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couver

vt (kou-vé)
  • 1Se tenir sur les oeufs pour les faire éclore, en parlant des femelles des oiseaux. La poule a couvé tant d'oeufs. J'avais d'abord regardé comme une fable ce que Diodore rapporte de l'industrie des Égyptiens, qui savaient, par une fécondité artificielle, faire éclore des poulets, sans faire couver les oeufs par des poules ; mais tous les voyageurs modernes attestent la vérité de ce fait. [Rollin, Histoire ancienne]

    Absolument. Cette poule veut couver. Elle bâtit un nid, pond, couve et fait éclore, à la hâte ; le tout alla du mieux qu'il put. [La Fontaine, Fables] Il [Diphile] retrouve ses oiseaux dans son sommeil : lui-même il est oiseau, il est huppé, il gazouille, il perche, il rêve la nuit qu'il mue ou qu'il couve. [La Bruyère, XIII]

  • 2 Fig. Entretenir avec soin et mystère. Ennuyés de couver leur cruelle manie. [Malherbe, II, 1] Ce fier serpent qui couve un venin sous des fleurs. [Régnier, Satires] Je vous avoue, ma très aimable chère, que je couve une grande joie, mais elle n'éclatera point que je ne sache votre résolution. [Sévigné, 183] N'est-ce pas sous un beau semblant d'obéissance et de modestie couver la rébellion et la violence dans le sein ? [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Vous avez couvé le feu profane dans votre coeur. [Massillon, Car. Tiédeur, 2] L'ouvrage d'un scélérat qui couvait de mauvais desseins. [Rousseau, Rousseau juge de Jean-Jacques. Dialogues] Je vois sur votre visage cette méditation profonde qui couve les germes du génie et les dispose à la fécondité. [Marmontel, Contes moraux] Quel que soit le destin que couve l'avenir, Terre [Italie], enveloppe-toi de ton grand souvenir. [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses]

    Couver des yeux, regarder avec plaisir, avec convoitise. Lorsqu'il est jaloux de son trésor et qu'il le couve des yeux. [Descartes, Pass. 169] Telle prenait Goût à le voir et des yeux le couvait [un jouvenceau], Lui souriait, faisait la complaisante. [La Fontaine, Psaut.] Messire Jean Chouart couvait des yeux son mort, Comme si l'on eût dû lui ravir ce trésor. [La Fontaine, Fables] Gaillard corbeau disait en le couvant des yeux [un mouton] : Je ne sais qui fut ta nourrice. [La Fontaine, ib. II, 16]

    Préparer, renfermer dans son sein. Ces grands mouvements Couvent, en leurs fureurs, de piteux changements. [Régnier, Satires] L'air calme couve une pluie. [Descartes, Météor. 2]

    Familièrement. Couver une maladie, porter en soi les germes d'une maladie qu'on craint de voir apparaître.

  • 3 vi Être entretenu sourdement, préparé en silence, sans paraître. Le feu couve sous la cendre. Tant qu'aucun souffle ne l'éveille, L'humble foyer couve et sommeille. [Lamartine, Méditations poétiques]

    Fig. C'est un feu qui couve sous la cendre, se dit d'une passion, d'une haine prête à se réveiller. C'est le feu de l'Etna qui couvait sous la cendre. [Voltaire, Catilina, ou Rome sauvée] Le feu terrible qui paraissait presque éteint couvait sous la cendre, pour éclater bientôt avec plus de fureur que jamais. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Il faut laisser couver cela, il ne faut le faire qu'après de mûres réflexions.

  • 4Se couver, vpron Être en sourde préparation. Ne mettez point d'obstacle aux choses qui se couvent. [Bossuet, Devoirs, 2] Tous les gens un peu pénétrants virent bien qu'il se couvait, au sujet de mon livre et de moi, quelque complot qui ne tarderait pas d'éclater. [Rousseau, Les confessions]
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