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venger

vt (van-gé. Le g prend un e devant a et o : vengeant, vengeons)
  • 1Tirer vengeance, en parlant soit des choses dont on a satisfaction, soit des personnes offensées. C'est un fils qui venge son père, mais c'est sur sa mère qu'il le venge. [Corneille, 2e disc. trag.] Quand la perte est vengée, on n'a plus rien perdu. [Corneille, Horace] J'ai reçu une très aimable lettre du coadjuteur : il se plaint extrêmement de vos railleries ; il me prie de le venger. [Sévigné, 528] Charles II est reconnu, et l'injure des rois a été vengée. [Bossuet, Oraisons funèbres] Dieu.... résolut de venger sur eux le sang de Naboth. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Elle seule [la satire].... à l'aide d'un bon mot Va venger la raison des attentats d'un sot. [Boileau, Satires] J'ai vengé l'univers autant que je l'ai pu. [Racine, Mithridate] Tous ces efforts jaloux Qu'excite une infidèle La vengent mieux de nous Qu'ils ne nous vengent d'elle. [Rousseau J.-b. Cant. 12] La philosophie fait aimer la vertu en faisant détester le fanatisme ; et, si j'ose le dire, elle venge Dieu des insultes que lui fait la superstition. [Voltaire, Correspondance] La statue qu'on lui a dressée [à Erasme] dans la place de Rotterdam sa patrie, l'a vengé de Luther et de l'inquisition. [Voltaire, Mél. litt. Lett. au pr. de***, 6] Tamerlan vengea l'Inde de ce brigand couronné [Mahmoud] ; mais qui la vengea de Tamerlan ? [Voltaire, Pol. et lég. Fragm. Inde, 32]
  • 2Faire réparation à quelque chose qui a été offensé, violé. Pour venger son honneur il perdit son amour. [Corneille, Le Cid] J'ai vengé le droit des rois et de toutes les puissances souveraines ; car elles sont toutes également attaquées. [Bossuet, 5e avert. 49] Seul, d'un honteux affront votre frère blessé A-t-il droit de venger son amour offensé ? [Racine, Iphigénie en Aulide]
  • 3Infliger une punition. Notre Dieu est un, infini, parfait, seul digne de venger les crimes et de couronner la vertu. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Ils [les dieux] ont fait servir Achille à abattre les murs de Troie pour venger le parjure de Laomédon et les injustes amours de Pâris. [Fénelon, Télémaque]
  • 4Être, en parlant de choses, une cause de punition, de vengeance. Les vices des Romains ont vengé l'univers. [Voltaire, Catilina, ou Rome sauvée]
  • 5 Fig. Faire compensation, réparation. Venge cette querelle, et justement sépare Du cygne d'Apollon la corneille barbare. [Régnier, Satires] Le culte peut encore être méprisé en secret par l'impie, mais il est vengé du moins par la majesté de la décence publique. [Massillon, Petit carême] À moins que ce ne soit offenser l'État, que de s'intéresser, quand on est riche, à la personne la plus digne qu'on la secoure et qu'on la venge de ses malheurs. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***] L'éléphant, pour venger sa grossière structure, De la raison sublime obtint quelques rayons. [Delille, Les trois règles de la Nature]
  • 6Se venger, vpron Tirer vengeance. Qui se venge à demi court lui-même à sa peine ; Il faut ou condamner ou couronner sa haine. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Le Seigneur se venge de ses ennemis, et il se met en colère contre ceux qui le haïssent. [Sacy, Bible, Nahum, I, 2] Le vainqueur [le roi de Suède] se venge sur le Danois, dont la soudaine invasion l'avait rappelé. [Bossuet, Oraisons funèbres] C'est par faiblesse qu'on hait un ennemi, et que l'on songe à s'en venger, et c'est par paresse que l'on s'apaise et qu'on ne se venge point. [La Bruyère, IV] Pour savoir se venger il faut savoir souffrir. [Voltaire, La méroppe française] De grâce, ne me citez point M. de Fontenelle ; il n'a jamais été attaqué comme moi, et il s'est assez bien vengé de Rousseau [Jean-Baptiste], en sollicitant plus que personne contre lui. [La Bruyère, Lett. d'Argental, 6 févr. 1739] Une femme résista-t-elle jamais à la douceur de se venger ? [Riccoboni, Oeuv. t. VI, p. 78, dans POUGENS]

    Se venger à, avec un infinitif, se venger en faisant ce dont il s'agit. Je me vengeais à en médire [de la cour], comme Montaigne de la jeunesse. [Sévigné, 31 mai 1680] J'ai un crayon, et je me venge à marquer [en lisant l'Arianisme du P. Maimbourg] des traits de jésuite qui sont trop plaisants. [Sévigné, 28 juill. 1680]

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VENGER. - ÉTYM. Ajoutez : L'orthographe vendicare se trouve dans un texte de l'an 670 (PARDESSUS, CCCLXI, 61).

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