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serrer

vt (sê-ré)
  • 1Étreindre, presser. Serrer un noeud. Ouf ! vous me serrez trop. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Ce qu'on sent, ce qu'on touche, c'est ce qui échappe continuellement des mains qui le serrent ; plus on serre les choses glissantes, plus elles échappent. [Bossuet, Méditations sur l'Évangile] Matta lui serra la main [à sa maîtresse]. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Cresphonte en expirant me serra dans ses bras. [Voltaire, La méroppe française] On ne serre point ses membres délicats [de l'enfant] avec des liens qui en suspendraient les mouvements. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis] Paul, les yeux enflammés de colère, criait, serrait les poings, frappait du pied, ne sachant à qui s'en prendre. [Bernardin de Saint-pierre, Paul et Virginie]

    Absolument. Et votre don de l'assemblée ? madame, il est accordé à huit cent mille francs ; voilà qui est fort bien ; notre pressoir est bon, il n'y a qu'à serrer. [Sévigné, 331] Ces animaux mordent quand on s'y expose, sans cependant serrer beaucoup. [Buffon, Quadrupèdes]

    Serrer le cou, étrangler. Et qu'un heureux sultan, dans le sein du loisir, Ait le droit de serrer le cou de son vizir. [Voltaire, Poèmes et épîtres]

    Autrefois, serrer les pouces à un accusé, le soumettre à une torture où les pouces étaient violemment serrés pour le forcer à faire des aveux.

    Fig. Serrer les pouces à quelqu'un, exercer sur lui une contrainte morale, lui faire avouer ce qu'il veut taire.

    Fig. et familièrement. Serrer le bouton à quelqu'un, le presser vivement sur quelque chose. À Valère de près j'ai serré le bouton. [Regnard, Le joueur]

    Fig. Serrer la bourse, rendre économe, empêcher de dépenser de l'argent. M. de Montmartel me mande que c'est une opération de finance fort difficile [le commentaire sur Corneille, pour Mlle Corneille].... voilà ce que c'est que d'être battu dans les quatre parties du monde ; cela serre les coeurs et les bourses. [Voltaire, Correspondance]

    Fig. Serrer les noeuds de l'amitié, rendre l'amitié plus intime entre deux personnes. Dès nos plus jeunes ans.... L'amour serra les noeuds par le sang commencés. [Racine, Bajazet] M. de Beauvilliers tenait au Dauphin [duc de Bourgogne] par tous les liens les plus forts qui peuvent former et serrer les unions les plus étroites. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Dans le langage poétique, serrer les noeuds de l'hymen, épouser. Si le don de ma main peut contenter vos voeux, Je pourrai me résoudre à serrer de tels noeuds. [Molière, Le misanthrope]

    Fig. Serrer le coeur, causer une vive douleur. Il me serre toujours le coeur, quand il me demande si je ne sais point de nouvelles. [Sévigné, 401] Je sens une main qui me serre le coeur. [Sévigné, 25 mai 1680] Le monde est rempli de misères qui serrent le coeur. [Vauvenargues. la Simplicité.]

    Que la fièvre le serre, se dit par imprécation d'un homme de qui on a à se plaindre. Que la fièvre te serre, chien de vilain, à tous les diables ! [Molière, L'avare] Que la fièvre quartaine puisse serrer bien fort le bourreau de tailleur. [Molière, Le bourgeois gentilhomme]

  • 2Joindre près à près, mettre près à près. Vous nous avez trop serrés.

    Serrer les dents, presser les deux mâchoires l'une contre l'autre.

    Familièrement, en parlant des animaux, serrer la queue, mettre la queue entre les jambes, ce qui est un signe de peur, de désappointement. Il lui fallut à jeun retourner au logis.... Serrant la queue et portant bas l'oreille. [La Fontaine, Fables]

    Serrer son écriture, rapprocher les lettres ou les lignes les unes des autres. Votre écriture est trop lâche, serrez-la davantage.

  • 3 Terme d'art militaire. Serrer les rangs, les rapprocher. Serrez vos rangs : marche.

    Fig. Mon Dieu ! que vous me dites bien sur la mort de M. de la Rochefoucauld et de tous les autres : on serre les files, il n'y paraît plus. [Sévigné, à Mme de Grignan, 5 juin 1680] On avait serré les rangs, et la génération des enfants croissait pour remplacer celle des pères. [Staël, Corinne, ou l'Italie]

    Absolument. Serrez, serrez les rangs. Celui qui a dit qu'à la cour comme à l'armée, quand on voit tomber à droite et à gauche, on crie : serre, et on avance, n'a eu que trop raison. [Voltaire, Correspondance]

    Serrez, se dit aussi à des troupes qui marchent et qu'on veut faire avancer plus diligemment

    Serrer sur, marcher à la suite d'une troupe en s'en tenant fort près. Ce n'est que vers trois heures qu'il [le 4e corps] a commencé à marcher ; il a constamment serré sur le 3e corps. [Le Général Gérard, Quelques documents.]

    Serrer sur, se dit aussi avec le même sens en terme de marine. Chaque vaisseau doit serrer sur son matelot d'avant, pour empêcher l'ennemi de couper la ligne.

  • 4Terme du jeu de trictrac. Serrer son jeu, ne pas l'étendre, couvrir autant qu'on le peut toutes ses dames.

    Serrer trop son jeu, s'ôter à soi-même ses meilleures chances, pour ne laisser aucune dame à battre.

  • 5 Terme d'escrime. Serrer la mesure, serrer la botte, presser vivement son adversaire.

    Fig. Serrer la mesure, serrer la botte, presser son adversaire dans la dispute.

  • 6 Terme d'équitation. Serrer l'éperon à un cheval, lui donner de l'éperon.

    Serrer la volte, s'approcher du centre de la volte.

    Serrer la demi-volte, faire revenir le cheval avec justesse sur le terrain où il commence la demi-volte.

    Serrer la botte, serrer les jambes pour presser un cheval d'avancer.

  • 7Rendre étroit. Les deux mers, venant à serrer la terre des deux côtés, font une langue. [Vaugelas, Q. C. III, 1]
  • 8Serrer une place, la gêner, en couper les communications. La dernière sortie n'a pas été faite du côté où est la redoute, mais d'un autre côté qui serrait la ville de plus près. [Pellisson, Lettres historiques] Tes ennemis [de toi, Jérusalem] t'environneront de tranchées, et t'enfermeront, et te serreront de toutes parts. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Mahomet II commença par serrer la ville [Constantinople] du côté de l'Europe et du côté de l'Asie. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] Il [Dion] serrait la citadelle de si près, que la garnison, faute de vivres, n'observait plus aucune discipline. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis] Chargé de m'emparer d'une hauteur voisine, Qui voit le camp romain, le serre et le domine. [Saurin, Spartac. IV, 1]

    Serrer de près une ville, en presser le siége.

  • 9Pousser, presser. Notre armée est retournée au camp de Bischen, qui était celui où M. de Turenne était si bien fortifié, et dont il était sorti pour serrer les ennemis contre la montagne et les combattre. [Pellisson, Lettres historiques] Le marquis de la Fare, capitaine des gardes du régent, se présente entre la porte et le maréchal [Villeroy], l'arrête, lui demande son épée ; Leblanc lui remit l'ordre du roi ; et, dans le même instant, le comte d'Artagnan, commandant des mousquetaires gris, le serre du côté opposé à la Fare. [Duclos, Oeuvr. t. VI, p. 147] Son second cri [du goëland] qu'il ne jetait que quand on le poursuivait ou qu'on le serrait de près, ce qui par conséquent était une expression de crainte ou de colère. [Buffon, Oiseaux]

    Serrer de près une femme, lui faire une cour assidue. Serrait de près sa servante aux yeux doux. [Boileau, Épigr. III]

  • 10 Fig. Être pressant dans une discussion. Voici un témoignage pour les protestants qui les serrera de plus près ; ce sera celui de Bucer. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Le maraud m'embarrassait ! en disputant il prend son avantage, il vous serre, vous enveloppe. [Beaumarchais, Le mariage de Figaro, ou La folle journée]
  • 11Passer très près de.... Serrer la muraille. Et s'écrie écumant de rage : Serre, serre donc le rivage. [Scarron, Virgile travesti] Le courant nous portait malgré nous de ce côté, et nous obligeait de serrer la rive. [Chateaubriand, Voyage en Amérique]

    Terme de marine. Serrer la terre, s'approcher de la terre. Nous avons serré la terre de Feu d'assez près pour apercevoir, avec nos lunettes, des sauvages qui attisaient de grands feux, seule manière qu'ils avaient d'exprimer leurs désirs de voir relâcher les vaisseaux. [La Pérouse, Voir t. II, p. 50, dans POUGENS]

    Serrer le vent, s'approcher beaucoup de la direction du vent. Je crus devoir attendre une circonstance plus favorable, et serrer le vent qui battait en côte. [La Pérouse, ib. t. II, p. 137]

    Serrer de la voile, gouverner aussi près du vent que possible.

    Serrer un bâtiment, s'en approcher.

    Serrer la ligne, tenir très près les uns des autres les vaisseaux qui forment une ligne de combat.

  • 12 Fig. Serrer son style, en retrancher tout ce qui est inutile, écrire avec concision.

    Serrer un sujet, le traiter sans digression.

    Serrez, serrez, réduisez votre évaluation qui est trop forte, rabattez-en. On parla beaucoup de Thèbes aux cent portes et du million de soldats qui sortait par ces portes.... Serrez, serrez, disait M. André ; je soupçonne, depuis que je me suis mis à lire, que le même génie qui a écrit Gargantua écrivait autrefois toutes les histoires. [Voltaire, L'homme aux quarante écus]

  • 13Mettre une chose en un lieu où elle ne court aucun risque. Serrer des hardes. Serrer sa bourse, son argent. Serrer quelque chose sous la clef Laurent, serrez ma haire avec ma discipline. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

    Serrer les foins, les blés, les mettre à couvert dans le grenier, dans la grange.

  • 14 Terme de marine. Serrer une voile, la plier et l'attacher avec des cordelettes.
  • 15Se serrer, vpron Exercer sur soi-même une étreinte, une constriction. Se serrer avec une ceinture.

    Absolument. Se serrer, porter un corset trop étroit, des vêtements trop étroits. Cette jeune fille s'abîme la santé à force de se serrer.

  • 16Se joindre près à près, se mettre près à près. Se serrer les uns contre les autres. Serrez-vous contre moi. [Mairet, Soliman] Labérius [après avoir joué dans les mimes par l'ordre de César] alla pour prendre sa place parmi les chevaliers, qui se serrèrent de telle sorte qu'il n'en trouva point. [Rollin, Histoire ancienne] Et d'un cri de menace, Défiant les Romains, qui se serrent, font face. [Saurin, Spartacus, I, 4] Les rangs éclaircis par la mort, par la fuite, se sont serrés et restent fermes. [Charras, Waterloo, 12]

    Se serrer contre le mur, se mettre tout contre.

  • 17Se serrer, se dit de l'action du cheval qui s'étrécit, ne s'étend pas assez d'une main à l'autre, et ne prend pas assez de terrain.
  • 18Devenir serré, clos. Cette bourse se serre avec des cordons.

    Fig. Le coeur se serre, on est saisi d'affliction.

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SERRER. - HIST.

XIIIe s. Ajoutez : Le [la] maison Jehan de Lens.... qui siet en vies markiet, serant de le maison Gerart [touchant à la maison de Gerart]. Charte du Vermandois, dans Bibl. de l'École des ch. 1874, XXXV, p. 451]

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