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mieux

adv. (mieû ; l'x se lie : de mieû-z en mieux)
  • 1Comparatif de l'adv. bien : d'une manière plus accomplie, plus complète. Je te connais, Léonce, et mieux que tu ne crois. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Usez-en comme moi ; le ciel sait qui vit mieux. [Rotrou, Antigone] Nous verrons qui tiendra mieux parole des deux. [Molière, Le dépit amoureux] On n'en peut pas user mieux que je fais, je pense. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] J'ai peu lu ces auteurs [les satiriques] ; mais tout n'irait que mieux, Quand de ces médisants l'engeance tout entière Irait la tête en bas rimer dans la rivière. [Boileau, Satires] Pelletier écrit mieux qu'Ablancourt ni Patru. [Boileau, ib. IX] Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux. [Racine, Andromaque] Vos malheureux enfants seront-ils mieux vengés ? [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète]

    Aller mieux, se rétablir d'une maladie.

    Mieux que tout cela, signifie il y a quelque chose de mieux à dire, à faire, que ce qu'on a proposé. Vous voulez écrire, vous voulez envoyer un messager ; mieux que tout cela, allez-y et expliquez-vous de vive voix.

  • 2Tant mieux, voir TANT.
  • 3Plus, davantage. J'aime mieux cette étoffe que l'autre. Ne fais point d'autre crime, et j'atteste les dieux Qu'au lieu de t'en haïr, je t'en aimerai mieux. [Corneille, Horace] Es-tu de mon honneur si mortelle ennemie Que je te plaise mieux couvert d'une infamie ? [Corneille, ib. IV, 7] Vous le faire voir conduisant le légat de Sa Sainteté, montrant des vertus de l'ancienne Rome aux prélats de la nouvelle, et faisant admirer à cette nation une judicieuse sincérité qui valait mieux que ses subtilités et ses adresses. [Fléchier, Oraisons funèbres] Ne m'est-il donc rendu que pour mieux m'affliger ? [Voltaire, La méroppe française]

    Il vaut mieux, mieux vaut, c'est-à-dire il est plus à propos, plus expédient. Mieux vaut s'accommoder que de plaider.

  • 4Trop mieux s'emploie quelquefois pour mieux. Trop mieux aimant suivre quelque dragon, Dont il savait le bachique jargon. [Gresset, Ver-Vert]
  • 5Avec le, il est superlatif. De tous nos grands écrivains, c'est celui que j'aime le mieux. Qu'il soit le mieux renté de tous les beaux esprits. [Boileau, Satires] Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée... [Boileau, L'art poétique]

    Au pluriel, on dira les hommes le mieux doués ou les mieux doués. Ceux qui étaient les mieux versés dans sa sainte loi. [Bossuet, Sermons]

    Pour la distinction entre le et les, voy. l'article LE, n° 14.

    Mieux, pour le mieux. Et je tiendrais des deux celui-là mieux épris, Qui favoriserait ce que je favorise, Et ne mépriserait que ce que je méprise. [Corneille, Don Sanche] C'est par là que son feu se peut mieux exprimer. [Corneille, Don Sanche] Olivier Patru était l'homme du royaume qui savait mieux notre langue. [Perrault, Hommes ill. Patru.]

    Des mieux, c'est-à-dire comme qui fait le mieux, comme ce qu'il y a de mieux. Je m'acquitte des mieux de la charge commise. [Corneille, la Place roy. I, 2] Je n'entends pas des mieux Comme il faut qu'un hélas s'explique. [Corneille, Agésilas] Il en parle des mieux, c'est un jeu qui lui plaît. [Corneille, la Suiv. IV, 8] M. Chapelain dit que danser des mieux, chanter des mieux est une élégance de bas style. [Vaugelas, Remarques sur la langue française] Est-ce bien s'expliquer ? - Des mieux, et nettement. [La Fontaine, l'Eunuque, V, 5] Je le relance seul, et tout allait des mieux, Lorsque d'un jeune cerf s'accompagne le nôtre. [Molière, Les fâcheux] Enfermez-vous des mieux. [Molière, L'école des femmes] Toute la troupe était magnifique, M. de la Trousse des mieux. [Sévigné, 3 janv. 1689] Il cause des mieux et n'a aucun air qui déplaise. [Sévigné, 18 mars 1671] Un grand et beau carrosse de velours noir, étoffé des mieux. [Sévigné, 11 mai 1683]

    Cette locution a arrêté les grammairiens, qui ont déclaré ne pouvoir l'expliquer et qui l'ont généralement condamnée. L'historique permet pourtant de s'en rendre compte : être des mieux, a signifié être parmi les meilleurs, les plus habiles, les plus puissants. Il fait cela des mieux, peut donc s'interpréter : il fait cela entre les meilleurs, les plus habiles, comme les meilleurs, les plus habiles.

  • 6Mieux se prend quelquefois adjectivement (d'autant plus facilement, que melius n'est que le neutre de melior), et signifie meilleur, plus convenable, plus propre à la chose dont il s'agit. Il n'y a rien de mieux, rien n'est mieux que ce que vous dites. J'ai le repos, les rois n'ont rien de mieux. [Voltaire, Bastille.]

    Ne pas aimer, ne pas demander mieux, faire très volontiers. Tertullien parlait à des hommes qui persécutaient Jésus-Christ et qui n'auraient pas mieux aimé que d'attaquer la doctrine, et même la personne de ses défenseurs. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Si mieux n'aimez, à moins que vous ne jugiez préférable. Écrivez-moi, si mieux n'aimez venir. Si mieux n'aime la mère en créer une rente. [La Fontaine, Fables]

    Pour mieux dire, pour s'exprimer avec plus de justesse. Elle a toujours sacrifié ses ressentiments, et n'a jamais voulu nuire, non pas même à ceux qu'elle pouvait croire ses ennemis ou, pour mieux dire, ses envieux. [Fléchier, Oraisons funèbres]

    Absolument. Être mieux, être en meilleure santé, en meilleur état.

    Être mieux, signifie aussi se rétablir d'une maladie. La fièvre l'a quitté ; il est mieux.

    Être mieux, être d'une figure, d'un extérieur plus agréable. Ce jeune homme est mieux que son frère.

    Être mieux, être, paraître à son avantage. Quand on est bien parée, on en est toujours mieux. [Régnier, Satires]

    Être mieux, être d'une meilleure conduite, d'un meilleur caractère. Ce jeune homme s'est amendé ; il est bien mieux qu'il n'était l'année dernière.

  • 7Mieux signifie quelquefois, quelque chose d'autre, quelque chose de supérieur. En attrapant mieux que des puces, On a vu carlins et bassets Caresser Allemands et Russes. [Béranger, Requête.]

    Vous lui supposez dix mille livres de rente ; il a mieux que cela, il a plus.

    Cette dame se donne trente ans, elle a mieux que cela, elle est plus âgée.

    Cet emploi de mieux pour dire plus riche, plus âgé, ne va guère au delà des deux locutions ci-dessus rapportées ; et dire : il a mieux de dix mille de rentes, il a mieux de quarante ans, est un provincialisme.

  • 8 nm Mieux, ce qui est meilleur. Les dieux ne font jamais rien que pour notre mieux. [D'urfé, l'Astrée, II, 10] On pardonne aisément à qui trouve son mieux. [Corneille, Mélite] Croyez que nous tromper ce n'est pas votre mieux. [Corneille, Suiv. V, 6] Le moins qu'on peut laisser de prise aux dents d'autrui, C'est le mieux.... [La Fontaine, Fables] Dieu fait tout pour le mieux. [Sévigné, 589] Tout cela sera replongé, s'il plaît à Dieu, dans le silence ; c'est tout le mieux. [Sévigné, 27 déc. 1688] La volonté de Dieu est cause de tout le bien et de tout le mieux qui se trouve dans la créature. [Bossuet, Libre arb. 2] Il faut conclure que les chrétiens étaient retenus dans l'obéissance, non par des opinions particulières que l'Église n'approuvait pas, mais par les principes communs du christianisme ; il n'y a donc plus moyen de dire que tout cela n'était qu'un conseil et un mieux. [Bossuet, 5e avert. 14]

    PROVERBE

    Le mieux est l'ennemi du bien, c'est-à-dire, on peut gâter une bonne chose en voulant la rendre meilleure.

    Pour le mieux, c'est-à-dire pour obtenir ce qui est le meilleur, préférable. Et j'ai cru pour le mieux Qu'il fallait de son fort l'attirer en ces lieux. [Corneille, Nicomède] On lui dit [à Jupiter] qu'il était père ; Et qu'il laissât, pour le mieux, à quelqu'un des autres dieux, D'autres tonnerres à faire. [La Fontaine, Fables]

    Faire de son mieux, faire aussi bien que l'on peut. Puisqu'on le veut ainsi, je ferai de mon mieux. [La Fontaine, Tabl.] Tenez pour sûr qu'il y fit de son mieux. [La Fontaine, Fér.] M. et Mme de Chaulnes font de leur mieux pour m'y retenir. [Sévigné, 76] Je l'ai fait tout de mon mieux. [Sévigné, 239] Si j'attends encore.... je ferai moins bien ce que je puis faire aujourd'hui de mon mieux possible. [Rousseau, Les rêveries d'un promeneur solitaire]

    PROVERBE

    Il fait comme Robin fit à la danse, tout du mieux, se dit pour excuser quelqu'un qui fait tous ses efforts, sans réussir complétement.

    Au mieux, tout au mieux, loc. adv. Très bien. À table trouvant tout au mieux, Je crois qu'un ordre des cieux Tient en haleine la sagesse. [Béranger, Deo gratias.]

    Le mieux du monde, c'est-à-dire très bien, aussi bien qu'il est possible. Je sais que vous parlez, monsieur, le mieux du monde. [Molière, Le misanthrope]

    Le mieux du monde, dans la plus grande amitié, intimité. Tu me parais être le mieux du monde avec ta maîtresse. [Marivaux, Les serments indiscrets]

    Du mieux que, le mieux que, tout du mieux, tout le mieux que, loc. conjonct. Aussi bien qu'il est possible dans une circonstance, aussi bien qu'il est possible à telle personne. Elle bâtit un nid, pond, couve, et fait éclore à la hâte ; le tout alla du mieux qu'il put. [La Fontaine, Fables] Allez ; si elle meurt, ne manquez pas de la faire enterrer du mieux que vous pourrez. [Molière, Le médecin malgré lui] Voilà une personne.... qui aura soin pour moi de vous traiter du mieux qu'il lui sera possible. [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Il faudra faire du mieux qu'on pourra. [Bossuet, Lett. quiét. 204]

    Tout le mieux qu'on puisse faire, la plus grande concession qu'il soit possible de faire. Tout le mieux qu'on puisse faire pour les animaux, c'est de leur accorder des sensations. [Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même]

  • 9Mieux se dit sans article en ce même sens. Gourville lui dit qu'il lui donnerait une place à l'hôtel de Condé, qui lui vaudrait deux cent cinquante livres de rente, logé, nourri, et tout cela en attendant mieux. [Sévigné, 43]

    Faute de mieux, à défaut d'une chose meilleure, plus convenable.

    Familièrement. À qui mieux mieux, à l'envi l'un de l'autre. Nous en aurions ici toute la joie imaginable : on vous y aime à qui mieux mieux. [Bussy-rabutin, Lettres, t. II, p. 305] Les peuples, qui ne craindront plus la surcharge des tailles personnelles, travailleront à qui mieux mieux. [Vauban, Dîme, p. 129]

  • 10Amélioration dans la santé d'un malade. Le mieux ne s'est pas soutenu. Hier matin il était sans fièvre.... ces sortes de mieux sont quasi toujours traîtres ; et tout d'un coup il est retombé dans l'agonie. [Sévigné, 1er juill. 1676] S'il paraît quelque mieux dans l'état du malade. [Bossuet, Pensées, 38] Le jeudi 29, le roi ayant paru se ranimer, ce mieux apparent fut si exagéré, que le duc d'Orléans se trouva seul. [Duclos, Règne de Louis XIV, Oeuvr. t. V, p. 150]

    Aller de mieux en mieux, faire toujours quelque progrès vers le bien, vers un état meilleur.

    De bien en mieux, même sens. La reine se porte tous les jours de bien en mieux. [Pellisson, Lettres historiques]

REMARQUE

1. Mieux se met après le verbe ; mais quand c'est à un temps composé, il se met d'ordinaire avant le participe passé : il chante mieux qu'hier ; il a mieux chanté aujourd'hui qu'hier. Cependant on pourrait dire aussi : Il a chanté mieux aujourd'hui qu'hier.

2. Avec mieux suivi de deux infinitifs séparés par que, on met de avant le second, bien que le premier ne soit pas précédé de cette préposition : Il vaut mieux prévenir le mal que d'être réduit à le punir. [Fénelon, Télémaque] C'est évidemment l'oreille qui a exigé l'interposition de ce de, afin de mieux marquer le commencement du second membre de phrase. Cependant ce ne serait pas une faute de le supprimer : Il vaut mieux prévenir le mal que le punir.

3. La locution à qui mieux mieux mérite quelque explication. La préposition à n'y est pas primitive, et nos anciens disaient : qui mieux mieux ; ils disaient aussi qui plus plus. Dans l'exemple de Joinville : Il se laissèrent cheoir de la nef en la barge, qui plus plus, qui mieux mieux, on interprétera en disant : celui qui se laissa choir plus, mieux, fit plus, mieux ; de là le sens d'émulation a été indiqué abréviativement par qui plus plus, qui mieux mieux. L'addition de la préposition à empêcherait l'explication grammaticale, à laquelle on ne parvient que quand on l'a écartée à l'aide des textes anciens. Mais, la locution une fois reconnue, on voit qu'elle a été traitée avec la préposition à ainsi que plusieurs autres : à qui pis fera, à bouche que veux-tu, etc.

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