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exhaler

vt (è-gza-lé)
  • 1Émettre, dégager, en parlant de vapeurs, d'odeurs. Les ruisseaux des rues exhalaient une odeur infecte. Ces montagnes de morts.... Dont les troncs pourris exhalent dans les vents De quoi faire la guerre au reste des vivants. [Corneille, La mort de Pompée] .... Quels abîmes ouverts Exhalent jusqu'à moi les vapeurs des enfers ? [Corneille, La toison d'or]
  • 2 Fig. Il se dit de ce que l'on compare à une exhalaison. Et son âme exhalait un soupir amoureux. [Régnier, Élégies] Depuis que je suis né, j'ai vu la calomnie Exhaler les venins de sa bouche impunie. [Voltaire, Tancrède] Et du sang de Clotaire éternel déshonneur [elle eût] Exhalé sur sa race un souffle empoisonneur. [Lemerc. Fréd. et Br. II, 3]

    Exhaler son âme, la vie, mourir. Celui-ci, consumé de langueur et d'infirmités, voit de loin l'appareil de son sacrifice, exhale chaque jour une portion de son âme, et se sent mourir mille fois avant que d'avoir pu mourir une seule. [Massillon, Villars.] Il exhale à présent les restes de sa vie. [Lemerc, Fréd. et Bruneh. v, 1]

    Évaporer. Qui pleure l'affaiblit [le ressentiment], qui soupire l'exhale. [Corneille, Sertorius]

  • 3Exprimer avec vivacité ; faire éclater en paroles. Dans le prologue de cette pièce, Labérius exhale sa douleur d'une manière fort respectueuse pour César, et en même temps fort touchante. [Rollin, Histoire ancienne] Ce droit d'accusation non-seulement tiendrait les grands en respect, mais servirait encore à exhaler les murmures du peuple qui, sans ce secours, pourraient se tourner en sédition. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine] Exhaler son dépit contre un mari coupable, C'est, en voulant se faire aimer, S'efforcer d'être moins aimable. [Imbert, Jaloux sans amour, I, 5] Il exhale sa rage en hurlements horribles. [Delille, Énéide] Mais tandis qu'exhalant le doute et le blasphème. [Lamartine, Méditations poétiques]

    On dit dans un sens analogue exhaler sa bile, sa mauvaise humeur. .... Lorsqu'autrefois Horace après Lucile Exhalait en bons mots les vapeurs de sa bile. [Boileau, Satires]

    Il peut avoir pour sujet un nom de chose. À ce nouvel affront un reste de chaleur En sanglots mal formés exhale sa douleur. [Corneille, La mort de Pompée]

  • 4S'exhaler, vpron Être exhalé. Les vapeurs qui s'exhalent le soir. L'odeur qui s'exhale d'une rose. La fumée qui s'exhale et s'évanouit dans les airs. [Fléchier, Oraisons funèbres]

    Impersonnellement. Il s'exhale des vapeurs de ce marais.

    Fig. On voyait sur son visage les furies peintes ; et tout le venin empesté du noir Cocyte semblait s'exhaler de son coeur. [Fénelon, Télémaque] Leurs soupirs n'osaient s'exhaler, mais leurs coeurs s'entendaient : ils croyaient souffrir et ils étaient heureux. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]

  • 5Se dissiper par l'évaporation. L'éther s'exhale rapidement. Dans les pays froids la partie aqueuse du sang s'exhale peu par la transpiration. [Montesquieu, L'esprit des lois]

    Fig. Il se dit de la vie, de l'âme. Un reste de chaleur tout prêt à s'exhaler. [Racine, Phèdre] Dans la nuit du tombeau l'âme s'engloutit-elle ? Tombe-t-elle en poussière ? ou, prête à s'envoler, Comme un son qui n'est plus va-t-elle s'exhaler ? [Lamartine, Méditations poétiques]

  • 6Éclater, en parlant de sentiments, de passions. Non, je n'ai point un courroux à s'exhaler en paroles vaines. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] C'était en ces discours que s'exhalait ma plainte. [Rousseau J.-b. Odes et poésies diverses]

    Il peut aussi avoir pour sujet un nom de personne. M. le prince de Conti et son fils s'exhalaient en désespoirs. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

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