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tyran

nm (ti-ran)
  • 1Dans l'antiquité, parmi les Grecs, celui qui s'emparait de l'autorité souveraine sur une communauté républicaine, soit qu'il l'exerçât avec modération et douceur, soit qu'il en abusât. Pisistrate fut tyran d'Athènes. C'est ce qu'on appelle un tyran ; il ne fait pas le mal par le seul plaisir de le faire ; mais le mal ne lui coûte rien, toutes les fois qu'il le croit utile à l'accroissement de sa grandeur. [Fénelon, Dialogues des morts] Ce fut alors que parut une suite de souverains connus sous le nom de tyrans, parce qu'ils jouissaient d'une autorité absolue. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis] Comme l'usurpation amène et nécessite la tyrannie, les Grecs prirent bientôt le nom de tyran dans la même acception que nous. [Sainte-croix, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. II, p. 510]
  • 2Celui qui a usurpé la puissance souveraine dans un État (sens qui a vieilli). La soif de commander enfanta des tyrans. [Boileau, Satires] Puisqu'il [César] était tyran, il n'eut point de vertus. [Voltaire, La mort de César] Les habiles tyrans ne sont jamais punis. [Voltaire, La méroppe française] On donne aujourd'hui le nom de tyran à un usurpateur, ou à un roi qui fait des actions violentes et injustes ; Cromwell était un tyran sous ces deux aspects. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

    Les trente tyrans, voir TRENTE.

  • 3Prince, usurpateur ou non, qui gouverne avec injustice, avec cruauté, en foulant aux pieds les lois divines et humaines. Aux noces d'un tyran, tout le peuple en liesse Noyait son souci dans les pots. [La Fontaine, Fables] Ses yeux indifférents [de Néron] ont déjà la constance D'un tyran dans le crime endurci dès l'enfance. [Racine, Britannicus] Les vices ont aussi leur perfection : un demi-tyran [au théâtre] serait indigne d'être regardé ; mais l'ambition, la cruauté, la perfidie, poussées à leur plus haut point, deviennent de grands objets. [Fontenelle, Réfl. poét. 17] J'aimerais autant mettre les voleurs de grand chemin au rang des corps de l'État, que de placer les tyrans au rang des rois. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard] On appelle tyran le souverain qui ne connaît de lois que son caprice, qui prend le bien de ses sujets, et qui ensuite les enrôle pour aller prendre celui de ses voisins ; il n'y a point de ces tyrans-là en Europe. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Henri VIII était tyran dans son gouvernement comme dans sa famille, et couvert du sang de deux épouses innocentes, comme de celui des plus vertueux citoyens. [Voltaire, ib. Tyran.] Les grands le traitaient de tyran [Louis XI], parce qu'il ne leur permettait pas de l'être. [Duclos, Oeuv. t. III, p. 356]
  • 4 Par extension, il se dit de tous ceux qui tyrannisent. Il est le tyran de sa famille. C'est un tyran dans sa maison. Ce chef est un tyran pour ses subordonnés. Et donnons un tyran à ces tyrans du monde [les Romains]. [Corneille, La mort de Pompée] Et la fuite est permise à qui fuit ses tyrans. [Racine, Phèdre] Ne se contentant pas de faire le petit tyran dans une fête. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Telle est l'ingratitude des hommes ; plus vous les rendez maîtres de votre coeur, plus ils s'en rendent les tyrans. [Massillon, Carême, Pécheresse.] Les Romains, après avoir été les tyrans des nations.... [Voltaire, Philos. Lett. de Memmius, III] Voilà bien, reprit-elle, le propos d'un tyran qui ne croit jouir de sa liberté qu'autant qu'il trouble celle des autres. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse] Il faut en ce monde-ci avoir le moins de tyrans qu'il est possible. [D'alembert, Lett. à Voltaire, 23 juin 1766] Lorsqu'il [Aristote] dit que le peuple souverain est un tyran à mille têtes. [Sainte-croix, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. II, p. 510]

    Tyran domestique, se dit d'un homme qui tyrannise sa famille, sa maison.

    Il est le tyran de sa compagnie, il a pris dans sa compagnie une autorité dont il abuse.

    Fig. Vous vous souvenez du vieux pédagogue de la cour, et qu'on appelait autrefois le tyran des mots et des syllabes. [Guez de Balzac, Socrate chrétien]

    Adjectiv. Je ne fus plus cet homme malhonnête et tyran, qui voulais sacrifier tous mes amis à mon ambition et à mon caprice ; on ne parla dans la conversation que de la tendresse qu'on avait pour moi. [Retz, Mémoires] C'est être faux et tyran de dire : il n'est pas fort, donc je ne l'estimerai pas ; il n'est pas habile, donc je ne le craindrai pas. [Pascal, Pensées]

  • 5 Fig. Il se dit de choses dont on compare l'action à la tyrannie des hommes. Secrets tyrans de ma pensée, Respect, amour, de qui les lois.... [Corneille, La veuve] Mon Dieu ! que votre amour en vrai tyran agit ! [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] L'art est un tyran qui se plaît à gêner ses sujets, et qui ne veut pas qu'ils paraissent gênés. [Fontenelle, Refl. poét. LXI] Ainsi lorsque les vents, fougueux tyrans des eaux, De la Seine ou du Rhône ont soulevé les flots. [Voltaire, La Henriade] D'une sainte folie un peuple furieux Chanter : Amour, tyran des hommes et des dieux ! [Chénier, l'Invention.]

    L'usage est le tyran des langues, l'usage prévaut sur les règles de la grammaire.

  • 6Oiseau du genre faucon. Le nom de tyran donné à des oiseaux doit paraître plus que bizarre. [Buffon, Oiseaux]

    Genre d'oiseaux sylvains ou de passereaux de la famille des gobe-mouches.

REMARQUE

Quelques-uns ont essayé de dire tyranne, par exemple Desportes ; mais cela n'a pas réussi ; et il faut dire tyran en parlant d'une femme. Cette femme est un tyran domestique. Toutefois Fr. Soulié a employé ce mot dans le style familier. Assurément, mais.... - Il n'y a pas de mais ; je veux, j'exige que vous teniez votre parole, entendez-vous ? - Soit, tyranne, dit M. de Simon, en embrassant sa femme. [Soulié, Au jour le jour, § XI]

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