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rejeter

vt (re-je-té. Le t se double quand la syllabe qui suit est muette : je rejette, je rejetterai)
  • 1Jeter de nouveau. Rejetez-moi ce livre que vous m'avez déjà jeté.

    Rejeter les yeux sur, porter de nouveau les regards sur. Bonsoir, encore une fois ; si je rejette les yeux sur votre lettre, adieu le reste de la nuit. [Diderot, Lett. à Falconet, mars 1766]

  • 2Repousser, renvoyer. Rejeter une balle. On lui jeta force dards qu'il rejetait tous contre les ennemis. [Vaugelas, Q. C. VI, 1] Marchons, et dans son sein rejetons cette guerre Que sa fureur [de Rome] envoie aux deux bouts de la terre. [Racine, Mithridate]
  • 3Jeter un objet dans l'endroit d'où on l'avait tiré. Il rejeta le poisson dans l'eau. Et des enfants du nord la horde ensanglantée Aux fers dont je sortais m'a soudain rejetée. [Voltaire, L'orphelin de la Chine]
  • 4Jeter dehors, faire sortir hors de soi. La mer rejette sur les rivages une infinité de choses qu'elle apporte de loin, et qu'on ne trouve jamais qu'après les grandes tempêtes. [Buffon, Histoire naturelle générale et particulière] Je savais que les chenilles doivent rejeter la membrane fine et transparente qui revêt intérieurement le canal intestinal, et que cette rejection était un des préliminaires nécessaires à la transformation en chrysalide. [Bonnet, Observ. 5e insectes.] Quand, muet d'épouvante et tremblant de colère, Il [Néron] apprit que ces flots, instrument du forfait, Se soulevant d'horreur, lui rejetaient sa mère. [Delavigne, Messéniennes, III, 4, la Sibylle.]

    Rejeter du pus, et, absolument, rejeter, se dit d'une plaie qui suppure de nouveau. La plaie, qui avait semblé se fermer, rejette.

    Il se dit aussi de ce que la bouche, l'estomac jette hors de soi. Ce malade rejette tout ce qu'il prend. Les arêtes et les écailles des poissons se roulent dans leur estomac [des oiseaux pêcheurs], et ils les rejettent par le bec. [Buffon, Oiseaux] La première fois qu'un sauvage boit du vin, il fait la grimace et le rejette. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Fig. Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant ; L'esprit rassasié le rejette à l'instant. [Boileau, L'art poétique]

  • 5En parlant des arbres, produire des pousses, repousser. Cet arbre a rejeté beaucoup de branches.

    Absolument. Cet arbre rejette par le pied.

  • 6Reporter ailleurs une chose qu'on a ôtée d'un endroit. Les ouvriers rejetèrent la terre du fossé dans le champ voisin. Le poëte a rejeté ce mot d'un vers sur l'autre, pour produire un effet déterminé. Hernandez donne des espèces comme étant du genre canard, dont nous ne pouvons que rejeter ici en notes les noms mexicains. [Buffon, Oiseaux]

    Dans l'ancienne administration, rejeter une taxe sur une ville, faire une réimposition pour achever le payement d'une taxe qui n'a pu être payée entièrement.

  • 7 Fig. Faire que ce qu'on éprouvait soit éprouvé par d'autres. La victoire attachée au progrès de ses armes Sur nos fiers ennemis rejeta nos alarmes. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes]

    Rendre responsable, attribuer. Seigneur, il est trop vrai que le peuple murmure, Qu'il rejette sur vous sa funeste aventure. [Corneille, Oedipe] En 1672, on avait l'ingratitude de rejeter sur Colbert la langueur qui commençait à se faire sentir dans les nerfs de l'État. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]

    Rejeter une faute, un crime sur quelqu'un, l'en accuser pour se disculper. Convaincu des plus noirs forfaits, avant d'expirer, il a publiquement fait l'aveu de l'assassinat qu'il avait rejeté sur moi. [Genlis, Veillées du château t. I, p. 556, dans POUGENS]

  • 8Ne pas admettre, rebuter, repousser. Il vaut mieux la priver du rang qu'elle rejette. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Quoique mon coeur rejette un doute injurieux. [Corneille Th. Ariane] Je passe ensuite à rejeter tout le mal que vous me dites de votre esprit et de votre corps. [Sévigné, à Mme de Grignan, 22 juill. 1685] Comme il [Charles Ier] n'a jamais refusé ce qui était raisonnable, étant vainqueur, il a toujours rejeté ce qui était faible et injuste, étant captif. [Bossuet, Oraisons funèbres] Le socinianisme, où la divinité de Jésus-Christ est rejetée. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Les esprits même les plus déréglés n'en rejettent pas l'idée [de Dieu], pour n'avoir point à se reprocher un aveuglement trop visible. [Bossuet, Oraisons funèbres] Les libertins et les hérétiques, qui, par un esprit d'incrédulité, rejettent la foi du purgatoire. [Bourdaloue, Commémoration des morts, Myst. t. II, p. 492] Vous pourrez rejeter ma prière. [Racine, Esther] Thémistocle rejeta bien loin la proposition de Pausanias, et refusa absolument de prendre aucune part à ses desseins. [Rollin, Histoire ancienne] Quelques-uns croient qu'Euripide était mort avant Socrate, et rejettent cette histoire. [Rollin, ib. IV, p. 442] Elle est si fière qu'elle a rejeté les voeux des premiers seigneurs d'Espagne. [Lesage, Le diable boiteux] Nous avons rejeté ces présents corrupteurs, Trop étrangers pour nous, trop peu faits pour nos moeurs. [Voltaire, Les Scythes] Saint Épiphane cite des Actes des apôtres qu'on croit composés par les chrétiens nommés ébionites, et qui furent rejetés par l'Église. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

    Absolument. Qui ne voit que ce droit d'approuver et de rejeter, pris dans son sens absolu, s'applique seulement aux propositions qui renferment des nouveautés ? [Rousseau, Lettres écrites sur la montagne]

  • 9Il se dit aussi des personnes qu'on repousse et condamne. Vous avez rejeté la parole du Seigneur ; le Seigneur vous a rejeté, et il ne veut plus que vous soyez roi. [Sacy, Bible, Rois, I, XV, 23] Le grand pontife [Jésus-Christ] nous a absous ; il a voulu lui-même être rejeté, afin que par lui nous fussions reçus. [Bossuet, Sermons] La raison vous choisirait ; mais la folie des usages vous rejette. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***] Me rejetez-vous aussi comme ami ? [Genlis, Mlle de la Fayette, p. 167, dans POUGENS] Je ne dois pas vous voir ; mais ce qui vous entoure est ma famille ; en suis-je donc rejetée ? [Staël, Corinne, ou l'Italie]
  • 10Écarter, éloigner. Cela nous rejette bien loin de notre sujet.

    Remettre à un temps éloigné. Il en arrivera.... comme des six mille francs que je devais toucher à Nantes : il est sorti une chicane du fond de l'enfer, qui me rejette je ne sais où. [Sévigné, 30 juin 1680]

  • 11Se rejeter, vpron Se porter en arrière. Les femmes qui se rejettent au fond de leurs loges quand elles voient la coupe sanglante d'Atrée tomber et se répandre sur le théâtre. [D'alembert, Éloges, Crébillon.] Ah ! l'homme en vain se rejette en arrière, Lorsque son pied sent le froid du cercueil. [Béranger, Treize à table.]

    Fig. D'où vient que l'homme épouvanté à l'aspect du néant se rejette en arrière ? [Delille, Dithyr.]

  • 12 Par extension, être reporté. [Chez les Romains] ce langage licencieux se rejeta dans les noces, où il se saisit de toutes les choses qui pouvaient être susceptibles de traits vifs et malins, Hist. des Vestales, dans DESFONTAINES.
  • 13 Fig. Parler de nouveau d'une chose déjà traitée ; s'éloigner du sujet principal de la discussion, pour s'étendre sur des accessoires. Mme de Chaulnes est si surprise de tout cela [ce qu'on fait pour la ville de Rennes], qu'elle se rejette à Rome, et fait fort bien. [Sévigné, 2 nov. 1689]

    S'excuser. Ne sachant plus que dire, il se rejeta sur les circonstances qui l'avaient accablé.

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