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pencher

vt (pan-ché)
  • 1Faire que quelque chose ne soit pas droit, perpendiculaire. Si Alexandre penche la tête, ses courtisans penchent la tête. [Malebranche, De la Recherche de la vérité] Les arbres fruitiers, en penchant leurs rameaux vers la terre, semblent offrir leurs fruits à l'homme. [Fénelon, Traité de l'existence de Dieu]

    Fig. (Un juge) Penche la balance inégale, Et tire d'une urne vénale Des arrêts dictés par Cypris. [Gresset, La Chartreuse]

  • 2 Fig. Produire dans l'âme un mouvement comparé à un penchement. Non qu'une folle ardeur de son côté me penche. [Corneille, Le Cid] Dieu répand dans l'âme quelque chose qui la penche vers la chose commandée. [Pascal, Les provinciales] Pour sentir évidemment notre liberté, il en faut faire l'épreuve dans les choses où il n'y a aucune raison qui nous penche d'un côté plutôt que d'un autre. [Bossuet, Lib. arb. 2]
  • 3 vi Être hors de son aplomb, de la ligne perpendiculaire. Indépendamment des collines calcaires.... il y en a grand nombre d'autres qui ont penché par différents accidents, et dont toutes les couches sont fort inclinées. [Buffon, Théorie de la terre] Cette balance, chargée de cinquante livres de chaque côté, penchait assez sensiblement par l'addition de vingt-quatre grains, et chargée de vingt-cinq livres, elle penchait par l'addition de huit grains seulement. [Buffon, Hist. min. Introd. part. exp. Oeuv. t. VI, p. 14] Ton front bientôt flétri penchera vers la terre. [Ducis, Abufar ou La Famille arabe]

    Fig. C'est de son côté [du P. Bouhours, dans une querelle avec Ménage] que le ridicule penche. [Sévigné, 16 sept. 1676]

    Faire pencher une balance, ajouter dans un des plateaux quelque chose qui le fait descendre.

    Fig. Vous vous êtes persuadés que celui qui peut jeter des masses d'or dans la balance de la justice, la fait pencher à son gré. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

  • 4 Fig. S'incliner, s'affaisser comme fait ce qui penche. Quoiqu'elle penche sur son déclin, il faut avouer qu'elle a encore des attraits. [Guez de Balzac, Correspondance] Ils [certains favoris] aiguisent ce qui coupe, ils précipitent ce qui penche, ils encouragent les violents. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour] ....La fragilité [du pécheur]... n'a jamais, de soi, que le néant pour terme ; Elle y penche, elle y glisse, elle y tombe aisément. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] Elle [la synagogue] penchait visiblement à sa ruine. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Cependant Claudius penchait vers son déclin. [Racine, Britannicus] La démocratie qui penche à l'anarchie. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]
  • 5 Fig. Être porté à. Songez que dans ma main j'ai le pouvoir suprême, Qu'entre Othon et Pison mon suffrage incertain, Suivant qu'il penchera, va faire un souverain. [Corneille, Othon] À l'exception d'un petit nombre de sénateurs qui... n'étaient pas vendus à l'injustice, tout le reste pencha du côté de Jugurtha. [Rollin, Histoire ancienne] Ce bon naturel qui vous fait pencher du côté de la vertu. [Massillon, Carême, Impén.] Quel est le poids qui fait encore pencher le coeur ? [Massillon, Avent, Disp.]

    Pencher vers quelqu'un ou vers quelque chose. Car enfin c'est vers toi que penche la nature. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] C'est toi dont l'ambassade, à tous les deux fatale, L'a fait pour son malheur pencher vers ma rivale. [Racine, Andromaque] Et toujours tous les coeurs penchent vers Bajazet. [Racine, Bajazet]

    Pencher pour. Osmin a vu l'armée, elle penche pour vous. [Racine, Bajazet] Vous penchiez pour quelqu'un ; j'en suis fâché pour vous ; Pourquoi tardiez-vous tant à me le venir dire ? [Piron, La métromanie, ou Le poète]

    Pencher à, être porté vers quelque chose. Le respect qui pourrait m'empêcher De combattre un avis où vous semblez pencher. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Agis donc fortement, et fais-toi violence, Pour te soustraire au mal où tu te vois pencher. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] Cette princesse penchait au judaïsme. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Mon naturel penchait à la mollesse. [Fénelon, Dialogues des morts]

    Pencher a, avec un verbe à l'infinitif. Et [je] penche d'autant plus à lui vouloir du bien, Que, s'en voyant indigne, il ne demande rien. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Ils penchent à aimer le vice. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

  • 6Se pencher, vpron S'incliner. Dès qu'il fut entré, Maxime, se levant de son trône, se pencha vers lui pour lui donner le baiser. [Fléchier, Histoire de Théodose le Grand] Les fleurs croissent à nos pieds, et il faut au moins se pencher pour les cueillir. [Diderot, Opinions des anciens philosophes]

REMARQUE

1. L'Académie, dans ses Sentiments sur le Cid, remarque : De son côté me penche ; il fallait dire me fasse pencher. Ce verbe n'est point actif, mais neutre. L'Académie se trompait ; les meilleurs écrivains emploient pencher à l'actif, en parlant des actes moraux.

2. Pencher, v. n. se construit avec l'auxiliaire avoir : il avait penché pour un tel. Il se construit rarement avec l'auxiliaire être, et alors il se confond avec le passif de pencher, v. a.

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