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dévotion

nf (dé-vo-sion ; en vers, de quatre syllabes)
  • 1Attachement aux pratiques religieuses. Personne pleine de dévotion. Il a beaucoup de dévotion. Et qui, jeune, n'a pas grande dévotion. [Régnier, Satires] Faire de son devoir son mérite par rapport à Dieu, son plaisir par rapport à soi-même, et son honneur par rapport au monde ; voilà en quoi consiste la vraie vertu de l'homme et la solide dévotion du chrétien. [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 397] C'est dans le grand monde qu'on trouve ces dévotions aisées et commodes, ces dévotions que l'on veut accorder avec les maximes du siècle. [Bourdaloue, Exhort. Ste Thér. t. I, p. 304] Certain air de dévotion, Lorsque l'on n'est plus jeune, a toujours bonne grâce. [Deshoulières, au P. de la Chaise.] Je sais combien crédule en sa dévotion Le peuple suit le frein de la religion. [Racine, Bajazet] Mme de Montespan s'est jetée dans la plus grande dévotion ; il est bien temps qu'elle nous édifie. [Maintenon, Lettres] Je ne suis point dévote, mon cher frère ; mais je veux l'être ; je suis persuadée que la dévotion est la source de tout bien. [Maintenon, Lettres] La dévotion d'Italie prend assez souvent une forme qui n'est guère de notre goût d'aujourd'hui. [Fontenelle, Marsigli.] Je ne connais pas de meilleure école de logique et de dévotion philosophique que les polypes et les animalcules des infusions. [Bonnet, Lett. div. Oeuvres, t. XII, p. 133, dans POUGENS]

    Avoir dévotion à, adresser particulièrement ses pratiques religieuses à un saint, à une église, à une image, etc. Sainte Barbe à qui son frère Jetser avait une grande dévotion. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] Ce portrait était une petite miniature représentant l'ermite Paul ; Marguerite y avait une grande dévotion. [Bernardin de Saint-pierre, Paul et Virginie]

    Dans le courant du XVIIe siècle, dévotion se prend en mauvaise part pour fausse dévotion, hypocrisie. On peut impunément, pour l'intérêt du ciel, être dur, se venger, faire des injustices ; De la dévotion c'est là l'essentiel. [Deshoulières, au P. de la Chaise.] Celui qui a pénétré la cour connaît ce que c'est que vertu et ce que c'est que dévotion, et il ne peut plus s'y tromper. [La Bruyère, XIII] Faire servir la piété à son ambition, aller à son salut par le chemin de la fortune et des dignités, c'est du moins jusqu'à ce jour le plus bel effort de la dévotion du temps. [La Bruyère, ib.]

  • 2Pratiques de dévotion. En ces jours consacrés à la dévotion, Il faut mieux épurer l'oeuvre et l'intention. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] Pratiquant la dévotion de saluer les images de la Vierge. [Pascal, Les provinciales] Vous étiez en dévotion. [Sévigné, 37] Nous fîmes hier de grandes dévotions. [Sévigné, 76] On dit que vous [Commines] n'avez pas oublié mes petites dévotions [de Louis XI], surtout à la fin de mes jours. [Fénelon, t. XIX, p. 368] Lorsque nous eûmes fait nos dévotions sur le tombeau de la vierge qui a mis au monde douze prophètes. [Montesquieu, Lettres persanes]

    Faire ses dévotions, remplir ses devoirs religieux à certaines époques de l'année. On m'a défendu de faire mes dévotions à la Pentecôte. [Sévigné, 188] Je ne fis point mes dévotions. [Sévigné, 232] Il avait fait ses dévotions à la paroisse. [Bossuet, Lett. quiét. 413]

    Livres, tableaux de dévotion, livres, tableaux sur un sujet de piété. Je lis des livres de dévotion. [Sévigné, 432]

    Fête, jeûne de dévotion, fête, jeûne qui n'est pas d'obligation. Beauvau, évêque de Tournay, publia des dévotions pour implorer la bénédiction de Dieu sur nos armes. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 3L'offrande est à dévotion, on donne ce qu'on veut à l'offrande.

    À l'offrande, qui a dévotion, c'est-à-dire que celui qui a dévotion aille à l'offrande, en d'autres termes, va qui veut à l'offrande.

  • 4Attachement comparé en quelque sorte à celui qu'on a pour les choses de piété. Ma dévotion pour vous est sans bornes. On peut aussi avoir de la dévotion pour son prince. [Descartes, Pass. 83] J'aurai toujours pour vous, ô suave merveille, Une dévotion à nulle autre pareille. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

    Être à la dévotion de quelqu'un, lui être entièrement dévoué. (Cette locution serait inintelligible si l'on ne remarquait que, tandis que ma dévotion pour vous signifie la dévotion que j'ai pour vous et a un sens actif, il est à ma dévotion a un sens passif et doit se comprendre de la dévotion qui est pour moi dans le coeur de la personne dont il s'agit). En la place de tous tant qu'ils sont, le courtisan ambitieux met des personnes à sa dévotion. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour] On lui manda que la ville était à sa dévotion. [D'ablancourt, Arrien, liv. I, ch. 6, dans RICHELET] Il avait gens à sa dévotion. [La Fontaine, Fér.] Le portier est personne Entièrement à ma dévotion. [La Fontaine, Comm. l'espr.] Le peuple se flattait, ayant un consul à sa dévotion, de faire nommer les commissaires et de procurer enfin le partage des terres. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine]

    PROVERBE

    Il n'est dévotion que de jeune prêtre, c'est-à-dire on fait les choses avec un grand zèle quand on est nouveau en quelque charge, en quelque profession.
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