis, on verra ce que j'ose
. [Voltaire, La mort de César]Rameau est d'autant plus digne d'estime, qu'il a osé tout ce qu'il a pu, et non tout ce qu'il aurait voulu oser
. [D'alembert, Lib. de la mus. Oeuv. t. III, p. 342, dans POUGENS]Absolument.
S'il [le peuple] eût puni Sylla, César eût moins osé
. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]Peut-être avec le temps j'oserai davantage
. [Racine, Bajazet]Il faut oser en tout genre, mais la difficulté est d'oser avec sagesse, c'est concilier une contradiction
. [Fontenelle, Chazelles.]Il faut savoir oser ; la philosophie mérite bien qu'on ait du courage
. [Voltaire, Correspondance]Si j'écrivais un traité de politique, je traiterais à fond de l'art d'oser, non moins nécessaire pour faire réussir les entreprises civiles que les opérations militaires
. [Mirabeau, Fragments (dans les Mémoires publiés par M. Lucas Montigny, t. VII, p. 215).]Négativement et absolument. Je n'ose. On n'oserait.
Par forme de défi, de menace. Vous n'oseriez.
- 2Avec un verbe à l'infinitif, avoir l'audace ou le courage de.
Vous l'osâtes bannir, vous n'osez l'éviter
. [Racine, Phèdre]Moi, que j'ose opprimer et noircir l'innocence !
[Racine, ib. III, 3]Il est beau d'oser s'exposer à l'indignation du prince plutôt que de manquer à ses devoirs
. [Massillon, dans GIRAULT-DUVIVIER]Qui suis-je pour oser murmurer de mon sort ?
[Racine L. la Grâce, IV]Tu sais trop bien.... que je n'ose pas oser
. [Beaumarchais, Le mariage de Figaro, ou La folle journée] - 3Se permettre de.
Si nous osions demander au grand prince qui lui rend les derniers devoirs, quelle mère il a perdue, il répondrait par ses sanglots
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Si d'autres osaient le louer, il repoussait leurs louanges
. [Bossuet, Oraisons funèbres]La reine savait combien la médisance se donne d'empire quand elle a osé seulement paraître en présence des princes
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Oses-tu donc parler sans l'ordre de ton roi ?
[Racine, Esther]J'ose dire que M. Macquer et M. de Morveau sont les premiers de nos chimistes qui aient commencé à parler français
. [Buffon, Hist. min. Introd. t. VI, p. 105]Si j'ose le dire, si j'ose m'exprimer ainsi, formule dont on se sert pour adoucir la force ou la hardiesse d'une expression, d'une idée.
Si j'ose expliquer ma pensée
. [Racine, Britannicus]Son antagoniste se trouve, si j'ose dire, enchaîné par un collier de perles, que Socrate lui a passé autour de l'entendement
. [Bernardin de Saint-pierre, Mort de Socrate.] - 4Avec la négation, s'abstenir par circonspection.
Mille soupçons qui laissent entrevoir ce qu'on n'oserait dire
. [Massillon, Carême, Médisance.]Il n'osait plus parler à la reine avec cette douce liberté qui avait eu tant de charmes pour tous deux
. [Voltaire, Zadig, ou La destinée]
REMARQUE
Dans le sens absolu, ou quand oser est suivi d'un infinitif, on supprime souvent pas dans les constructions négatives : je n'ose ; je n'oserai vous le dire ; je n'osais le faire. Tircis, je n'ose Écouter ton chalumeau, Chanson génevoise citée par J. J. Rousseau dans ses Confessions, I.
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