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retourner

(re-tour-né)
  • 1 vt Tourner dans un autre sens. Retourner une rôtie.

    Retourner un habit, le découdre et le refaire en mettant en dehors l'envers du drap quand l'endroit est usé.

  • 2Aux jeux, retourner une carte, tourner une carte de manière qu'on en voie la figure.

    Retourner coeur, pique etc. se dit, à certains jeux, de la carte qu'on retourne, après que tous les joueurs ont eu les cartes qu'ils devaient avoir.

    Impersonnellement et neutralement. Il retourne coeur. Le coup précédent il a retourné pique. Qu'est-ce qui retourne ? De quoi retourne-t-il ?

    Fig. et familièrement. Vous ne savez pas de quoi il retourne, vous ne savez ce qui se passe, quel est l'état des affaires. Je lui demanderai nettement de quoi il retourne. [Mirabeau, Lett. orig. t. III, p. 294]

    Voyons de quoi il retourne, voyons de quoi il est question, voyons ce qui se passe.

    Populairement. De quoi il retourne, ce qui se produit de nouveau. Voici de quoi il retourne pour le quart d'heure.

  • 3 Terme de tailleur de pierres. Retourner une pierre, lui faire un second parement opposé au premier, de sorte qu'ils soient parallèles entre eux.
  • 4Retourner la salade, remuer la salade dans le saladier, jusqu'à ce qu'elle ait bien pris tout l'assaisonnement. Il ne me reste que six mois à retourner la salade avec les doigts [au XVIIIe siècle les jeunes dames retournaient la salade avec leurs doigts]. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]
  • 5 Terme d'agriculture. Retourner le sol, le bêcher profondément. Le père mort, les fils vous retournent le champ Deçà, delà, partout ; si bien qu'au bout de l'an Il en rapporta davantage. [La Fontaine, Fables] Car le manant avec peine et sueur La retournait [la terre] et faisait son labeur. [La Fontaine, Papefig.] Vois-tu d'ici ces gens dont la fortune Est dans leurs bras, qui, la bêche à la main, Le dos courbé, retournent ce jardin ? [Voltaire, Enf. prodigue, III, 1]

    On dit dans le même sens : retourner de la luzerne, du gazon, bêcher un terrain semé de luzerne, de gazon.

  • 6Donner une seconde trempe à la chandelle à la baguette.
  • 7Tourner en arrière. Je retournais souvent la tête pour revoir encore le jeune homme que je laissais derrière moi ; mais je ne croyais pas me retourner pour lui. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***]
  • 8 Fig. et familièrement. Retourner quelqu'un, lui faire changer d'avis, de parti.

    On dit de même : il s'est laissé retourner.

    Tourner et retourner quelqu'un de tous sens, prendre différents biais pour le faire parler. Je lui donnai votre lettre ; elle montra la plus grande surprise en la voyant, et nia formellement le fait ; je la retournai de toutes les manières. [Genlis, Mères riv. t. II, p. 18, dans POUGENS] Après avoir examiné strictement cet homme comme espion, et l'avoir retourné en tout sens, en lui faisant peur... Corresp. du général Klinglin, I, 455]

    Retourner quelqu'un, signifie aussi lui causer une vive émotion. Votre récit m'a tout retourné.

  • 9Tourner et retourner quelque chose, l'examiner à différents points de vue. Plus je tourne et retourne cette idée [que Dieu peut communiquer la pensée à la matière], plus elle me paraît vraie. [Voltaire, Correspondance]
  • 10Retourner une chose, la redire de plusieurs façons différentes. Quand les gens coupables tiennent une pauvre petite vérité pour eux, ils la retournent de cent façons, et sont insupportables. [Sévigné, 118] Il dit et il retourne en quatre vers sans force, qu'il fera un sujet fidèle. [Voltaire, Correspondance]
  • 11Rétorquer. Celui qui se sert d'un dilemme doit prendre garde qu'on ne le puisse retourner contre lui-même, Logique de Port-Royal, V, 15.

    Familièrement. Retourner à quelqu'un les paroles dans la bouche, se servir contre lui des mêmes raisons que celles dont il se sert contre nous.

  • 12 Terme de commerce. Retourner des effets de commerce, des marchandises, les renvoyer à un correspondant.
  • 13 vi Aller de nouveau dans un lieu. Retourner en arrière. Vous êtes déjà allé à Lyon ; retournez-y.

    Aller là d'où on était venu. Retournez à l'armée, et, pour me protéger, Montrez cent mille bras tout prêts à me venger. [Corneille, Nicomède] Il lui fallut à jeun retourner au logis, Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris. [La Fontaine, Fables] Le soleil baisse fort, et je suis étonné Que mon valet encor ne soit point retourné. [Molière, Les fâcheux] Je suis bien aise de les venir voir [M. et Mme de Chaulnes à Rennes].... mais il faut que l'espérance de retourner dans mon repos [aux Rochers] me soutienne. [Sévigné, 20 juill. 1689] Acomat, c'en est fait, Vous pouvez retourner, je n'ai rien à vous dire. [Racine, Bajazet] Il me faut sans honneur retourner sur mes pas. [Racine, Iphigénie en Aulide] Retournez, consolez ce vieillard que j'honore. [Voltaire, Tancrède] Je vous défends de retourner sans mon ordre. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]

    Retourner, avec un infinitif. Retournez dès ce jour apprendre à Corbulon Comme on reçoit ici les ordres de Néron. [Crébillon, Rhadamiste, II, 2]

  • 14Il se dit de ce qui est comparé à un retour. Rome, depuis trois ans, par ses soins [de Néron] gouvernée, Au temps de ses consuls croit être retournée. [Racine, Britannicus] Retournez, retournez à la fille d'Hélène. [Racine, I, 4]

    Retourner en arrière, renoncer à une entreprise dont on est rebuté.

    Retourner à Dieu, se convertir. Suivez-la [une âme pénitente] dans tous les pas qu'elle fait pour retourner à lui [Dieu]. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    En un sens opposé. Un Achab, qui, averti par Élie, tantôt se couvre de cendre et de cilice, puis retourne à ses idoles. [Massillon, Carême, Inconst.]

    Retourner à son vomissement, voir VOMISSEMENT.

  • 15Retourner à. Recommencer à. Retourner au travail, au combat. Je le prie [M. de Grignan].... de prendre soin d'accourcir les lignes que je veux de vous ; il me paraît que vous l'avez trompé.... je vous demande tendrement de n'y plus retourner. [Sévigné, 2 févr. 1680] Ce serait une folie impardonnable à son âge ; mais il n'y retournera plus, madame ; et je vous demande pardon de sa témérité. [Pont de Vesle, Somnamb. 16]

    Retourner à, avec un infinitif. C'est ce qui fait que je retourne encore à vous envoyer une de ces lettres. [Sévigné, à d'Hérigoyen, 23 avr. 1687]

    Par manière de réprimande. N'y retournez plus, ne retombez plus dans la même faute. Si vous y retournez, on vous apprendra le respect que vous devez à votre femme. [Molière, George Dandin]

  • 16S'occuper de nouveau de, penser à, parler de. Elle [Mademoiselle] retourna sur la maison et sur les bonnes qualités de M. de Lauzun. [Sévigné, 12] Je ne veux point retourner sur tout ce que j'ai souffert pendant mon grand mal. [Sévigné, 15 mars 1676] Cette Providence me retient ; car, sans cela, on n'aurait jamais fait de retourner sur le passé ; c'est un écheveau qui ne finirait point. [Sévigné, 24 juill. 1689]
  • 17Retourner sur, retomber sur. Et souvent la perfidie Retourne sur son auteur. [La Fontaine, Fables] Je ne comprends que trop toutes vos peines ; elles retournent sur moi, de sorte que je les sens de deux côtés. [Sévigné, 17 avril 1689]

    Dans un sens opposé. Toutes les louanges que je lui donne retournent à Dieu, qui en est la source. [Fléchier, Oraisons funèbres]

  • 18Être renvoyé, être répété, être mentionné dans une réponse. Parlez-moi de vous, de vos affaires.... tout est sûr, rien ne se voit, rien ne retourne. [Sévigné, 29 nov. 1684] Je suis bien aise que vous ayez vu le dessous des cartes du procédé de M. de Pompone et de Mme de Vins, et que vous soyez entrée dans leur politique, sans en avoir rien fait retourner à Paris. [Sévigné, 16 fév. 1676] Voilà bien des folies que je ne voudrais dire qu'à vous.... je vous prie que cela ne retourne jamais. [Sévigné, 19 janv. 1674]
  • 19Être restitué à, faire retour à. Terres qui doivent retourner au propriétaire qui en a disposé. Cette terre est retournée depuis à la maison de Luxembourg. [Duclos, Oeuv. t. III, p. 294]
  • 20 Terme de maçon. Retourner d'équerre, établir une perpendiculaire en un point d'une ligne droite réelle ou fictive.

    Retourner, vi se conjugue avec être ; rarement avec avoir ; cependant il y en a des exemples. J'ai retourné depuis à Versailles avec Mme de Verneuil, pour faire ce qui s'appelle sa cour. [Sévigné, 7 août 1675]

  • 21Se retourner, vpron Se tourner dans un autre sens. Il est si faible qu'il ne peut se retourner dans son lit. Horace, les voyant l'un de l'autre écartés, Se retourne, et les croit déjà demi-domptés. [Corneille, Horace] La Mothe le Vayer se retourna vers lui [Saint-Sorlin, qui lui reprochait de n'avoir point de religion], et daigna lui dire : Mon ami, j'ai tant de religion, que je ne suis pas de ta religion. [Voltaire, Poëme, Lisbonne, préface.] Il [le moyen duc] se retourne sur le dos, pour se défendre quand il est assailli par un ennemi trop fort. [Buffon, Oiseaux] J'ai coupé à des feuilles de vigne quelques-unes des principales nervures, elles n'ont pas laissé de se retourner. [Bonnet, Us. feuilles, 2e mém.]

    Fig. Dégoûtés du monde et de nous-mêmes, nous nous sommes souvent retournés vers le Seigneur. [Massillon, Carême, Inconst.]

  • 22 Fig. et familièrement. Prendre d'autres mesures. Et je voulus après cette aventure Me retourner vers la magistrature. [Voltaire, Le pauvre diable]

    Absolument. Il saura bien se retourner. Une longue et cruelle indigence, de grands airs et un grand usage du monde lui avaient [à de Guiche] appris à se retourner. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 23Se retourner d'équerre, mener une perpendiculaire sur une ligne effective ou supposée.
  • 24S'en retourner, s'en aller. Il eut permission de faire rapporter les coffres chez lui, et il s'y en retourna aussi avec Raymond, Audebert et Hortensius, qui avaient toujours été présents. [Francion] Je n'ai qu'à m'en retourner d'où je viens. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Et, dès devant l'aurore, Vous vous en êtes retourné. [Molière, L'amphytrion] Pour moi je suis ravie, et, si vous en doutez, écrivez-le-moi à Lyon, afin que je m'en retourne sur mes pas. [Sévigné, 154] Si vous me retirez la main qui me protége, Tel que je suis venu, tel m'en retournerai-je. [Boursault, És. à la cour, V, 2] Et de leur vain projet les chanoines punis S'en retournent chez eux éperdus et bénis. [Boileau, Le lutrin] Ostorius : On m'a vu à l'hôtel de Bourgogne.....Pluton : Retourne-t-y-en. [Boileau, Héros de romans.] Je m'en retournerai seule et désespérée. [Racine, Iphigénie en Aulide]

    S'en retourner comme on est venu, faire un voyage, une visite, une tentative inutiles.

    PROVERBE

    C'est le ventre de ma mère, je n'y retourne plus, se dit d'une chose qu'on se repent d'avoir faite.

REMARQUE

Ne dites pas : je me suis en retourné ; mais : je m'en suis retourné.

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