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évanouir (s')

vpron (é-va-nou-ir)
  • 1Disparaître sans laisser de traces. Là périssent et s'évanouissent toutes les idoles, et celles qu'on adorait sur des autels, et celles que chacun servait dans son coeur. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Dans les pays de commerce, l'argent qui s'est tout à fait évanoui revient, parce que les États qui l'ont reçu le doivent. [Montesquieu, L'esprit des lois] Le lendemain on cherchait les pieux voyageurs, mais ils s'étaient évanouis comme ces saintes apparitions qui visitent quelquefois l'homme de bien dans sa demeure. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Par extension. C'est le dernier éclat d'un feu prêt à s'éteindre, Sur le point d'expirer il tâche d'éblouir, Et ne frappe les yeux que pour s'évanouir. [Corneille, La mort de Pompée] Qui croit les posséder [ces douceurs] les sent s'évanouir. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Et ma haine, qu'en vain tu crois s'évanouir. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Vains fantômes d'État, évanouissez-vous. [Corneille, ib. II, 1] Mais sa haine sur vous autrefois attachée Ou s'est évanouie ou s'est bien relâchée. [Racine, Phèdre] Nos bonnes résolutions s'évanouissaient. [Fénelon, Télémaque] Mais au moindre revers funeste, Le masque tombe, l'homme reste, Et le héros s'évanouit. [Rousseau J.-b. Odes et poésies diverses]

    Avec suppression du pronom personnel, quand certains verbes, voir, sentir, faire, etc. précèdent. À des paroles si consolantes, Don Garcie sentit évanouir toute sa crainte. [Lesage, Le diable boiteux]

    Faire évanouir, dissiper, détruire. Cette nouvelle a fait évanouir toutes nos espérances. On en [des maux] a vu qui ont sapé, par les fondements, de grands empires et qui les ont fait évanouir de dessus la terre. [La Bruyère, X.] Le spectacle de la mort de Virginia, immolée par son père à la pudeur et à la liberté, fit évanouir la puissance des décemvirs. [Montesquieu, L'esprit des lois] La prude loua cette résolution d'un air bien capable de la faire évanouir. [Marmontel, Contes moraux]

    Terme d'algèbre. Faire évanouir une inconnue, la supprimer à l'aide d'une opération dans une équation. Ainsi x+y=a, x-y=b ; en ajoutant ces deux équations, il vient 2x=a+b ; y s'est évanoui.

  • 2Perdre connaissance, tomber en faiblesse. À cette nouvelle elle s'est évanouie.

    Faire évanouir, causer une faiblesse, une perte de connaissance. L'hémorragie l'a fait évanouir.

REMARQUE

On trouve évanouir employé neutralement : Harlay, à ce qu'il a dit depuis à Valincourt, pensa évanouir. [Saint-simon, t. 1, p. 396, édit. CHÉRUEL] C'est un archaïsme aujourd'hui inusité.

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