C'était une cavale indomptable et rebelle, Sans frein d'acier ni rênes d'or |
Iambes. |
cavale |
[Le gamin de Paris] et le long des grands murs, Crayonnant au charbon mille dessins impurs |
Iambes. |
charbon |
Ô Corse à cheveux plats ! que ta France était belle Au grand soleil de messidor ! |
Iambes, l'Idole |
corse |
Oh ! lorsqu'un lourd soleil chauffait les grandes dalles Des ponts et de nos quais déserts, Que les cloches hurlaient, que la grêle des balles Sifflait et pleuvait par les airs |
Iambes, Curée |
dalle [1] |
Et l'émeute paraît, l'émeute au pied rebelle, Poussant avec la main le peuple devant elle ; L'émeute aux mille fronts, aux cris tumultueux, à chaque bond grossit ses rangs impétueux |
Iambes, l'Émeute. |
émeute |
Non, le gain les excite et l'argent les enfièvre |
Iambes, Melpomène, 4 |
enfiévrer |
Puis la mer furieuse et tombée en démence, Et de son lit silencieux Se redressant géante, et de sa tête immense Allant frapper les sombres cieux |
Iambes, popularité. |
géant, ante |
Dante, vieux Gibelin, quand je vois en passant Le plâtre blanc et mat de ce masque puissant Que l'art nous a laissé de ta divine tête |
Iambes, Dante. |
gibelin |
Nous avons tout perdu, tout, jusqu'à ce gros rire, Gonflé de gaîté franche et de bonne satire, Ce rire d'autrefois, ce rire des aïeux, Qui jaillissait du coeur comme un flot de vin vieux |
Iambes, le Rire. |
gonflé, ée |
À ce métier [d'imitateur des anciens] d'ailleurs, si j'ai bonne mémoire, On peut encor parfois grappiller quelque gloire |
Rev. des Deux-Mondes, mai 1865, p. 498 |
grappiller |
Sans craindre le scandale et les cris indiscrets Des gratteurs de papier, des faiseurs de caquets |
Rev. des Deux-Mondes, mai 1865, p. 499 |
gratteur |
[Paris est, après les combats de juillet 1830] Un taudis regorgeant de faquins sans courage, D'effrontés coureurs de salons, Qui vont de porte en porte et d'étage en étage Gueusant quelques bouts de galons |
Iambes, Curée. |
gueuser |
Cet homme était retiré à Auteuil ; le malade a emprunté une maison guinguette que Samuel Bernard a dans ce village |
Journ. hist. du règne de Louis XV, p. 350 |
guinguette [1] |
Or donc je puis braver le regard pudibond ; Mon vers rude et grossier est honnête homme au fond |
ïambes, prol. |
honnête |
Voilà, voilà pourtant l'air fétide, empesté [l'immoralité de certaines pièces de théâtre], L'air malsain que Paris, comme une odeur divine, Vient humer chaque soir de toute sa poitrine ! |
Iambes, Melpomène, 2 |
humer |
Le cynisme des moeurs doit salir la parole, Et la haine du mal enfante l'hyperbole |
Iambes, prologue. |
hyperbole |
L'auteur a compris sous la dénomination générale d'ïambes toute satire d'un sentiment amer et d'un mouvement lyrique ; cependant ce titre n'appartient réellement qu'aux vers satiriques composés à l'instar de ceux d'André Chénier ; le mètre employé par ce grand poëte n'est pas précisément l'ïambe des anciens, mais quelque chose qui en rappelle l'allure franche et rapide : c'est le vers de douze syllabes, suivi d'un vers de huit, avec croisement de rimes ; cette combinaison n'était pas inconnue à la poésie française, l'élégie s'en était souvent servie, mais en forme de stances ; c'est ainsi que Gilbert a exhalé ses dernières plaintes |
ïambes. |
ïambe |
[Un auteur tenté] De découper un peu de sa pourpre divine [d'Horace], Pour faire que la sienne un peu plus s'illumine [imitation du vers d'Horace, Art p. 15 : Purpureus, late qui splendeat, unus et alter Assuitur pannus] |
Rev. des Deux-Mondes, mai 1865, p. 498 |
illuminer |
C'était [lors de la révolution de juillet] sous des haillons que battaient les coeurs d'hommes, C'étaient alors de sales doigts Qui chargeaient les mousquets et renvoyaient la foudre ; C'était la bouche aux vils jurons Qui mâchait la cartouche.... |
Curée. |
juron |
Cet usurpateur effronté [Napoléon 1er] Qui serra sans pitié sous les coussins du trône La gorge de la Liberté |
l'Idole. |
liberté |
J'ai vu pendant trois jours, j'ai vu, plein de colère, Bondir et rebondir le lion populaire |
Iambes, Le lion. |
lion, onne |
Phryné, riche du bien de plus de vingt amants, Et le cou ruisselant d'or et de diamants, S'irrite à tout propos du luxe des lorettes, Et demande un décret qui borne leurs toilettes |
Rev. des Deux-Mondes, mai 1865, p. 499 |
lorette [2] |
C'était [dans les journées de Juillet 1830] la bouche aux vils jurons Qui mâchait la cartouche, et qui, noire de poudre, Criait aux citoyens : mourons ! |
la Curée. |
mâcher |
Ah ! pour celui qui porte un coeur sous la mamelle Ce jour pèse comme un remords |
l'Idole. |
mamelle |
Ô Corse à cheveux plats, que ta France était belle Au grand soleil de messidor ! |
Iambes, l'Idole. |
messidor |
Toute la meute alors, comme une vague immense, Bondit... |
la Curée. |
meute |
Tandis que tout Paris [dans les journées de juillet] se jonchait de merveilles, Ces messieurs tremblaient dans leur peau |
Iambes, Curée. |
monsieur |
Comment ne pas perdre la tête, quand on voit s'oublier un prince d'une illustre maison.... jusqu'à courir avec elles le bal, déguisés, le premier en gille, le second en pantalon, et le troisième en bourgeois gentilhomme, pour nous faire voir qu'ils ne méprisent pas notre moulinage ? |
Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV, t. II, p. 94 |
moulinage |
Car nous sommes des nains à côté de nos pères |
Iambes, Quatre-vingt-treize. |
nain, aine |
C'est cette femme enfin [la Liberté].... qui vient.... D'écraser une armée et de broyer un trône Avec quelques tas de pavés |
la Curée. |
pavé [2] |
Ô Corse à cheveux plats, que ta France était belle Au grand soleil de messidor ! |
Iambes. l'Idole |
plat, ate [1] |
Toujours comme du sable écraser des corps d'hommes, Toujours du sang jusqu'au poitrail |
ïambes, l'Idole. |
poitrail |
Que faisaient-ils [dans les journées de juillet 1830], tandis qu'à travers la mitraille Et sous le sabre détesté La grande populace et la sainte canaille Se ruait à l'immortalité ? |
ïambes, Curée |
populace |
Dans ce jour de tempête [juillet 1830] où le vent populaire Déracina la royauté |
ïambes, la Curée. |
populaire |
Il est beau ce colosse [le peuple] à la mâle carrure, Ce vigoureux porte-haillons, Ce sublime manoeuvre à la veste de bure, Teinte du sang des bataillons |
ïambes, Popularité. |
porte-haillons |
Il [le peuple] n'aime que le bras qui dans les champs humides Par milliers fait pourrir ses os ; Il aime qui lui fait bâtir des pyramides |
l'Idole. |
pyramide |
Oh ! lorsqu'un lourd soleil chauffait les grandes dalles Des ponts et de nos quais déserts |
la Curée. |
quai |
Sombre quatre-vingt-treize, épouvantable année, De lauriers et de sang grande ombre couronnée |
ïambes, Quatre-vingt-treize. |
quatre-vingts |
Ah ! que ce rude et dur guerrier [Napoléon Ier] Nous a coûté de sang et de pleurs et d'outrage Pour quelques rameaux de laurier ! |
l'Idole. |
rameau |
Oh ! n'est-ce pas assez de la pâle vieillesse, De tous les rongements de la vie en faiblesse ?... |
ïambes, l'Amour de la mort. |
rongement |