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résonner

vi (ré-zo-né)
  • 1Renvoyer le son, retentir. Et sous l'épaisseur des rameaux, Il n'est place où l'ombre soit bonne Qui soir et matin ne résonne Ou de voix, ou de chalumeaux. [Malherbe, III, 3] L'air résonne des cris qu'au ciel chacun envoie. [Corneille, Horace] Le prince aux cris s'abandonna, Et tout son antre en résonna. [La Fontaine, Fables] Il [Hercule] poussait des cris horribles, dont le mont Oeta résonnait. [Fénelon, Télémaque] Un nombre infini d'oiseaux faisaient résonner ces bocages de leurs doux chants. [Fénelon, ib. XIX.]

    Fig. Tout résonne du bruit de ses exploits, on en parle partout. Où penses-tu choisir un lieu pour son supplice ? Sera-ce entre ces murs que mille et mille voix Font résonner encor du bruit de ses exploits ? [Corneille, Horace]

  • 2Se dit d'un son qui se prolonge. La voix d'Énée encor résonne à son oreille. [Delille, Énéide]
  • 3Rendre un grand son, beaucoup de son. Une voix, une cloche, une guitare qui résonne bien. Le malheureux lion se déchire lui-même, Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs. [La Fontaine, Fables] On voyait s'élever des fournaises ardentes.... le marteau résonnait sur l'enclume qui gémissait sous les coups redoublés. [Fénelon, Télémaque]

    Fig. Ce n'est plus contre les réformateurs que je veux écrire ; ce ne sera plus le mot d'hérétique que je ferai résonner dans mes écrits et dans mes sermons ; je veux poursuivre les philosophes, les encyclopédistes. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard] Jurons.... Que pour l'ennemi de la France Nos voix ne résonneront pas. [Béranger, Ma dernière chans.]

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 4Activement et poétiquement. Mes vers brûlants d'amour ne résonnent que plaintes. [Régnier, Élégies] Pour chanter les exploits des héros qu'il admire, Le faible Anacréon en vain monte sa lyre ; Les cordes sous ses doigts ne résonnent qu'amour. [Racine L. Ép. à Valincour] Il n'est pas dans mon coeur Une fibre qui n'ait résonné sa douleur. [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses]

REMARQUE

Au XVIIe siècle, on commençait à confondre résonner avec raisonner, et à prononcer rè-zo-ner, au lieu de ré-zo-ner : " Un nombre de gens font cette faute : Nous avons été dans un régal ; il y avait des violons qui ne raisonnaient point, comme si un bois creux avait de la raison pour pouvoir raisonner, il n'y a rien de plus ridicule que de parler si improprement, " MARG. BUFFET, 1668, Observ. p. 187. On confond aujourd'hui ces deux verbes à tel point que des locutions proverbiales sont fondées sur cette confusion : on dit d'un homme dont les idées ne sont pas bien nettes, qu'il a le cerveau fêlé, le timbre fêlé. Pourquoi cela ? Parce qu'il raisonne mal. Or un timbre fêlé ne raisonne pas du tout, mais résonne mal. On abuse donc ici de la paronymie. C'est par la même raison qu'on dit raisonner comme une pantoufle, parce qu'une pantoufle ne résonne pas. Ces confusions sont fâcheuses dans toute langue, particulièrement dans une langue exacte et claire comme le français (JULLIEN, I, p. 123).

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