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abandonner

vt (a-ban-do-né)
  • 1Remettre à la discrétion de.... au soin de..., céder, faire cession. Abandonner son sort à la Providence. J'ai abandonné le soin de mes affaires à un homme intelligent. Abandonner tout au vainqueur. Abandonner le reste au ciel. Abandonner cela à la fortune. Abandonner un ecclésiastique au bras séculier. Vous vous plaignez de cet homme ; je vous l'abandonne : c'est-à-dire pensez-en ce qu'il vous plaira ; faites à son égard ce que vous voudrez. Je vous abandonne ce point, je vous cède là-dessus. Il abandonne ses biens à ses créanciers. Apprends de leurs indices L'auteur de l'attentat, et l'ordre, et les complices ; Je te les abandonne.... [Corneille, Mort de P. IV, 4] Un nombre de mots.... Que mutuellement nous nous abandonnons. [Molière, Les femmes savantes] Porte aux Grecs cet enfant que Pyrrhus m'abandonne. [Racine, Andromaque] Dites au roi, Seigneur, de vous l'abandonner. [Racine, Esther] Au cours de mes destins j'abandonnais ma vie. [Ducis, Othello ou le more de Venise]
  • 2Livrer à Abandonner une ville au pillage. Abandonner à la merci de.... Il abandonna la barque au courant du fleuve. Dieu abandonne souvent les méchants à leur sens réprouvé. Nous savons à quel désespoir Judas fut abandonné de Dieu, et à quelle fin malheureuse il s'abandonna lui-même. [Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 368] On peut dire de certaines matières que l'Église les abandonne à nos vues particulières et à nos raisonnements. [Bourdaloue, ib. t. II, p. 340] J'abandonnai mon âme à des ravissements.... [Corneille, Horace] J'abandonne ce traître à toute ta colère. [Racine, Phèdre] Dieux ! ne puis-je à ma joie abandonner mon âme ? [Racine, Andromaque] J'abandonnai ma vie à des malheurs certains. [Voltaire, Œdipe] Tandis qu'à la frayeur j'abandonnais mon âme. [Voltaire, ib. IV, 1]
  • 3Renoncer à. Abandonner une bâtisse. Abandonner ce qu'on a pris. Abandonner une entreprise, une guerre commencée. Abandonner la lutte. Abandonner le barreau. Abandonner ses travaux. Abandonner une vaine tentative. Abandonner une profession. Abandonner son opinion pour celle d'un autre. J'abandonne le reste, c'est-à-dire je le passe sous silence. Trône, à t'abandonner je ne puis consentir. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] J'avais fait serment d'abandonner plutôt la vie que de me résoudre à perdre cette liberté. [Molière, La princesse d'Élide] La Grèce et la Sicile ont vu des citoyennes Abandonner nos lois pour ces fiers Musulmans. [Voltaire, Tancrède] Que je vois de sujets d'abandonner le jour ! [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Par moi seule éloigné de l'hymen d'Octavie, Le frère de Junie abandonna la vie. [Racine, Britannicus]
  • 4Délaisser, déserter, laisser sans secours, se séparer de.... Abandonner son général, son poste, le parti qu'on avait embrassé. Il abandonna le parti du sénat pour celui du peuple. J'abandonne la cause commune. Philoctète fut abandonné dans l'île de Lemnos. Abandonner un enfant, l'exposer et le laisser à la charité publique. Abandonner sa femme et ses enfants. Les médecins ont abandonné ce malade, c'est-à-dire ils l'ont laissé, ne sachant plus lui être utiles en rien. Avec un nom de chose pour sujet : Son courage l'abandonna. L'appétit, le sommeil l'ont abandonné. Mon esprit, volage et sans arrêt, m'abandonne et se porte partout ailleurs. [Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 13] Abandonnant le corps, n'abandonnez pas l'âme. [Rotrou, Venceslas] Si vous l'abandonnez plus longtemps sans secours.... [Racine, Britannicus] Elle me dédaignait, un autre l'abandonne. [Racine, Andromaque] Tout semble abandonner tes sacrés étendards. [Racine, Esther] Le courage les abandonne. [Fénelon, Télémaque] Comme un malade désespéré qu'on abandonne. [Fénelon, ib. VII]
  • 5Quitter, lâcher. Abandonner l'Italie. Abandonner Paris. Abandonner la ville pour les champs. Abandonner ses armes. N'abandonne pas le gouvernail. Tenez ferme ; n'abandonnez pas cette corde. Abandonner les étriers, les quitter et quelquefois les perdre. Comme il avait un désir extraordinaire de s'instruire et de connaître les moeurs des étrangers, il abandonna sa patrie et tout ce qu'il avait pour voyager. [Fénelon, Philos. Pythag.] Il fallait en fuyant ne pas abandonner Le fer qui dans ses mains sert à te condamner. [Racine, Phèdre]
  • 6Négliger, ne pas cultiver. Il ne faut pas abandonner vos liaisons dans le monde. N'abandonnez pas votre voix. [Sévigné, 3]
  • 7En fauconnerie, abandonner l'oiseau, le lâcher dans la campagne pour l'égayer.

    S'ABANDONNER, v. réfl.

  • 8Se remettre à, se laisser aller à, se livrer à. S'abandonner à la fortune, au vainqueur, au gré de la tempête. S'abandonner au chagrin, à la douleur, à la joie, aux pleurs, à toutes sortes de plaisirs, à la débauche. Il s'abandonne sans réserve au goût de la magnificence. Personne ne s'abandonne à ce point à sa colère. Le tout est de savoir s'abandonner à Dieu en pure foi. [Bossuet, Lett. Corn. 4] Mon âme à tout mon sort s'était abandonnée. [Racine, And. IV, 5] Souffre qu'à mes transports je m'abandonne en proie. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Allons, à tes conseils, Phoenix, je m'abandonne. [Racine, Andromaque] Vous vous abandonniez au crime en criminel. [Racine, Andromaque] Quoi ! tandis que Néron s'abandonne au sommeil.... [Racine, Britannicus] Télémaque s'abandonnait à une douleur amère. [Fénelon, Télémaque] Astarbé s'abandonna à son ressentiment. [Fénelon, ib. III] Il s'abandonna à l'amour des femmes. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Non, non, à trop de paix mon âme s'abandonne. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire] Ce monarque étonné à ses frayeurs déjà s'était abandonné. [Corneille, Nicomède] Je connais Marianne, et sais qu'elle est trop sage Pour s'être abandonnée à tenir ce langage. [Tristan, La Marianne]
  • 9Perdre courage, se manquer à soi-même. Vous êtes perdu si vous vous abandonnez. Il les exhorte à ne pas s'abandonner.
  • 10Se négliger. Il ne faut pas s'abandonner ainsi (se négliger dans le maintien, dans l'habillement), quand on veut plaire.
  • 11Se lancer sans ménagement. Dans l'improvisation, cet orateur s'abandonne. L'épée à la main, il s'abandonna sur son adversaire, au risque de s'enferrer. Plus il s'abandonnait, plus il était terrible. [Voltaire, Tancrède]
  • 12Avoir de l'abandon. Ne vous roidissez pas, abandonnez-vous. Cet acteur ne s'abandonne pas assez.
  • 13En parlant des enfants. Il s'abandonne déjà, il commence à faire quelques pas seul et sans être soutenu.
  • 14En parlant des femmes, se livrer. Elle s'est abandonnée à ceux qu'elle aimait. [Bossuet, Nouv. Cath.] Anne de Boulen eut l'adresse de ne se pas abandonner entièrement et d'irriter la passion du roi. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] Votre amour qui s'abandonne Ne refusa jamais personne. [Régnier, Mac.]
  • 15 Terme d'équitation. Ce cheval s'abandonne, il ralentit sa marche

REMARQUE

Abandonner peut se construire avec à suivi d'un infinitif. Aussi n'aurais-je pas Abandonné mon coeur à suivre ses appas. [Molière, L'école des maris] Le moindre défaut des femmes qui se sont abandonnées à faire l'amour, c'est de faire l'amour. [La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions morales]

SYNONYME

1° ABANDONNER, DÉLAISSER. Abandonner se dit des choses et des personnes ; délaisser ne se dit que des personnes. Nous abandonnons les choses dont nous n'avons pas soin ; nous délaissons les malheureux à qui nous ne donnons aucun secours. Au participe, délaisser a une énergie d'universalité qu'on ne donne au premier qu'en y joignant quelque terme qui la marque précisément. Ainsi l'on dit : C'est un pauvre délaissé ; Il est abandonné de tout le monde. [Guizot.]

2° QUITTER, ABANDONNER, RENONCER. Idée commune, cesser de garder une chose, de s'en occuper ou de la demander. Les thérapeutes abandonnent leurs biens à leurs parents ou à leurs amis ; ils quittent leurs pères, leurs mères ; ils renoncent à tous les attachements terrestres. [Condillac] On renonce toujours volontairement, avec quelque peine, avec regret, en se faisant violence ; on renonce au plaisir, au monde, à une profession qui convenait. Quitter et abandonner n'impliquent pas l'idée de renoncement, et signifient seulement qu'on se sépare d'une chose agréable ou pénible, utile ou nuisible. La différence entre quitter et abandonner est que l'on quitte de toutes les manières, ce mot en lui-même étant indifférent, au lieu que dans abandonner il y a toujours l'idée d'une sorte de délaissement, de désertion, comme dans ce vers de Racine : Je quittai, mon pays, j'abandonnai mon père, LAFAYE.

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