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continuer

vt (kon-ti-nu-é)
  • 1Ne pas interrompre. Continuer ses études, sa lecture. Continuer son voyage. Son oraison fut perpétuelle pour être égale au besoin.... si le travail semblait l'interrompre, ce n'était que pour la continuer d'une autre sorte. [Bossuet, Oraisons funèbres] Pompée lui reprocha qu'il laissait toujours des ressources à l'ennemi vaincu, pour se perpétuer dans le commandement, et pour pouvoir continuer un pillage odieux à ses propres soldats. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine]
  • 2Prolonger, étendre. Continuer un mur. Continuer un bail à un fermier. Continuez-lui vos bienfaits. Vous lui continuez ce service fidèle. [Corneille, La mort de Pompée] Et je n'empêche point qu'on ne vous continue Votre toute-puissance au point qu'elle est venue. [Corneille, Othon] Le temps du consulat étant expiré, on lui continua le même emploi avec le titre de proconsul. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine] On continua la possession des fiefs pour de l'argent, comme on continuait la possession des comtés. [Montesquieu, L'esprit des lois]

    Continuer un ouvrage, y donner une suite. L'histoire de Thucydide fut continuée avec succès par Xénophon, que vous avez connu. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis]

    Continuer quelqu'un, être son continuateur ; suivre les mêmes voies, les mêmes idées que lui. En plusieurs choses, Mazarin continua Richelieu.

  • 3Maintenir quelqu'un dans une place. On le continua dans son emploi. Louis XIV voulut que le doge qui viendrait lui demander pardon fût continué dans sa principauté, malgré la loi perpétuelle de Gênes qui ôte cette dignité à tout doge absent un moment de la ville. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]
  • 4 vi Ne pas s'arrêter, ne pas s'interrompre. Continuez, je vous prie. Qu'après son châtiment ma faute continue. [Corneille, Horace] Continuez, madame, et comptez sur moi, on est trop honoré de pouvoir contribuer au bien que vous faites. [Marmontel, Contes moraux]

    Continuer à, avec un infinitif. Je ne croirai pas qu'elle m'aime tant qu'elle dit, ni que j'aie beaucoup de part en ses prières, si je continue à avoir si peu de santé et si peu de fortune. [Voiture, Lettres] Puisque vos maximes sont si utiles et qu'il est si important de les publier, vous devez continuer à m'en instruire. [Pascal, Les provinciales] Pensez-vous que Calchas continue à se taire ? [Racine, Iphigénie en Aulide] Qu'importe que César continue à vous croire ? [Racine, Britannicus] Et la manière dont vous parlez de lui commencerait à me déplaire, si vous continuiez à me cacher les raisons qui vous y obligent. [Baron, l'Homme à bonnes fortunes, II, 10] Il le pria de continuer à lui apprendre ce qu'il en savait. [Bouhours, Nouv. rem.]

    Continuer de, avec un infinitif. Quoique j'aie à me plaindre de madame, je continue de la voir, elle continue de m'écrire. [Racine, dans GIRAULT-DUVIVIER] Sésostris continuait de me regarder d'un oeil de complaisance. [Fénelon, Télémaque] Laissez parler, et continuez d'agir. [La Bruyère, dans GIRAULT-DUVIVIER] En continuant de me parler ainsi. [Bouhours, Nouv. rem.] J'appellerai ces sortes d'idées intellectuelles simplement idées, pour les distinguer des autres que je continuerai de nommer sensations. [Condillac, Trait. sens. part. II, ch. 8]

    S'étendre ou se prolonger. Cette côte continue depuis tel endroit jusqu'à tel autre.

  • 5Se continuer, vpron Être continué. Cet ouvrage se continue.

    Se prolonger, s'étendre. La côte se continue sans escarpement.

REMARQUE

CONTINUER À, CONTINUER DE. D'après l'Académie, on doit se servir de continuer à quand il s'agit d'une action commencée et que l'on continue, et de continuer de quand il s'agit d'une action qu'on a l'habitude de faire. Cet homme, tenant son verre, continue à boire ; c'est-à-dire il achève ce qu'il avait commencé ; mais cet homme est un ivrogne, et, malgré ses promesses, il continue de boire, c'est-à-dire il persiste dans ses habitudes d'ivrognerie. Mais cette distinction, qui n'est pas fondée sur le sens des prépositions à ou de, ne l'est pas non plus sur les exemples des auteurs qui usent, ou indifféremment ou suivant l'oreille, des deux prépositions. Laveaux voulait que à indiquât une intention dirigée vers un but, et qu'on se servît de la préposition de quand rien n'indiquait un but, une intention ; cette distinction, fondée sur la conception abstraite des rapports exprimés ordinairement par à et de, n'est pas appuyée par l'usage.

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CONTINUER. - HIST. Ajoutez : XIIe s. En sorquetot [il] n'aveit leisir De totes lor façons escrire ; Trop aveit à fere et à dire Del siege et de la mortel guerre, Et de continuer l'afere. [Benoît de Ste-more, Roman de Troie, V. 5564]

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