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repousser

vt (re-pou-sé)
  • 1Pousser de nouveau, rejeter, renvoyer. On lui avait poussé la balle, il la repoussa avec la même force.

    Absolument. Il [un corps] est poussé sans repousser, puisque le repos n'a point de force pour résister au mouvement. [Malebranche, De la Recherche de la vérité]

  • 2Éloigner. C'est par eux [des massifs, dans les jardins] que l'on peut varier ses dessins, Rapprocher et tantôt repousser les lointains. [Delille, Les jardins ou L'art d'embellir les paysages]
  • 3 Terme d'imprimerie. Marquer, imprimer à la main une lettre, un signe qui manque dans une feuille tirée. Repousser un point qui manque à la fin d'une phrase.
  • 4Faire reculer quelqu'un, l'écarter de soi. Quelquefois, pour flatter ses secrètes douleurs, Elle prend ses enfants et les baigne de pleurs ; Et soudain, renonçant à l'amour maternelle, Sa main avec horreur les repousse loin d'elle. [Racine, Phèdre] Ce dieu [Charon], dont la vieillesse éternelle est toujours triste et chagrine, mais pleine de vigueur, les menace [les ombres des morts], les repousse, et admet d'abord dans sa barque le jeune Grec. [Fénelon, Télémaque]

    Fig. Nulle part sur cette côte immense on ne voit de ces rochers affreux dont l'aspect repousse le navigateur. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

  • 5Pousser en arrière. L'amiral [vaisseau], où était la reine, conduit par la main de celui qui domine sur la profondeur de la mer et qui dompte les flots soulevés, fut repoussé aux ports de Hollande. [Bossuet, Oraisons funèbres] castor.... presque policé est repoussé dans le fond des déserts. [Buffon, Oiseaux]

    Fig. Écarter de. C'est ainsi que Dieu.... l'a repoussée doucement [Mlle de Grignan] de ce haut degré de perfection où elle aspirait. [Sévigné, 25 oct. 1686]

  • 6Il se dit d'attaquants que l'on force à reculer. Trois fois il s'efforça de rompre ces intrépides combattants, trois fois il fut repoussé par le valeureux comte de Fontaines. [Bossuet, Oraisons funèbres] Les Suédois furent repoussés, mais ne furent pas mis en déroute. [Voltaire, Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand]

    On dit de même : repousser les efforts de l'ennemi. Repousser une attaque, un assaut. Nos peuples qu'on a vus, triomphants à sa suite, Repousser les efforts du Persan et du Scythe. [Racine, Alexandre le grand]

    Repousser la force par la force, employer la force pour se défendre.

    Repousser quelqu'un avec perte, lui faire subir un grand échec.

    Fig. et familièrement. Il a été repoussé à la barricade, il a fait des tentatives pour obtenir quelque chose, mais a été refusé ouvertement.

  • 7 Fig. Infliger un refus, un mauvais accueil. La F*** a été rudement repoussé, quand il a proposé d'être à M. le Dauphin ; le roi ne peut souffrir ceux qui quittent le service. [Sévigné, 415] Quoique vous m'ayez souvent repoussée politiquement sur ce sujet [les jésuites], je n'ai jamais cru que vous fussiez d'un autre sentiment que moi. [Sévigné, 6 oct. 1680] Quand on ne peut jamais rien dire qui ne soit repoussé durement. [Sévigné, 6 nov. 1680] Comment faisiez-vous pour vivre, étant repoussé de tout le monde ? [Bernardin de Saint-pierre, La chaumière indienne]

    Repousser une demande, la rejeter, l'écarter. Ni la fortune insolente, Repoussant avec fierté La prière humble et tremblante De la triste pauvreté. [Voltaire, Poèmes et épîtres]

  • 8Écarter de soi quelque chose qui blesse. Et loin de repousser le coup qu'on vous prépare, Vous voulez vous en faire un mérite barbare. [Racine, Iphigénie en Aulide] Faut-il repousser la fraude par la fraude ? [Fénelon, Télémaque] Votre frère est présent, et mon honneur blessé Doit repousser les traits dont il est offensé. [Voltaire, Adélaïde du Guesclin] La mère repoussa vivement le soupçon. [Rousseau, Les confessions]

    Repousser une injure, s'en défendre avec force, avec vivacité. Pour repousser une légère offense qu'il a reçue, il en fait une atroce dont il s'applaudit. [Bourdaloue, Jug. dern. 2e avent, p. 345] Outragés sans repousser l'outrage. [D'alembert, Éloges, Crébillon.]

    Repousser la calomnie, la réfuter hautement. Je me borne à mon devoir ; c'est celui de repousser la calomnie. [Voltaire, Correspondance]

    Repousser la raillerie, faire tarre le railleur, le réduire au silence.

    Écarter de soi quelque chose dont on ne veut pas. Il repoussait leurs louanges comme des offenses. [Bossuet, Oraisons funèbres] On a pour les violentes douleurs je ne sais quelle complaisance qui s'oppose aux remèdes, et repousse la consolation. [Fontenelle, Bonh. Oeuv. t. III, p. 353, dans POUGENS]

    Repousser une tentation, une mauvaise pensée, la rejeter de son esprit.

  • 9Produire la répulsion, le dégoût. Son air, son ton, ses manières me repoussèrent à tel point qu'il ne fut pas en moi de le bien recevoir. [Rousseau, Correspondance] Avec un extérieur peu attirant et presque fait pour repousser ceux qui n'y étaient pas aguerris, l'abbé d'Olivet portait au fond du coeur une envie d'obliger sincère et active, que plusieurs gens de lettres ont éprouvée. [D'alembert, Éloges, d'Olivet.]
  • 10Produire de nouveaux jets, de nouvelles parties, en parlant de plantes et d'animaux. Cet arbre a repoussé de plus belles branches. La propriété que ces insectes ont de repousser une nouvelle tête et une nouvelle queue à la place de celles que la section leur a fait perdre. [Bonnet, Observ. vers, Oeuv. t. I, p. 219, dans POUGENS]
  • 11 vi Pousser en écartant. Ce ressort repousse trop, ne repousse pas assez, il a trop de force, il n'a pas assez de force.

    Pousser en arrière, en parlant d'un fusil dont la crosse frappe rudement l'épaule quand on le tire. Ce fusil repousse.

    Terme de marine. Faire usage du repoussoir.

  • 12 Terme de peinture, en parlant des couleurs. Le bleu a repoussé dans ce tableau, c'est-à-dire qu'avec le temps il a fini par dominer et faire disparaître les couleurs auxquelles il était mêlé.
  • 13 Fig. Produire la répugnance, l'antipathie. Il a une figure qui repousse. Ses manières repoussent.
  • 14Produire de nouveaux jets. Il parut une multitude de sauterelles qui se forma lorsque les pluies du printemps commençaient à faire croître l'herbe, et ces pluies la faisaient repousser après qu'elle avait été coupée. [Sacy, Bible, Amos, VII, 1] Cette avenue et tout ce qui était désolé des chenilles, et qui a pris la liberté de repousser avec votre permission, est plus vert qu'au printemps dans les plus belles années. [Sévigné, 383]

    Il se dit dans un sens analogue des ongles, des cheveux.

  • 15Se repousser, vpron Exercer l'un sur l'autre une action qui écarte. Les pôles de même nom d'un aimant se repoussent. [Les corps célestes] Sans cesse s'attirant, se repoussent sans cesse. [Delille, L'imagination]
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