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accuser

vt (a-ku-sé)
  • 1Imputer un crime à quelqu'un. Il fut accusé de brigue, de violence. Accuser quelqu'un d'un crime capital. On l'accusa d'avoir fui du combat. Socrate fut accusé de nier les dieux que le peuple adorait. Pour vous justifier du crime dont ma raison vous accusait.... [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Je n'accuse personne et vous tiens innocent. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Ce n'est pas qu'après tout tu doives épouser Celui qu'un père mort t'obligeait d'accuser. [Corneille, Le Cid] D'un amour criminel Phèdre accuse Hippolyte. [Racine, Phèdre] Je le crois criminel, puisque vous l'accusez. [Racine, ib. V, 7]
  • 2Dans le droit criminel actuel, poursuivre, en vertu d'un arrêt de la chambre des mises en accusation, une personne devant la cour d'assises.
  • 3Accuser un acte faux, soutenir qu'un acte est faux.

    Cette locution a vieilli. On dit présentement, arguer un acte de faux.

  • 4En général, imputer, reprocher. Tu pouvais, pour toi, m'accuser de froideur. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Il l'avait accusé de discours médisants. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Quand vous devez la vie aux soins de ce grand homme, Vous osez l'accuser d'avoir trop fait pour Rome. [Voltaire, Catilina, ou Rome sauvée] Ah ! si nous périssons, n'en accusez que vous. [Racine, Bajazet] La vie n'était pour lui qu'un esclavage et une triste captivité ; et sans en accuser la Providence ni s'en plaindre.... [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 45]
  • 5Gourmander, blâmer. D'Egmont.... De l'incertain Mayenne accusait la lenteur. [Voltaire, La Henriade] Mais avec quel courroux, avec quelle tendresse Mahomet de mes sens accusa la faiblesse ! [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète] Contre l'effort des vents ces myrtes sans appuis Accusent notre indifférence. [Delavigne, Le paria] N'accuse point mon sort ; c'est toi seul qui l'as fait. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Par des ambassadeurs accuser ma paresse. [Racine, Mithridate] Où donc est ce grand coeur dont tantôt l'allégresse Semblait du jour trop long accuser la paresse ? [Boileau, Le lutrin] .... En vain de ton départ Les tiens impatients accusent le retard. [Delille, Énéide]
  • 6En parlant des choses, servir de preuve, d'indice. Le fait même l'accuse. Devant les dieux vengeurs, mon désespoir m'accuse. [Voltaire, Sémiramis] Voyons qui son amour accusera des deux. [Racine, Mithridate] Et son silence même accusant sa noblesse Nous dit qu'elle nous cache une illustre princesse. [Racine, Iphigénie en Aulide] Caché sous des lambeaux, un reste de richesse Semble encor de son rang accuser la noblesse. [Ducis, Le roi Lear]
  • 7À certains jeux de cartes, accuser son jeu, en faire connaître ce que les règles veulent qu'on déclare.
  • 8Accuser juste, accuser faux, être exact, inexact dans son récit. Chamillart convenait que Catinat accusait vrai en tout et partout. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] La renommée accuse juste en contant ce que vous valez. [Molière, Les précieuses ridicules]
  • 9Accuser une douleur, accuser son âge, dire qu'on sent une douleur, qu'on a tel âge.
  • 10Accuser la réception ou accuser réception d'une lettre, d'un paquet. M. Plet ne nous accusa ni la réception de cette lettre ni celle d'un assez gros paquet que je lui avais adressé. [Voltaire, Correspondance] Je n'ai de temps que pour en accuser la réception. [Bossuet, Lettr. Quiét. 190] La plupart commencent par accuser la réception de ma lettre. [Sévigné, 243]
  • 11 En termes de peinture, faire sortir certaines parties qui sont recouvertes par quelque enveloppe. Accuser les muscles, les os.
  • 12S'accuser, vpron Se dire coupable. Il s'accuse d'homicide. S'accuser d'une faute, de sa crédulité. Elle s'accusait de ralentir ma marche. Vientelle s'accuser et se perdre elle-même ? [Racine, Phèdre] Votre coeur s'accusait de trop de cruauté. [Racine, Britannicus] Je m'accuse, moi-même, d'en avoir trop entendu. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Je me suis accusé de trop de violence. [Corneille, Le Cid]
  • 13S'accuser, déclarer ses péchés au prêtre dans la confession. S'accuser d'avoir rompu le jeûne.

REMARQUE

Régnier a dit : Un rêveur m'accuse Que je ne suis pas net.... Sat. II. Cette tournure est insolite, et l'on dit d'habitude de avec l'infinitif : De n'être pas net. Cependant elle n'a rien qui soit fautif en soi.

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ACCUSER. - REM. Ajoutez :

2. Accuser réception a été créé par Balzac, d'après GÉNIN, Variat. p. 315.

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