incliner
- 1Mettre dans une situation qui fait un angle avec une certaine direction, surtout par rapport à l'horizon. Incliner un vase pour verser la liqueur qu'il renferme.
- 2Baisser, courber vers la terre.
C'est une extrême folie de n'oser incliner la tête devant ce précieux monument de la gloire de Jésus-Christ
. [Bossuet, Lett. sur l'ador. de la croix.]Mon frère, étais-tu fait pour incliner la tête Sous le poids des torrents vomis par la tempête ?
[Ducis, Le roi Lear]Sujet et courtisan, Cours au pied d'un despote incliner ton turban
. [Ducis, Abufar ou La Famille arabe] - 3 Fig. Porter à, disposer à.
Où le ciel nous incline, à quoi sert la menace ?
[Régnier, Élégies]Et je sais encor moins comment votre cousine Peut être la personne où son penchant l'incline
. [Molière, Le misanthrope]Nos besoins nous inclinent à adhérer à ce qui est bon
. [Bossuet, Sermons]Vous ne pouvez pas encore concevoir comment est-ce que le Tout-Puissant peut mouvoir et incliner les volontés libres
. [Fénelon, t. III, p. 272]Ces penchants heureux qui inclinent notre âme à la miséricorde
. [Massillon, Myst. Misér.]Quels que soient les secours étrangers qui vous ont incliné vers le bien....
[Diderot, Essai sur la vertu.]Absolument.
Le vent berçait et inclinait à rêver
. [Diderot, dans le Dict. de POITEVIN.] - 4 vi Être incliné, courbé vers.
Et l'éternelle croix qui, surmontant le faîte [du Colisée de Rome], Incline comme un mât battu par la tempête
. [Lamartine, Méditations poétiques]Fig. Incliner vers sa fin, approcher de la fin, de la chute, de la ruine.
La grandeur de Carthage incline vers la fin
. [Mairet, La mort d'Asdrubal]La victoire incline de ce côté, se dit en parlant de l'armée qui commence à obtenir l'avantage dans une bataille.
Où chacun, seul témoin des grands coups qu'il portait, Ne pouvait discerner où le sort inclinait
. [Corneille, Le Cid] - 5Avoir de l'inclination, de la prédilection pour quelque chose, être porté à quelque chose.
Le coeur de la fille Inclinait trop pour notre jouvenceau
. [La Fontaine, Remède.]La dame Pour l'autre emploi inclinait dans son âme
. [La Fontaine, Remois.]De quelque côté qu'il incline, c'est sa volonté qui l'y porte
. [Pascal, Les provinciales]Les confesseurs inclinent toujours à la miséricorde
. [Bossuet, Sermons]Pendant que Rome incline vers l'aristocratie
. [Montesquieu, L'esprit des lois]Valérius se présente devant Claude et se défend ; Claude incline à l'absoudre
. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]Incliner, vi se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand on veut marquer l'action : Dans son avis, il a incliné pour la rigueur ; et avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état : Il était incliné pour la rigueur.
- 6S'incliner, vpron Être dans une certaine situation faisant angle avec une direction donnée, spécialement avec l'horizon. L'étoile polaire s'incline de plus en plus sur l'horizon à mesure qu'on marche vers l'équateur.
- 7Se baisser, se courber. L'arbre plie et s'incline, battu par les vents.
On vit la mère du grand Condé venir présenter requête à la porte de la grand'chambre, et implorer la protection de tous les conseillers en s'inclinant devant eux à mesure qu'ils passaient
. [Voltaire, Histoire du parlement de Paris]Quand il avait débité sa science, Serrant le bec et parlant en cadence, Il s'inclinait d'un air sanctifié
. [Gresset, Ver-Vert]Et mon riche habit me conseille D'apprendre à m'incliner bien bas
. [Béranger, Habit de cour.]Fig. Se prosterner par respect, par crainte.
Voyez.... comme elle abaisse cette tête auguste devant laquelle s'incline l'univers
. [Bossuet, Oraisons funèbres]
REMARQUE
Du temps de Vaugelas, quelques-uns, même à la cour, disaient encliner ; c'est un archaïsme ; Balzac l'a encore dit : à quoi il voyait que tous enclinoient, le Prince, 22.
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