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courage

nm (kou-ra-j')
  • 1L'ensemble des passions qu'on rapporte au coeur. Au moins, que les travaux, Les dangers, les soins du voyage Changent un peu votre courage. [La Fontaine, Fables] Vous voilà, vains honneurs qui m'enfliez le courage, Écoulés en un jour comme l'eau d'un orage. [Rotrou, Bélisaire] Sans que.... Il te reste aucun fruit que la honte et la rage Qu'un remords inutile allume en ton courage. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] De tous deux Rodogune a charmé le courage. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Que tu pénètres mal le fond de mon courage ! [Corneille, ib. IV, 5] Accordez votre bouche avec votre courage, Pratiquez vos conseils ou ne m'en donnez pas. [Corneille, Cour de Mélite, I, 2] La honte suit de près les courages timides. [Racine, Alexandre le grand] Détrompez son erreur, fléchissez son courage. [Racine, Phèdre] Quel courage endurci Soutiendra les assauts qu'on lui prépare ici ? [Racine, Iphigénie en Aulide] Le nom d'amant peut-être offense son courage. [Racine, Phèdre] Mais de faire fléchir un courage inflexible. [Racine, ib.] Je ne sais maintenant qui retient mon courage Que de vingt coups de poing au milieu du visage.... [Regnard, Les folies amoureuses] Un étranger, Fatime, un captif inconnu Promet beaucoup, tient peu, permet à son courage Des serments indiscrets pour sortir d'esclavage. [Voltaire, Zaïre] C'est même une lâcheté de courage. [Massillon, Car. Doutes.] Soumettez-lui les fiers courages Des plus nobles peuples du Nord. [Gresset, O de au roi Stanislas.]
  • 2La personne même, considérée au point de vue de la passion qui l'anime. Ce grand prince calma les courages émus. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il devient un objet de mépris aux uns, et, ce qui est le plus insupportable à un grand courage, un objet de pitié aux autres. [Bossuet, Oraisons funèbres] Combien reçut-il d'avis secrets que sa vie n'était pas en sûreté ! Et il connaissait, dans le parti, de ces fiers courages dont la force malheureuse et l'esprit extrême ose tout et sait trouver des exécuteurs. [Bossuet, Oraisons funèbres] Ô la lâche personne ! ah ! le faible courage. [Molière, Le dépit amoureux] Homère aux grands exploits anima les courages. [Boileau, L'art poétique] Quels courages Vénus n'a-t-elle point domptés ? [Racine, Phèdre] Cela ne put étonner des courages qui étaient à toute épreuve, et qu'une suite non interrompue de prospérités remplissait d'assurance. [Rollin, Histoire ancienne]

    Homme courageux. [La France] Pleine de moeurs et de courages. [Malherbe, II, 3]

  • 3Zèle, bonne volonté, ardeur. Je vous servirai de grand courage. Donner courage aux faibles. [Pascal, dans COUSIN] Il ne perdit pourtant pas courage. [Pascal, Les provinciales] Il me disait que je devais prendre courage. [Fénelon, Télémaque] Je me sentis plein de courage contre les plaisirs. [Fénelon, ib.]
  • 4Fermeté qui fait supporter ou braver le péril, la souffrance, les revers, etc. Ses négociations, ses traités, tout ce que sa prudence et son courage opposaient à la fortune de l'État. [Bossuet, Oraisons funèbres] S'il y eut jamais une conjoncture où il fallut montrer de la prévoyance et un courage intrépide, ce fut lorsqu'il s'agit d'assurer la garde des trois illustres captifs. [Bossuet, Oraisons funèbres] La vraie épreuve du courage N'est que dans le danger que l'on touche du doigt. [La Fontaine, Fables] Le vrai courage trouve toujours quelque ressource. [Fénelon, Télémaque] Ce jeune roi, bien fait, vigoureux, d'une mine haute et fière, avait dans ses yeux la fureur et le désespoir ; il était comme un beau cheval qui n'a point de bouche, son courage le poussait au hasard, et la sagesse ne modérait point sa valeur. [Fénelon, ib. II] D'un courage naissant sont-ce là les essais ? [Racine, Iphigénie en Aulide] Le monde, injuste estimateur des choses du ciel, ne laissera pas d'admirer et de faire valoir le courage de ce sacrifice. [Massillon, Car. Resp. hum.] Dessus ses grands chevaux est monté mon courage. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire] La philosophie peut éclairer ; mais d'une âme faible elle n'en saurait faire une âme forte ; il y a bien des sortes de courages. [Condillac, Hist. anc. II, 10] Le vrai courage est une confiance éclairée que rien ne trouble. [Condillac, ib. II, 11]

    Courage d'esprit, fermeté de l'intelligence qui fait saisir les idées hardies, par opposition à courage de coeur, qui fait braver les périls présents. Ces sortes d'idées hardies, pourvu qu'elles le soient dans de certaines bornes, partent d'un courage d'esprit, rare même parmi ceux qui ont le courage du coeur. [Fontenelle, Chazelles.]

    Donner courage, inspirer du courage. César qui lisait sa peur sur son visage, Le flattait par pitié, pour lui donner courage. [Corneille, La mort de Pompée]

    Prendre courage, ne pas se laisser abattre ; reprendre courage, se relever après avoir été abattu moralement. Prends courage, ma fille, et sache qu'aujourd'hui Ton roi te veut servir et de père et d'appui. [Corneille, Le Cid]

    Perdre courage, se décourager. Battus sans jamais perdre courage. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]

    Il se dit aussi des animaux. Ce chien a du courage.

    Familièrement. Prendre, tenir son courage à deux mains, faire effort pour s'affermir dans une résolution.

    Courage ! interjection d'encouragement, d'excitation. Allons, courage ! Du courage ! Mais courage, il s'émeut, je vois couler des larmes. [Corneille, Polyeucte] Ménage, qui a dit tant de mots et qui en a dit si peu de bons, avoit pourtant raison de s'écrier à la représentation des Précieuses ridicules : courage, Molière ! voilà le bon comique. [Marmontel, Éléments de littérature]

  • 5Dureté de coeur (le courage de la fermeté ayant, par exagération, passé à la dureté de coeur, à l'insensibilité). Je n'ai pas le courage de lui refuser cela. Le traître eut le courage de livrer son meilleur ami. Sans que les larmes d'un si bon roi pussent amollir le courage de ces tigres qui le trahissaient si lâchement. [Vaug. Q. C. 317]

    PROVERBE

    Il n'y a plus que courage, ou il n'y a plus que le courage, locution qui se dit pour encourager en avertissant qu'on est au bout de la peine, du travail, de la course, etc.

SYNONYME

1° COEUR, COURAGE. Courage est un dérivé de coeur, et c'est cette dérivation qui permet de les distinguer, puisque, par là, courage doit contenir quelque chose de plus. En tant que considérés comme ce genre de fermeté qui fait mépriser le danger, coeur et courage sont synonymes ; et dans cette phrase de Molière : Et le coeur est digne de blâme Contre les gens qui n'en ont pas (Amph. I, 2), courage irait aussi bien. Mais bien que l'on dise combattre avec courage, on ne dit pas combattre avec coeur. Donc ce que la dérivation ajoute à coeur pour former courage, c'est que courage exprime la manifestation du coeur. Quand le coeur se manifeste par des actes extérieurs, il prend le nom de courage.

2° COURAGE, BRAVOURE., Courage est plus général que bravoure ; justement parce que courage tient étroitement à coeur, il exprime tous les genres de courage aussi bien à la guerre que dans la paix. Au contraire bravoure n'exprime que le courage dans le combat.

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COURAGE. - REM. J. J. Rousseau a dit : Faire bon courage, pour : garder bon courage. Cependant je fais bon courage autant que je le puis. [Rousseau, Correspondance] C'est un italianisme : far coraggio.

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