Voir les citations avec "diable"

diable

nm (dia-bl' ; en vers, diable est aujourd'hui de deux syllabes ; il était jadis de trois)

Terme de théologie.

  • 1Le principe du mal moral en général. Le diable tenta nos parents dans le paradis terrestre.

    Ce nom est devenu celui des anges déchus ; il implique toujours une idée de malice ; mais comme, à côté de la malice, le diable peut avoir certaines qualités, diable a fini par exprimer ces qualités, mais toujours avec un peu de moquerie et dans le style familier.

  • 2 Par antonomase, Satan, le prince des mauvais anges. Eh ! quel objet enfin à présenter aux yeux Que le diable toujours hurlant contre les cieux ? [Boileau, L'art poétique]

    Avocat du diable, celui qui est chargé, dans la chancellerie romaine, de contester les mérites d'une personne dont la canonisation est proposée ; et aussi l'un des deux interlocuteurs dans les conférences religieuses faites sous forme d'un débat simulé.

    Ne craindre ni Dieu ni diable, n'être arrêté par aucune crainte.

    Brûler une chandelle au diable, flatter un pouvoir injuste pour en obtenir quelque chose.

    Le diable est bien fin, se dit par avertissement à une personne pour qu'elle prenne garde à elle et qu'elle ne se laisse pas aller aux tentations, ni séduire ni suborner.

    Cela se fera à moins que le diable ne s'en mêle, c'est-à-dire pour peu qu'il n'y ait pas impossibilité.

    Cela ne se fera pas si le diable ne s'en mêle, c'est-à-dire s'il ne survient pas quelque facilité inespérée.

    Le diable n'y verrait goutte, se dit d'une affaire bien embrouillée.

    Fi au diable ! exclamation de mépris, d'aversion, de chagrin.

    Dans le même sens. Le diable s'en pende !

    Crever l'oeil au diable, faire quelque chose en dépit de l'envie, s'avancer malgré les envieux.

    Moucher la chandelle comme le diable moucha sa mère, éteindre la chandelle, ou bien couper le lumignon si bas que la chandelle s'éteigne. Locution qui vient, dit-on, de ce qu'un scélérat nommé Le diable, ayant demandé à voir sa mère avant d'être exécuté, lui emporta, en l'embrassant, le nez avec les dents, lui reprochant la mauvaise éducation qu'il avait reçue d'elle, ou plutôt de ce que le diable, sous prétexte de moucher sa mère, lui fait quelque mauvais tour.

    Loger le diable dans sa bourse, n'avoir pas le sou. Un homme n'ayant plus ni crédit ni ressource, Et logeant le diable en sa bourse, C'est-à-dire n'y logeant rien. [La Fontaine, Fables]

    Veuille Dieu, veuille diable, je le ferai, c'est-à-dire malgré tous les obstacles. Soyez sûr, quelque chose qu'ils fassent, qu'homme, Dieu, ange, ni diable ne m'en feront pas dire davantage. [D'alembert, Lettre à Voltaire, 20 janv. 1758]

    Quand le diable y serait, malgré tout. Quand le diable y serait, vous ne me feriez pas croire cela.

    Populairement. Le diable bat sa femme et marie sa fille, se dit quand il pleut et qu'il fait du soleil en même temps.

    Il n'est pas plus dévot que le diable n'est saint, se dit d'un homme tout à fait indévot.

    Le diable n'y perd rien, se dit d'une personne qui ne maîtrise ou ne contient ses sentiments qu'en apparence ou passagèrement, et aussi d'une personne qui dissimule ses souffrances. Vous saviez bien que vous seriez vengé sans coup férir, et que le diable n'y perdrait rien. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Le diable ne le lui ferait pas faire, ne l'en ferait pas démordre, se dit d'un homme entêté, obstinément attaché à ses sentiments.

    Pont du diable, pont hardi, de construction moderne, jeté sur la Reuss.

    Pont du diable, Passage du diable, sont les noms de quelques localités de difficile accès.

    Terme de musique. Sonate du diable, ainsi dite en raison d'une vision du diable en rêve qu'eut le musicien Tartini, sonate hérissée de difficultés.

    Il fait comme le valet du diable, il est comme le valet du diable, se dit quand quelqu'un fait plus qu'on ne lui commande. Vous faites l'office du diable quand vous voulez faire plus que je ne vous demande. [Maintenon, Lettres]

    C'est la poupée du diable, femme mal habillée, sale.

    Le diable était représenté dans le moyen âge avec une queue et des cornes ; de là quelques locutions.

    Tirer le diable par la queue, être dans une position gênée. Si je faisais des vers aussi bons.... je ne serais pas réduit à tirer le diable par la queue. [Scarron, Le Roman comique]

    Il mangerait le diable et ses cornes, se dit d'un grand mangeur.

  • 3En général, nom des anges rebelles précipités avec Satan dans l'enfer, depuis le prince jusqu'aux plus infimes. Les diables de l'enfer.

    Fig. Comme diable en miracle ou en miracles, sans raison. Le personnel entre le cardinal de Noailles et les évêques de la Rochelle et de Luçon, où celui de Gap s'était fourré depuis comme diable en miracles. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Être battu du diable, être sans repos. [Tallard] Beaucoup d'esprit et de grâce dans l'esprit, mais sans cesse battu du diable par son ambition, ses vues. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Le diable était beau quand il était jeune, c'est-à-dire la jeunesse a toujours quelque beauté, même dans les personnes laides.

    La beauté du diable, les seuls attraits de la jeunesse.

    Par forme de serment. Je n'en ferai rien de par tous les diables. Elles sont toutes dérangées de par tous les diables. [Regnard, Le retour imprévu]

    Les diables bleus, nom que les Anglais donnent à une sorte de mélancolie, de vapeurs.

    Être possédé du diable, avoir, selon la croyance de l'Église catholique, dans le corps un diable qui se substitue à la volonté de l'individu et parle et agit pour lui. Les diables qui possédèrent les religieuses de Loudun. Et, figurément, être livré à des passions violentes, à une excessive ardeur.

    Fig. Avoir le diable au corps, être vif, emporté, vigoureux, passionné. .... Avez-vous le diable dans le corps, Pour ne pas succomber à de pareils efforts ? [Molière, Coc. imag. II, 1] Je pense, sauf correction, qu'il a le diable au corps. [Molière, L'avare] Votre Durance a quasi toujours le diable au corps. [Sévigné, 366] Il a le diable au corps. [Racine, Les plaideurs] Elle a le diable au corps pour la danse. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Avoir le diable au corps, exceller en certaines choses de courage, d'adresse, de talent, d'esprit. Ou, comme Michel-Ange, eût-il le diable au corps. [Régnier, Satires]

    Être croustilleux. Segrais nous montra un recueil qu'il a fait des chansons de Blot ; ces chansons ont le diable au corps ; mais je n'ai jamais vu tant d'esprit. [Sévigné, 49]

  • 4C'est le diable à confesser, se dit d'un aveu difficile à obtenir, d'une chose presque impossible.

    C'est le diable ! Voilà le diable ! C'est là le diable ! se dit de ce qu'une chose présente de fàcheux, de difficile. Mais le diable est que nous n'avons point d'argent. [Regnard, Sérénade] Entre tant de parents ce serait bien le diable, S'il ne s'en trouvait pas quelqu'un de raisonnable. [Regnard, Le légataire universel] Mais voyons donc enfin ce que j'ai fait écrire. - Ah ! voilà bien le diable.... [Regnard, ib. V, 7] Amoureux et gueux, ces deux qualités, qui séparément ne sont pas fort bonnes, c'est bien le diable quand le hasard les met ensemble. [Dancourt, Cur. Compiègne, sc. 3]

  • 5Donner son âme au diable, faire un prétendu pacte avec le diable, qui, en retour de l'âme qu'on lui abandonnait, assurait pendant un certain temps au contractant la richesse, la puissance, les plaisirs. Faust avait vendu son âme au diable.

    Fig. Se donner au diable, se désespérer. Cela me ferait donner au diable.

    Se donner à tous les diables, éprouver une excessive impatience.

    Se donner au diable, prendre beaucoup de peine. Vous avez fait ce coup sans vous donner au diable. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

    Il ne faut pas se donner au diable pour faire cela, c'est-à-dire la chose n'est pas difficile.

    Je me donne au diable ; je veux que le diable m'emporte si.... le diable m'emporte si.... ou, simplement, du diable si.... au diable si.... locutions qu'on emploie, par forme de serment, pour nier ou pour affirmer. Vous venez de Poitiers ou je me donne au diable. [Corneille, Le menteur] Mes gens se donnent au diable qu'il n'y a pas dix écus dans la maison. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Je me donne au diable si dans quinze jours.... [Hamilton, ib. 4] Je me donne au diable si on me voyait.... [Hamilton, ib. 7] Diable emporte si je le suis [médecin]. [Molière, Le médecin malgré lui] Diable emporte si j'entends rien en médecine. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Je veux que le diable m'emporte, si je comprends rien à ce génie, à ces lauriers, à cette épée. [Diderot, Salons de peinture]

  • 6Il se dit par forme d'imprécation, d'aversion, de répulsion, d'impatience. Envoyer au diable, à tous les diables, à tous les cinq cents diables. Donner au diable. Qu'il s'en aille au diable, à tous les diables ! Au diable l'importun ! Puissiezvous être à tous les diables ! [Molière, Les précieuses ridicules] Nous donnerions tous les hommes au diable. [Molière, L'amphytrion] Matta le donnait au diable avec ses Allobroges. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Il ne voulut pas se confesser et envoya tout au diable. [Sévigné, 142] J'ai donné, de fureur, tout le festin au diable. [Boileau, Satires] Je donnais au diable toute cette maudite cohue. [Rousseau, Les confessions] À moins de douze couplets, Au diable une chansonnette ! [Béranger, Chansons]
  • 7Être au diable, être on ne sait où, fort loin. Il m'a fait aller au diable vauvert (et non, comme on dit communément, par erreur : au diable au vert ; voir VAUVERT), il m'a fait aller très loin.
  • 8S'en aller au diable, à tous les diables, être perdu sans retour. L'affaire s'en va au diable. Il faudra, si je veux, Que le manteau s'en aille au diable. [La Fontaine, Fables] Si vous ne daignez vous en informer, le Temple du Goût ira à tous les diables. [Voltaire, Correspondance] Tout va au diable, mes anges, et moi aussi. [Voltaire, Correspondance]Être au diable, à tous les diables, être perdu sans retour. Mon projet est à tous les diables. Les affaires de Bohême ont bien changé de face depuis un mois ; voilà, je crois, ma pension à tous les diables ; mais j'en suis d'avance consolé. [D'alembert, Lett. à Voltaire, 21 juillet 1757]

    Envoyer au diable, à tous les diables, perdre, dissiper. Il envoya les marquisats au diable. [La Fontaine, Faucon.]

  • 9Faire le diable, le diable à quatre, faire grand bruit, grand tumulte, se donner beaucoup de mouvement pour une chose. Je m'en irais chez eux faire le diable à quatre. [Hauteroche, Les apparences trompeuses] Oui, l'autre moi, valet de l'autre vous, a fait Tout de nouveau le diable à quatre. [Molière, L'amphytrion] Coudoyez un chacun ; point du tout de quartier ; Pressez, poussez, faites le diable. [Molière, Remercîment au roi.] Je ferai le diable à quatre, pour faire accepter sa pancarte. [Voltaire, Correspondance]

    Faire le diable contre quelqu'un, lui faire le plus de mal qu'on peut.

    Dire le diable contre quelqu'un, en dire beaucoup de mal.

  • 10Cela ne vaut pas le diable, cela ne vaut absolument rien.
  • 11Diable, employé comme complément déterminatif, est augmentatif et signifie extrême, excessif. C'est un désordre du diable. Je lui veux un mal de diable. Avoir une peur de diable. Il fait un froid, un vent de tous les diables.
  • 12Suivi d'un complément déterminé, diable signifie singulier, bizarre, méchant, dangereux, etc. ; ou plutôt, gardant sa signification propre, il se construit avec la préposition de et un substantif, comme bonhomme, faquin, coquin : ce bonhomme de paysan, coquin de valet (voyez, pour cette construction, la préposition DE au n° 3). Un diable d'homme. Ces diables de gens. Un diable de ménage. [Corneille, Le menteur] Quel diable de jargon entends-je ? [Molière, Les précieuses ridicules] Et tu m'oses jouer de ces diables de tours ! [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire] Quel diable de babillard ! [Molière, Le mariage forcé] Quel diable de langage est-ce là. [Molière, Le médecin malgré lui] Ayez le temps de me mander si vous vous mettez sur ce diable de Rhône. [Sévigné, 16] .... Un diable de neveu Me fait par ses écarts mourir à petit feu. [Piron, La métromanie, ou Le poète] De vos diables de vers détestant la manie. [Piron, ib. I, 8] Mon diable d'homme qui craignit qu'elle n'en parlât pas à son gré. [Rousseau, Les confessions] Que voulez-vous ! ce diable d'homme a toujours ses poches pleines d'arguments irrésistibles. [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile]

    On remarquera que, en cet emploi, diable, si le substantif construit est féminin, devient adjectif. Cette diable de femme. Quelle diable de cérémonie ! [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

  • 13Personne très méchante, emportée, ou bien d'une turbulence, d'une pétulance extrême. C'est un diable, un vrai diable, un diable incarné, un petit diable. Elle compte que je serais un diable dans le monde. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Comme sur les maris accusés de souffrance, De tout temps votre langue a daubé d'importance, Qu'on vous a vu contre eux un diable déchaîné, Vous devez marcher droit pour n'être point berné. [Molière, L'école des femmes] C'en est fait, je renonce à tous les gens de bien ; J'en aurai désormais une horreur effroyable, Et m'en vais devenir pour eux pire qu'un diable. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Et je ne vis de ma vie Un dieu plus diable que toi. [Molière, L'amphytrion] Une autre fois quelque diable fit une satire cruelle sur Madame, le comte de Guiche, etc. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Je ne laisse pas, tout diables qu'ils sont [vos enfants], de leur enseigner quelquefois des polissonneries de mon temps. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Un méchant diable, un mauvais homme.

    Les mille diables, fameux voleurs du XVIe siècle.

    Diable noir, ancien sobriquet des reîtres.

  • 14Comme le diable, à côté de sa malice, peut avoir quelque qualité, diable a été pris pour exprimer quelque chose de peu blâmable, ou même quelque chose de louable.

    Un grand diable, un homme grand et dégingandé.

    Un grand diable, se dit aussi de choses qui sont très longues. L'archevêque vient de faire contre lui [J. J. Rousseau] un grand diable de mandement qui donnera envie de lire sa profession de foi à ceux qui ne la connaissent pas. [D'alembert, Lettre à Voltaire, 8 sept. 1762]

    Un bon diable, un homme facile, de joyeuse humeur. Il me parut, comme à vous, un assez bon diable, et d'ailleurs je lui trouvai quelques connaissances mathématiques. [D'alembert, Lettre à Voltaire, 22 déc. 1759]

    Un pauvre diable, une personne misérable, une personne à plaindre. Voilà un pauvre diable de mari en bonne main ! [Dancourt, Moul. Javelle, sc. 5] .... C'est qu'il est incroyable Que moi, qui près de vous ne suis qu'un pauvre diable, Sois plus heureux pourtant... [Collin D'harleville, Le vieux célibataire]

  • 15Comme tous les diables, beaucoup, extrêment, infiniment. Avoir un esprit de tous les diables. Les nefs sur les eaux favorables Vont comme tous les mille diables. [Scarron, Virgile travesti] La justice est sévère comme tous les diables, particulièrement sur ces sortes de crimes. [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Elle est obstinée comme tous les diables. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Voilà du bois qui est salé comme tous les diables. [Molière, Le médecin malgré lui] Je suis bilieux comme tous les diables. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Phelypeaux avait de l'esprit comme cent diables et autant de malice qu'eux. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Pour un liable, avec une négation, non absolument. Je n'ai qu'elle [de fille], et pas pour un diable elle ne veut se marier. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants]

  • 16À la diable, loc. adv. À la hâte, sans soin. Cela est fait à la diable.

    Être fait à la diable, être mal vêtu ou habillé avec désordre.

    Avec un caractère de violence et d'exagération. Les Anglais disent que toutes nos tragédies sont à la glace ; il pourrait bien en être quelque chose ; mais les leurs sont à la diable. [Voltaire, Correspondance]

  • 17En diable, loc. adv. Fort, extrêment. Cela tient en diable. Avoir de l'esprit en diable. Pour moi, j'y suis sévère en diable [dans les formalités], à moins que ce ne soit entre amis. [Molière, L'amour médecin] La justice en ce pays-ci est rigoureuse en diable contre cette sorte de crime. [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Il était fourbe en diable et demi. [Lesage, Guzman d'Alfarache] La nuit est noire en diable. [Beaumarchais, Le mariage de Figaro, ou La folle journée]
  • 18Diable ! interj. de surprise, d'impuissance. Diable ! Que diable faire ? Où diable va-t-il prendre tout ce qu'il dit ? Que diable est-ce là, les gens de ce pays-ci sont-ils insensés ? [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Il ne comprenait pas comment diable il avait fait. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Il ne pouvait s'imaginer à qui diable elle en voulait. [Hamilton, ib. 11] Et, pour toute conclusion, lui demanda de quoi diable il s'avisait de lui faire présent de deux méchantes perdrix rouges. [Hamilton, ib. 4] Ma filleule, où diable a-t-on pris Le pauvre parrain qu'on vous donne ? [Béranger, Chansons]

    On dit dans le même sens : que diable ! Monsieur n'est pas ici, que diable ! à si bonne heure. [Régnier, Satires]

  • 19 nm Toupie d'Allemagne double, très bruyante.

    Sorte de jouet fait à peu près comme la toupie d'Allemagne, percé de deux trous, qu'on fait tourner sur une corde tenue à deux baguettes et qui, quand il tourne très vite, produit un ronflement très fort.

    Terme de médecine. Bruit de diable, nom donné à un bruit particulier dont l'aorte et les grosses artères du cou sont le siége dans certains cas.

    Autre jouet ayant la forme d'une boîte qui, lorsqu'on l'ouvre, fait sortir vivement un diable au moyen d'une spirale qui se développe brusquement.

  • 20Machine à deux ou à quatre roues crdinairement basses, employée au transport des caisses d'orangers ou autres fardeaux.

    Espèce de calèche dans laquelle on peut se tenir debout.

  • 21Machine pour carder et nettoyer le coton, le crin.

    Levier à l'usage du fabricant de glaces et du maréchal.

    Instrument pour constater le bon état de l'intérieur des canons.

    Dans la marine marchande, tire-bonde pour les futailles.

  • 22 Terme de physique. Diables cartésiens, petits plongeons de verre qui font tous les mouvements qu'on veut, dans un vase plein d'eau.
  • 23Le diable en haie, la clématite, en Normandie.

    Diable des bois, espèce de singe. Diable de Java, pangolin et espèce d'iguane.

    Sorte d'oiseau de la Guadeloupe. Nous étions pour alors dans la saison de la chasse de certains oiseaux qu'on appelle diables ou diablotins.... je ne sache pas qu'il s'en rencontre dans les îles autre part qu'à la Guadeloupe et à la Dominique.... cet oiseau est à peu près de la grosseur d'une poule.... il a les ailes longues et fortes, les pieds comme ceux des canards, mais garnis de fortes et longues griffes.... il a de grands yeux à fleur de tête, qui lui servent admirablement bien pendant la nuit, mais qui lui sont tellement inutiles le jour qu'il ne peut supporter la lumière ni discerner le jour. [Labat, Nouveau voy. aux îles, 2e part. ch. 19]

    Demi-diable, insecte hémiptère.

    Terme de pêche. Diable de mer, plusieurs poissons d'une forme hideuse. La baudroie.

PROVERBES

Il regarde le diable sur le poirier, il est louche, c'est-à-dire il a le regard aussi mal assuré que s'il eût aperçu tout à coup le diable sur un poirier.

Il n'est pas si diable qu'il est noir, ou le diable n'est pas si noir qu'il en a l'air, c'est-à-dire il n'est pas si méchant qu'on le dit ou qu'il le paraît.

Le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme, c'est-à-dire on n'a pas toujours le malheur, la mauvaise chance contre soi.

Il vaut mieux tuer le diable que non pas que le diable vous tue, ou, comme on dit plus souvent aujourd'hui, que si le diable vous tue, c'est-à-dire il vaut mieux dans la défense personnelle infliger à l'adversaire le mal qu'il veut faire.

Le diable pourrait mourir que je n'hériterais pas de ses cornes, c'est à-dire personne ne me donne rien.

Quand il dort, le diable le berce, et, absolument, le diable le berce, se dit d'un homme inquiet et inquiétant.

Les menteurs sont les enfants du diable.

Quand le diable fut vieux, il se fit ermite, ou, quand le diable devient vieux, il se fait ermite, c'est-à-dire libertin dans la jeunesse, dévot dans la vieillesse.

Le diable est aux vaches, est bien aux vaches, c'est-à-dire tout est en confusion, ou bien il y a de la discorde.

Les diables sont déchaînés, il y a de grands mouvements, il arrive de grands malheurs.

REMARQUE

1. Loger le diable dans sa bourse ; l'origine de cette expression est racontée dans une petite pièce de vers de St-Gelais : un charlatan avait promis de faire voir le diable ; pressé de remplir sa promesse, il ouvrit, en présence de la foule qui l'entourait, une bourse vide : Et c'est, dit-il, le diable, oyez-vous bien, Qu'ouvrir sa bourse et ne voir rien dedans (Recueil des poëtes fr. depuis Villon jusqu'à Benserade, éd. 1752, t. I, p. 146). D'un autre côté Génin dit : Les Italiens ont le proverbe : " Abbiamo trovato il diavolo nel catino, nous avons trouvé le diable dans le plat, le plat était vide. L'usage en Italie était de peindre au fond des plats une figure hideuse, une figure de diable qui était cachée, tant qu'il restait quelque chose au plat, Récréat. t. I, p. 107. " C'est de là, selon lui, que vient notre locution. M. Jullien, au contraire, pense que l'explication de St-Gelais est la bonne, et qu'une bourse vide étant un mal, on s'est servi du nom du diable pour exprimer ce mal.

2. Faire le diable à quatre, locution tirée de ce que dans les mystères il y avait la grande et la petite diablerie, et que, pour jouer la grande, il fallait quatre personnages. [Fabre, Études sur la bazoche, p. 248]

SYNONYME

DIABLE, DÉMON. Étymologiquement, le diable est le calomniateur, de là vient qu'il est toujours pris en mauvaise part ; c'est un esprit malfaisant et de ténèbres (sauf les restrictions indiquées dans l'article, telles que avoir de l'esprit en diable, un bon diable, etc.). Démon, s'étant dit dans la mythologie grecque pour toute espèce de divinités, peut avoir une acception favorable : un poëte est inspiré par le démon de la poésie ; un bon démon amène un homme au moment où l'on a besoin de lui. Quand il a son acception défavorable, il est alors synonyme de diable, sauf que démon se prend pour l'instigateur des mauvaises passions : le démon de la jalousie, de l'ambition ; diable ne peut recevoir cet emploi.

+

24 Diable, nom d'une espèce de cicadelle, du genre des centrotes, ainsi dite à cause de ses formes bizarres. [H. Pelletier, Petit dict. d'entom. p. 42, Blois, 1868]
25 Arbre du diable ou pet du diable, l'hura crepitans, L., et le morisonia capparis. [Baillon, Dict. de bot. p. 247]
  • rechercher