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ravir

vt (ra-vir)
  • 1Enlever de force, par violence. Ravir le bien d'autrui. Notre Seigneur a dit que.... le royaume de Dieu souffre violence, et que les violents le ravissent. [Pascal, Lettres] À quoi bon ravir l'or au sein du nouveau monde ? [Boileau, Epîtres] Pâris le Troyen, retournant chez lui avec Hélène qu'il avait ravie. [Rollin, Histoire ancienne] Ce sont des gens qui ravissent le ciel plutôt qu'ils ne l'obtiennent. [Montesquieu, Lettres persanes]

    Fig. Et ces ailes de feu qui ravissent une âme Au céleste séjour. [Rousseau J.-b. Odes et poésies diverses]

  • 2 Fig. Ôter, priver de. Il n'a pas tenu à toi que tu ne m'aies ravi cette gloire. [Vaugelas, Q. C VIII S.] Et dans un si beau temps jamais l'air en fureur A-t-il si tôt ravi l'espoir du laboureur ? [Rotrou, Bélisaire] Défendez-vous par la grandeur ; Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse ; La mort ravit tout sans pudeur. [La Fontaine, Fables] Ni les affaires ni les compagnies n'étaient capables de lui ravir le temps qu'elle destinait aux choses divines. [Bossuet, Oraisons funèbres] La mort a plus de prise sur une princesse qui a tant à perdre ; que d'années elle va ravir à cette jeunesse ! [Bossuet, Oraisons funèbres] Heureux si j'avais pu ravir à la mémoire Cette indigne moitié d'une si belle histoire ! [Racine, Phèdre] Jérusalem, objet de ma douleur, Quelle main en un jour t'a ravi tous tes charmes ! [Racine, Athalie] César nous a ravi jusques à nos vertus. [Voltaire, La mort de César]

    Se ravir, ravir à soi-même. Ô mon fils, cher espoir que je me suis ravi ! [Racine, Phèdre]

  • 3Il se dit de la destinée, de la volonté divine qui prive de la vie. Princesse, le digne lien des deux plus grands rois du monde, pourquoi leur avez-vous été sitôt ravie ? [Bossuet, Oraisons funèbres] Ô Seigneur, nous ravissez-vous Henriette par un effet du même jugement qui abrégea les jours de la reine Marie ? [Bossuet, ib.] La Parque, ravissant ou son fils ou sa fille, A-, t-elle moissonné l'espoir de sa famille ? [Boileau, Satires] Ô dieux ! pourquoi me le ravir avant que j'aie pu le forcer de m'aimer ? [Fénelon, Télémaque] Il [Baratier, un enfant célèbre] n'avait que dix-neuf ans lorsqu'il fut ravi au monde. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]
  • 4 Fig. Charmer, faire éprouver un transport d'admiration, de joie. Toutes vos actions me ravissent. [Voiture, Lettres] Vous me ravissez d'aimer les Essais de morale [de Nicole]. [Sévigné, 12 janv. 1676] Cette face autrefois si majestueuse [de Jésus], qui ravissait en admiration le ciel et la terre. [Bossuet, Sermons] Ils [les grands hommes] pourront bien forcer les respects et ravir l'admiration, comme font les objets extraordinaires. [Bossuet, Oraisons funèbres] Je me souviens qu'il nous ravissait en racontant comme en Catalogne.... [Bossuet, ib.] Que tu sais bien, Racine, à l'aide d'un acteur Émouvoir, étonner, ravir un spectateur ! [Boileau, Epîtres] La jeunesse d'Iole, sur le visage de laquelle les grâces étaient peintes, ravit son coeur [d'Hercule]. [Fénelon, Télémaque]

    Ravir à, entraîner à. Et se laissant ravir à l'amour maternelle. [Corneille, Horace]

    Absolument. Tantôt elle [l'imagination] amuse par des propos riants, d'autres fois elle ravit par la hardiesse de ses saillies. [Condillac, Conn. hum. II, 10]

  • 5À ravir, loc. adv. Admirablement bien. Sans doute mon portrait Envers mon Isabelle aura fait son effet, J'y suis peint à ravir. [Scarron, Le Jodelet, ou Le maître valet] Vous êtes à ravir, et votre figure est à peindre. [Molière, L'avare] Mlle Clairon, qui déclame des vers à ravir. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Prenez vos ciseaux ; coupent-ils bien ? - à ravir. [Diderot, Mém. Rêve d'Alembert.]
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