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pudeur

nf (pu-deur)
  • 1Honte honnête causée par l'appréhension de ce qui peut blesser la décence. Pudeur, dont on ne s'est servi que depuis M. Desportes, qui en a usé le premier, à ce que j'ai entendu dire. [Vaugelas, Remarques sur la langue française] Elle tombe, et, tombant, range ses vêtements ; Dernier trait de pudeur même aux derniers moments. [La Fontaine, Filles de Minée.] La nature a mis en nous la pudeur, c'est-à-dire la honte de nos imperfections. [Montesquieu, L'esprit des lois] Mais je vois la pudeur s'avancer sur sa trace ; Ah ! qui peut séparer la pudeur de la grâce ? [Delille, L'imagination] Et la pudeur enfin est la grâce de l'âme. [Delille, ib.]

    Fig. Tous mes écrits, enfants d'une chaste candeur, N'ont jamais fait rougir le front de la pudeur. [Gilbert, Mon apologie]

  • 2Honte honnête causée par l'appréhension de ce qui peut blesser la modestie, l'honnêteté. La femme sainte et pleine de pudeur est une grâce qui passe toute grâce. [Sacy, Bible, Ecclésiastique, XXVI, 19] La vraie chasteté de l'âme, la vraie pudeur chrétienne est de rougir du péché. [Bossuet, Oraisons funèbres] Je veux dans la satire un esprit de candeur, Et fuis un effronté qui prêche la pudeur. [Boileau, L'art poétique] Une noble pudeur à tout ce que vous faites Donne un prix que n'ont point ni la pourpre ni l'or. [Racine, Esther] Quelle aimable pudeur sur leur visage est peinte ! [Racine, ib. I, 2] Les hommes corrompus n'ont aucune pudeur, et ils sont toujours prêts à toutes sortes de bassesses. [Fénelon, Télémaque] Ainsi que l'honneur, La générosité, madame, a sa pudeur. [Dufrény, Réconc. norm. IV, 4]

    Homme sans pudeur, homme qui ne rougit de rien.

  • 3Chasteté, en parlant d'une femme. Mais la pudeur peut tout sur l'esprit d'une fille. [Corneille, Théodore et Héraclius] Vous qu'il prit à témoins d'une immortelle ardeur, Quand, par un faux serment, il vainquit ma pudeur. [Corneille, Médée] De l'austère pudeur les bornes sont passées. [Racine, Phèdre]
  • 4Sorte de discrétion, de retenue, de modestie qui empêche de dire, d'entendre ou de faire certaines choses sans embarras. Il [l'ami] cherche vos besoins au fond de votre coeur ; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir vous-même. [La Fontaine, Fables] Vous.... Qui ne pûtes jamais écouter sans pudeur La louange la plus permise. [La Fontaine, ib. X, 15] Si toujours dans leur âme [des ministres protestants] une pudeur rebelle, Près d'embrasser l'Église, au prêche les rappelle. [Boileau, Epîtres] .... Votre fils me défend de poursuivre ; Je l'affligerais trop si j'osais achever ; J'imite sa pudeur et fuis votre présence. [Racine, Phèdre] Moi-même, je l'avoue avec quelque pudeur.... Ce nom de roi des rois et de chef de la Grèce Chatouillait de mon coeur l'orgueilleuse faiblesse. [Racine, Iphigénie en Aulide] Il n'accepte la place qu'en faisant bien sentir la noble pudeur qu'il avait de succéder à un des premiers géomètres de l'Europe, lui qui ne s'était nullement tourné de ce côté là. [Fontenelle, Dangeau.]

    La pudeur des lois, le respect que les lois inspirent. L'autorité établie pour maintenir l'ordre et la pudeur des lois, méritée par les excès qui les violent [remise entre les mains de ceux qui les violent en récompense de leurs excès]. [Massillon, Petit carême]

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