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ramener

vt (ra-me-né. La syllabe me prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je ramène)
  • 1Amener de nouveau. Le malade fut ramené au médecin. Vous m'avez amené un cheval qui me convient ; ramenez-le-moi aujourd'hui.

    À certains jeux. Il avait amené un roi ; il en ramena un, quand ce fut à lui à donner. Il vient d'amener un sept ; s'il le ramène, il a gagné.

  • 2Être cause qu'on revient. Que veut-il, dira-t-on ? quelle verve indiscrète Ramène sur les rangs encor ce vain athlète ? [Boileau, Epîtres] Sitôt que mon malheur me ramène à sa vue. [Racine, Britannicus] Mais que vois-je ? mon fils, quel sujet vous ramène ? [Racine, Athalie]

    Faire venir des gens qui ne venaient plus. Cet acteur a ramené la foule au théâtre. L'approbation de Louis XIV ramena la cour aux pièces de Molière.

  • 3Remettre une personne dans le lieu d'où elle était partie, la faire revenir avec soi. Je t'ai ramenée des extrémités de la terre, des lieux les plus éloignés. [Bossuet, Oraisons funèbres] Zorobabel.... ramena les captifs, qui rebâtirent l'autel et posèrent les fondements du second temple. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Il employa son argent et son crédit pour ramener les officiers qu'abandonnait à leur triste captivité l'indigence ou l'avarice des familles. [Fléchier, Oraisons funèbres] Dans son appartement, gardes, qu'on la ramène. [Racine, Britannicus] Votre carrosse est-il là-bas ? lui dit-il, voulez-vous que nous ramenions madame ? [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***] Le roi de Pologne fit tout ce qu'on devait attendre d'un prince qui combattait pour sa couronne, il ramena lui-même trois fois ses troupes à la charge. [Voltaire, Histoire de Charles XII]

    Poétiquement. Quoi ! seigneur, se peut-il que, d'un cours si rapide, La victoire vous ait ramené dans l'Aulide ? [Voltaire, Iphig. I, 2]

    Il se dit également en parlant des animaux. Ramener les troupeaux du pâturage. Ramener un cheval à l'écurie.

    Il se dit même quelquefois des choses. Je vous prête ma voiture ; vous me la ramènerez.

    Ramener en arrière, forcer à revenir au lieu qu'on avait quitté. Dieu en avait disposé autrement [n'avait pas permis la chute de la Pologne].... sa main puissante ramène en arrière le Suédois indompté. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Ramener sa main, avancer la main qu'on avait d'abord retirée. Le Seigneur, m'accablant du poids de sa colère, Retire tour à tour et ramène sa main. [Lamartine, Méditations poétiques]

    Ramener ses regards, les reporter vers le point d'où ils s'étaient écartés. Il ramena ses regards sur la plaine qui était à ses pieds.

  • 4Ramener se dit, en termes militaires, d'une troupe de cavalerie qui, ayant fait une charge qui a échoué, retourne, poursuivie, à la place d'où elle est partie. La cavalerie chargea, mais elle fut ramenée.
  • 5En chirurgie rendre à une partie la direction, la place qui lui con vient. Le chirurgien ramena le membre à sa direction régulière. Après une amputation, ramener les chairs, la peau sur le moignon.
  • 6Amener avec soi, en s'en retournant. Le charretier vous apporte du bois ; il me ramènera du vin. Retournez chez vous, et ramenez tout ce que vous avez laissé dans votre appartement. Eschine et Démosthène furent du nombre des dix ambassadeurs [en Macédoine], qui en ramenèrent trois de Philippe, Antipater, Parménion, Eurylochus. [Rollin, Histoire ancienne]
  • 7Ramasser ce qui s'écarte ; faire venir devant, dessus ce qui est en arrière, dessous. Il ramenait sur le devant de la tête ses rares cheveux. Ramener le pan de son manteau sur l'épaule droite. Il faut ramener la terre au pied des arbres déchaussés.

    Tirer à soi. En ramenant la serpe, il se coupa. Ramenez à vous l'instrument. Pendant que Pisistrate, ébranlé du faux coup qu'il avait donné, ramenait sa lance. [Fénelon, Télémaque] Telle, pour sommeiller la blanche tourterelle Courbe son cou d'albâtre et ramène son aile Sur son oeil endormi. [Lamartine, Méditations poétiques]

  • 8 Terme de manége. Ramener un cheval, lui faire baisser le nez, quand il porte au vent.

    L'obliger à bien placer sa tête et à la maintenir dans une belle position.

    Son mors le ramène bien, il lui fait bien porter la tête.

  • 9Au jeu de la longue paume, rechasser un coup de volée. Il a bien ramené ce coup-là.

    Absolument. Ce joueur ramène bien.

  • 10 Fig. Faire revenir à des lois, à des règles dont on s'était écarté. J'ai su le ramener aux termes du devoir. [Corneille, Nicomède] Et par cet apologue.... [Ménénius] Les ramena dans leur devoir. [La Fontaine, Fables] Combien de fois vit-on Marie-Thérèse ramener les courtisans à l'exercice de leur foi par les marques qu'elle donnait de la sienne ! [Fléchier, Oraisons funèbres] C'est Pyrrhus, c'est le fils et le rival d'Achille, Que la gloire à la fin ramène sous ses lois. [Racine, Andromaque] On peut dans son devoir ramener le parjure. [Racine, Britannicus] Vous ne pourriez plus.... ramener les hommes aux principes de la vertu, après que vous leur auriez appris à les mépriser. [Fénelon, Télémaque] Laissez-moi lui parler ; je veux tâcher de le ramener à la raison. [Brueys, Grondeur, I, 5] N'est-ce pas une extrême folie de croire les ramener [les hommes] à nos dogmes.... en les persécutant, en les traînant aux galères.... [Voltaire, Polit. et lég. Avis au public, La tolérance peut seule....]

    Ramener de, faire quitter. Il éclaire les humbles, il les ramène de leurs égarements. [Bourdaloue, Pens. t. II, p. 163]

    Ramener une personne à quelqu'un, faire reprendre à cette personne de bons sentiments pour quelqu'un. Par un chemin plus doux Vous lui pourrez plutôt ramener son époux. [Racine, Britannicus] Flemming, son premier ministre [de l'électeur de Saxe].... contribua par son adresse à ramener à son maître une grande partie de la noblesse polonaise. [Voltaire, Histoire de Charles XII]

    Absolument. C'est le propre des malheurs de ramener à la philosophie, comme le joueur qui a tout perdu revient à sa maîtresse. [D'alembert, Apolog. de l'étud. Oeuv. t. IV, 218]

    Ramener quelqu'un, changer les sentiments de quelqu'un et lui en faire prendre de meilleurs, le radoucir, le calmer. Tous les jours elle ramenait quelqu'un des rebelles. [Bossuet, Oraisons funèbres] De tels discours [de Paul IV aux ambassadeurs d'Élisabeth], s'ils sont véritables, n'étaient guère propres à ramener une reine. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Qui n'a pas quelquefois sous sa main un libertin [esprit fort] à réduire, et à ramener par de douces et insinuantes conversations à la docilité ? [La Bruyère, XVI] Tout ce dont un amour ingénieux peut s'aviser pour ramener un coeur rebelle. [Massillon, Carême, Fauss. conf.] Le goût dégénère en tout genre, c'est aux Français à ramener les Velches. [Voltaire, Correspondance] J'ai perdu l'idée de ramener le public sur mon compte. [Rousseau, Les rêveries d'un promeneur solitaire] Les bienfaits qui ne ramènent pas un ennemi ne servent qu'à l'aigrir. [Duclos, Oeuv. t. II, p. 262]

    Je le ramènerai bien, je le ferai bien revenir à la raison.

  • 11 Fig. Ramener quelqu'un à la vie, le sauver de ce qui menace de lui ôter la vie. Vivons, si vers la vie on peut me ramener, Et si l'amour d'un fils en ce moment funeste De mes faibles esprits peut ranimer le reste. [Racine, Phèdre]

    Ce médecin a parfaitement ramené son malade, il a rétabli sa santé qui semblait désespérée.

    On dit de même : il l'a ramené des portes de la mort.

  • 12Ramener une affaire de bien loin, remettre en bon état une affaire qui paraissait désespérée.

    Au jeu, ramener une partie, la rétablir. On croyait qu'il avait perdu ; et voilà qu'il a ramené la partie.

  • 13Faire repasser par un état par où on avait passé. La vieillesse ramène quelquefois l'homme à l'enfance.

    Absolument. Ce châtiment [le fouet] qui met dans l'humiliation extrême, ce châtiment qui ramène, pour ainsi dire, à l'enfance. [Montesquieu, Lettres persanes]

  • 14Il se dit de la pensée que l'on fait passer sur ce qu'elle a déjà parcouru. Ramener sa pensée en arrière. Le sermon que vous fîtes la veille de votre départ ne peut jamais sortir de ma mémoire ; mais, comme je ne puis ramener cet endroit sans commencer par vous voir entrer dans ma chambre.... [Sévigné, 7 août 1675] Et des corps enterrés dans leur couche profonde, Le tombeau le ramène au vieux berceau du monde. [Delille, Les trois règles de la Nature]

    Être accompagné de. Parce qu'il [le signe] en ramène l'idée [de l'original] nécessairement à l'esprit. [Bossuet, Euch. III, 4]

    Réduire. Ramener tout au plaisir. Ramener la question au point véritable. La diversité des lieux où les choses se sont passées et la longueur du temps qu'elles ont consumé dans la vérité historique, m'ont réduit à cette falsification, pour les ramener dans l'unité de jour et de lieu. [Corneille, La mort de Pompée] Socrate, qui, un peu après, ramena la philosophie à l'étude des bonnes moeurs. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Il ramenait toutes choses à une noble et frugale simplicité. [Fénelon, Télémaque] Eux seuls [les justes] n'étudient pas vos penchants pour y accommoder lâchement leurs suffrages, mais ils étudient vos devoirs pour y ramener vos penchants. [Massillon, Carême, Mélange.]

    Ramener à soi, donner aux choses un but égoïste. L'entend-on jamais parler sur le ton décisif et important qui veut tout ramener à soi ? [Massillon, Panégyr. St Thomas.]

  • 15 Fig. Faire renaître, rétablir. Ramener la fièvre. Et, pour éloigner de leur esprit [des matelots] les funestes idées de la mort qui se présentait de tous côtés, elle disait avec un air de sérénité qui semblait déjà ramener le calme, que les reines ne se noyaient pas. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il sut qu'un de ces deux captifs qu'on avait pris pour des Phéniciens avait ramené l'âge d'or dans ces déserts presque inhabitables. [Fénelon, Télémaque] L'histoire ramène souvent les mêmes malheurs, les mêmes attentats, et le crime puni par le crime. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] On a tant de plaisir à ramener la joie sur un visage encore enfant ! [Staël, Corinne, ou l'Italie]

    Ramener une vieille mode, la remettre en vigueur.

  • 16 Terme de chimie. On dit qu'un réactif ramène une couleur végétale à une autre couleur, quand il fait passer la première à la seconde. Les alcalis ramènent au bleu le papier rouge de tournesol.

    On dit de même : Ramener un peroxyde à un moindre degré d'oxydation.

  • 17Se ramener, vpron Se concentrer. Et, comme notre esprit jusqu'au dernier soupir Toujours vers quelque objet pousse quelque désir, Il se ramène en soi n'ayant plus où se prendre, Et, monté sur le faîte, il aspire à descendre. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] C'est lorsque j'ai senti mon âme tout entière Se ramenant en soi, faire un dernier effort, Pour braver les horreurs que l'on joint à la mort.... [Chaul. à Lafare.]
  • 18Reprendre le fil d'un discours. L'enchaînement naturel de toutes ces choses m'emporte, il faut se ramener. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] N'ayant pas voulu rompre le fil des affaires d'Angleterre, je me ramène à ce qui se passait dans le continent. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]
  • 19 Terme de manége. Ce cheval se ramène bien, il porte bien sa tête.
  • 20Être ramené à, réduit à. Cette proposition se ramène à cette autre, en découle.

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21 Absolument, ramener ses cheveux sur le devant de la tête. M. de Niollis est un de ces chauves qui ramènent... [V. Cherbuliez, Rev. des Deux-Mondes, 15 janv. 1876, p. 269]
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