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enivrer

vt (an-ni-vré, an prononcé comme dans antérieur ; quelques-uns disent é-ni-vré ; mais cette prononciation est contre l'usage et fautive)
  • 1Causer l'ivresse. Un verre de vin l'enivre. Du sommeil et du vin les vapeurs les enivrent. [Delille, Énéide]

    Absolument. Certains vins enivrent très vite. La fumée de tabac enivre.

    Faire boire jusqu'à l'ivresse. Ses camarades l'enivrèrent. On les invita à monter sur les vaisseaux, on les enivra, on les mit aux fers, on leva l'ancre, et l'on tira le canon sur tout ce qui restait d'Indiens au rivage. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

  • 2 Fig. Faire pour ainsi dire boire ce qui cause une ivresse morale. Enivrer quelqu'un de louanges. Elle n'a point trouvé la pompe et la mollesse Dont la cour des Tarquins enivra sa jeunesse. [Voltaire, Brutus] C'est moi qui, les regards attachés sur les siens, L'enivrai du poison de nos longs entretiens. [Ducis, Othello ou le more de Venise]

    Il se dit aussi des choses qui causent une ivresse morale. Sotte présomption, vous m'enivrez sans boire. [Régnier, Satires] Il est d'autres erreurs dont l'aimable poison D'un charme bien plus doux enivre la raison. [Boileau, Satires] Qu'heureux est le mortel qui, du monde ignoré, Vit content de soi-même en un coin retiré, Que l'amour de ce rien qu'on nomme renommée N'a jamais enivré d'une vaine fumée ! [Boileau, Epîtres] Tu avais un peu négligé mes préceptes quand la trop grande prospérité enivra ton coeur. [Fénelon, Dialogues des morts] L'amour, la gloire, le génie Ont trop enivré mes beaux jours. [Béranger, M. Stuart.]

    Absolument. La prospérité enivre. L'Amour alors près de nos mères, Faisant chorus, battait des mains, Rapprochait les coeurs et les verres, Enivrait avec tous les vins. [Béranger, Trinquons.]

  • 3S'enivrer, vpron Se mettre en état d'ivresse. Ce malheureux s'enivre en secret. Ayant bu du vin, il s'enivra, et parut nu dans sa tente. [Sacy, Bible, Genèse, IX, 21] Il hante la taverne et souvent il s'enivre. [La Fontaine, Fables] Le grand s'enivre de meilleur vin que l'homme du peuple : seule différence que la crapule laisse entre les conditions les plus disproportionnées, entre le seigneur et l'estafier. [La Bruyère, IX.]

    Fig. L'homme faible et léger.... S'enivre de faveur comme on le fait de vin. [Tristan, Panthée] Je n'aime point à m'enivrer d'écriture. [Sévigné, 224] Je l'ai vu vers le temple où son hymen s'apprête S'enivrer en marchant du plaisir de la voir. [Racine, Andromaque] Rends-lui compte du sang dont tu t'es enivrée. [Racine, Athalie] Il s'enivre à vos yeux de l'encens des humains. [Voltaire, Brutus] C'était [Julien] un avocat qui pouvait s'enivrer de sa cause. [Voltaire, Philos. v, 413] Les femmes surtout s'enivrèrent et du livre et de l'auteur. [Rousseau, Les confessions] L'imprudente Didon tendrement le caresse, Le tient sur ses genoux, entre ses bras le presse, S'enivre de sa vue. [Delille, Énéide] Bien qu'il ait besoin d'un avenir indéfini, il s'enivre du présent. [Staël, Corinne, ou l'Italie] Enivrons-nous de poésie, Nos coeurs n'en aimeront que mieux. [Béranger, les Sciences.]

    Familièrement. Il s'enivre de son vin, c'est-à-dire il a trop bonne opinion de lui-même, il s'entête de ses propres idées.

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4 Arbre à enivrer, la coque du Levant, quelques phyllanthus. [Baillon, Dict. de bot. p. 247]
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