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torture

nf (tor-tu-r')
  • 1Action de tordre, contorsion. Ce sont apparemment ces bizarres attitudes et ces tortures naturelles qui ont anciennement frappé les yeux de la superstition, quand elle adopta cet oiseau [le torcol] dans les enchantements. [Buffon, Oiseaux]
  • 2Tourment, supplice. La torture, le fer et la flamme t'attend. [Rotrou, Véritable Saint Genest] La Providence nous met quelquefois à la torture, en y employant la pierre, la gravelle, la goutte, le déchirement d'entrailles, les convulsions, et autres exécutions des vengeances de la Providence. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]
  • 3 Particulièrement. Tourment auquel on soumettait un accusé pour en obtenir des révélations ; question. La torture a été abolie en France par Louis XVI en 1780. Quoiqu'il y ait peu d'articles de jurisprudence dans ces honnêtes réflexions alphabétiques, il faut pourtant dire un mot de la torture, autrement nommée question ; c'est une étrange manière de questionner les hommes ; ce ne sont pourtant point de simples curieux qui l'ont inventée. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Il [un conseiller de la Tournelle] se donne le plaisir de l'appliquer [un accusé] à la grande et à la petite torture, en présence d'un chirurgien qui lui tâte le pouls, jusqu'à ce qu'il soit en danger de mort, après quoi or recommence ; et, comme dit très bien la comédie des Plaideurs, cela fait toujours passer une heure ou deux. [Voltaire, ib.] Les Romains n'infligèrent la torture qu'aux esclaves. [Voltaire, ib.] En quoi était-il nécessaire qu'on coupât la main et la langue au chevalier de la Barre, qu'on l'appliquât à la torture ordinaire et extraordinaire, et qu'on le brûlât tout vif ? [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Il est aussi absurde d'infliger la torture pour parvenir à la connaissance d'un crime, qu'il était absurde d'ordonner autrefois le duel pour juger un coupable. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] On prétend qu'en faisant donner la torture aux accusés, il [Louis XI] était caché derrière une jalousie, pour entendre les interrogatoires. [Duclos, Oeuv. t. III, p. 358] On les mettait [les esclaves] à la torture pour la moindre faute ; ils pouvaient être punis de mort sans l'intervention du magistrat. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]
  • 4 Fig. Peine vive, tourment. Mettra-t-on tous les jours mon âme à la torture ? [Rotrou, Venceslas] Ce qui m'est un sujet d'éternelle torture, C'est de voir.... [Molière, Dom Garcie de Navarre, ou Le prince jaloux]
  • 5 Par exagération. Embarras, effort pénible. Tandis que ses discours me donnent la torture. [Régnier, Satires] Et déjà vous croyez dans vos rimes obscures Aux Saumaises futurs préparer des tortures. [Boileau, Satires]

    Mettre quelqu'un à la torture, lui causer un embarras pénible ou une vive impatience.

    On dit dans le même sens : être à la torture.

    Mettre son esprit à la torture, donner la torture à son esprit, se donner la torture, être à la torture, s'occuper de quelque chose avec une grande contention d'esprit. Nicias, qui ignorait la ruse et la tromperie d'Alcibiade, ne pouvait concevoir un changement si étrange, et se donnait la torture pour en chercher la raison. [Rollin, Histoire ancienne] J'ai beau donner la torture à mon esprit, je ne devine point le sujet de plaintes que vous pouvez avoir contre moi. [Lesage, Crispin rival de son maître]

  • 6 Fig. Action de fausser quelque chose. Il est question présentement de la volonté de Dieu et de la vôtre [pour un voyage à Paris], ma fille, ne lui donnez point la torture. [Sévigné, 30 oct. 1676]

    Particulièrement. Violence faite aux textes, aux mots. Ces auteurs ont corrompu tous les sens et donné la torture à tous les passages. [Montesquieu, Lettres persanes] [Ils] Mettaient la langue à la torture, Et triomphaient de n'être pas compris. [Delille, La conversation]

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