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vous

pronom pers. pl. de la seconde personne (vou ; l's se lie : vou-z-êtes)
  • 1Il se dit quand on adresse la parole à plusieurs personnes. Messieurs, je vous adjure.... Vous et celui qui vous mène, vous périrez. [Fénelon, Télémaque]
  • 2On s'en sert aussi au singulier par civilité, et alors ce qui s'y rapporte se met au singulier. Ils se disent vous l'un à l'autre. Qu'elle me parle de vous, et quoi encore ? de vous, et toujours de vous. [Sévigné, 50] Agrippine : Britannicus est mort : je reconnais les coups ; Je connais l'assassin. - Néron : Et qui, madame ? - Agrippine : Vous. [Racine, Britannicus] Ce ne fut que longtemps après lui [César] que les hommes s'avisèrent de se faire appeler vous au lieu de tu, comme s'ils étaient doubles. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Vous, le frère de la belle Cunégonde ! vous qui fûtes tué par les Bulgares ! vous, le fils de M. le baron ! vous, jésuite au Paraguay ! il faut avouer que le monde est une étrange chose. [Voltaire, Candide, ou L'optimiste] Je dois des remerciements à tout le monde et, vous, monsieur, à qui j'en dois le plus, êtes celui à qui j'en fais le moins. [Rousseau, Correspondance] Et vous êtes un père de famille, vous ? [Diderot, Le père de famille]
  • 3Vous, régime direct ou indirect, se place avant le verbe dont il est le complément. Il vous aime. Il vous fait du bien.

    Cependant, quand il est régime indirect, on peut, pour marquer plus de force, le mettre après le verbe avec à. Je ne sais s'ils me blâment de vous aimer ; mais sûrement ils ne me blâmeront pas d'être dévouée à vous, quand je vous aime. [Staël, Corinne, ou l'Italie]

    À l'impératif, vous régime se place après le verbe. Soignez-vous. Mais, quand il y a deux verbes de suite à l'impératif, si le second est réfléchi, on peut mettre vous avant le verbe. Aspirez aux clartés qui sont dans la famille, Et vous rendez sensible aux charmantes douceurs.... [Molière, Les femmes savantes]

    Dans les interrogations, vous, sujet, se met après le verbe, et vous, régime, se met avant. Que faites-vous ? D'où venez-vous ? De quoi vous êtes-vous avisé de charger les enfers d'une si dangereuse créature ? [Boileau, Les héros de romans.]

  • 4Après votre, à vous se met quelquefois pour indiquer d'une façon expressive la possession. Votre régiment à vous, continua M. de Germond, ne sera pas mis en activité de sitôt. [Staël, Corinne, ou l'Italie]
  • 5Vous devant le verbe être exprime quelquefois des liens de parenté ou d'amitié. J'ai bien des raisons, monseigneur, pour bien vivre avec eux ; mais ce qu'ils vous sont en serait une suffisante pour moi. [Maintenon, Lettres]
  • 6Dans un sens indéfini. Elle est si belle que vous ne sauriez vous empêcher de l'admirer. Ah ! que pour ses enfants un père a de faiblesse ! Peut-on rien refuser à leurs mots de tendresse ? Et ne se sent-on pas certains mouvements doux, Quand on vient à songer que cela sort de vous ? [Molière, La princesse d'Élide] C'était un homme âgé, mais grand, d'une belle figure et de bonne mine, d'une physionomie qui vous rassurait en la voyant, qui vous calmait, qui vous remplissait de confiance. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***]
  • 7Vous explétif. Plein d'un juste courroux, Il vous prend sa cognée, il vous tranche la bête. [La Fontaine, Fables] Le rustre, en paix chez soi, Vous fait argent de tout, convertit en monnaie Ses chapons, sa poulaille,.... [La Fontaine, ib. XI, 3] Il vous eût arrêté le carrosse d'un prince ; Il vous l'eût pris lui-même. [Racine, Les plaideurs] Le chameau se rengorge, il vous fait le gros dos. [Lamotte, Fables, IV, 14] Ils vous créent un monde aussi aisément que l'abbé de l'Attaignant fait une chanson. [Voltaire, Correspondance] C'est un petit cheval qui, au moindre coup d'éperon, vous court au grand galop. [Voltaire, Correspondance]

    Vous est aussi explétif dans cette phrase de Mme de Sévigné : Je vous embrasse, très chère petite, et vous baise vos belles joues. [Sévigné, à Mme de Grignan, 1 juill. 1671]

  • 8Uni avec même, il marque plus expressément la personne. Vous-mêmes, ou, quand il s'agit d'une seule personne, vous-même. Vous en allez juger vous-même tout à l'heure. [Boileau, Héros de romans. Avocat, De votre ton vous-même adoucissez l'éclat, RAC. Plaid. III, 3]

    Vous êtes, vous n'êtes pas vous-même, vous restez, vous ne restez pas fidèle à votre caractère. Je ne vous connais plus ; vous n'êtes plus vous-même. [Racine, Andromaque] Mes mânes sont contents ; soyez toujours vous-mêmes, De vos rois, de l'État, défenseurs glorieux. [Gilbert, Ode aux officiers, sur la mort de Louis X]

    Vous deux, se dit de deux personnes à qui l'on parle. Ce n'est pas vous [Boissonade] qui succédez à M. Ameilhon, ni Coraï non plus ? il y a en France quelqu'un plus habile que vous deux ? [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Un autre vous-même, voir MÊME, n° 12.

  • 9De vous à moi, entre nous et sans que ce que je vous dis aille plus loin.

    De vous à moi, signifie aussi entre nous deux, qui nous connaissons. Hernani : Quoi ! vous portiez la main sur cette jeune fille ! C'était d'un imprudent, seigneur roi de Castille, Et d'un lâche ! - Don Carlos : Seigneur bandit, de vous à moi Pas de reproche ! [Hugo, Hernani, ou l'Honneur castillan]

  • 10Chez vous, votre maison, votre famille. Je vous prie de faire mes compliments chez vous.
  • 11Pour l'emploi de vous comme pronom réfléchi, voy. SE, REM. 3, 4, 5, 7, 8, 9 et 10.

REMARQUE

1. Quand vous est joint à un sujet de 3e personne, le verbe se met à la seconde personne du pluriel, et on répète vous ; cependant on peut aussi le supprimer. Vous et lui, vous partirez ensemble ; vous et lui, partirez ensemble.

2. Quand il y a plusieurs verbes, les vous qui suivent le premier peuvent être supprimés. Ainsi votre forêt prend un aspect moins rude ; Vous charmez son effroi, peuplez sa solitude, Animez son silence, et goûtez à la fois Les charmes d'un bienfait et le charme des bois. [Delille, Les jardins ou L'art d'embellir les paysages]

3. C'est vers la fin de l'empire romain qu'on a commencé à dire vous au lieu de tu. De là cette forme de langage est devenue générale. Au reste il y avait déjà tendance chez les Latins à dire vos à une seule personne, quand avec cette personne on pouvait joindre par la pensée celles qui l'accompagnaient : Vos, o Calliope, precor, adspirate canenti. [Virg. Aen. IX, 525]

+

VOUS. - REM. Ajoutez :

4. Avec un verbe à l'impératif, vous ne se met pas. Cependant Régnier a écrit : Il me dit : vous soyez, monsieur, le bien venu ! Sat. X. Cela n'est plus usité.

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