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crier

vi (kri é), je criais, nous criions, vous criiez ; que je crie, que nous criions, que vous criiez ; je crierai ; je crierais ; on écrit aussi quelquefois crîrai, crîrais
  • 1Faire un ou plusieurs cris. Écoutez, l'enfant crie. Le chien battu criait. Les canards s'ébattent dans cette mare et crient. La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ; On a beau la prier ; La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles Et nous laisse crier. [Malherbe, VI, 18] S'il savait son affaire, Il crierait comme moi. [La Fontaine, Fables] Dans les rues les petits enfants crient sur lui. [Sévigné, 145] Aussitôt on accourt ; tout le peuple empressé Crie, pousse, se bat pour être bien placé. [Fénelon, XXI, 305] D'autres veulent crier, et leurs voix défaillantes Expirent de frayeur sur leurs lèvres béantes. [Delille, Énéide]

    Fig. Plumer ou tuer la poule sans la faire crier, exiger sans bruit et sans éclat des choses qui ne sont pas dues, rapiner tacitement.

    Familièrement. Il crie comme si on l'écorchait, ou comme un aveugle qui a perdu son bâton, il pousse de grands cris.

    Crier comme un perdu, comme un fou, comme un enragé, comme un beau diable, expressions familières qui signifient crier très fort.

    Crier à pleine tête, à tue-tête, du haut de sa tête, crier de toute sa force.

    Terme de chasse. Quand les chiens chassent, on ne dit pas les chiens aboient, mais les chiens crient.

  • 2Parler fort haut ou trop haut. Il est tellement sourd qu'il faut crier pour se faire entendre. Il ne saurait discuter sans crier. Cette femme-là ne chante pas, elle crie.

    Discuter avec aigreur. C'était à qui crierait le plus haut, le plus fort.

  • 3Dire en criant. Se tournant de leur côté il leur cria : Ils ont vécu. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine] Elle crie au second qu'il secoure son frère. [Corneille, Horace] Et je pense avoir même entendu quelque voix Nous crier qu'on apprît à dédaigner les rois. [Corneille, Suréna]

    Fig. On rapporte qu'il [Alexandre blessé] dit : Tous jurent que je suis fils de Jupiter ; mais ma blessure me crie et me fait sentir que je suis homme. [Rollin, Histoire ancienne]

    Avertir avec instance. Il y a longtemps que je lui crie d'être sage, de prendre garde à lui. Et que sert à Cotin la raison qui lui crie : N'écris plus, guéris-toi d'une vaine manie ? [Boileau, Satires]

  • 4Prononcer un ou plusieurs mots en criant. Les soeurs crient miracle, et chacune ravie Conçoit pour son vieux père une pareille envie. [Corneille, Médée] J'entends crier au voleur, au feu. [Sévigné, 20] M. de Cambrai et ses amis crient ici victoire. [Bossuet, Lett. quiét. 176] Rendons grâce à lui seul [Dieu] du rayon qui nous luit, Sans nous enfler d'orgueil et sans crier ténèbres Aux enfants de la nuit. [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses]

    Crier famine, crier misère, se plaindre hautement de la gêne où l'on se trouve. Elle alla crier famine Chez la fourmi sa voisine. [La Fontaine, Fables] Nous avons eu beau crier misère. [Sévigné, 288]

    Crier famine sur un tas de blé, se plaindre de manquer des choses dont on est amplement pourvu.

    Crier vengeance, faire appel à la vengeance. Il leur criait vengeance et changeait de pensée. [Voltaire, L'orphelin de la Chine]

    En parlant des choses. Son sang criera vengeance et je ne l'orrai pas ! [Corneille, Le Cid] Voilà qui crie vengeance au ciel. [Molière, L'avare]

    Anciennement. Crier haro (voir HARO), arrêter un homme pour le conduire sur-le-champ devant le juge. À ces mots on cria haro sur le baudet. [La Fontaine, Fables]

    Fig. Crier haro sur quelqu'un, appeler sur lui la haine, la colère des autres.

  • 5Intercéder. Tous les trésors du ciel vont se répandre sur la terre ; la voix du sang de Jésus-Christ crie pour vous. [Massillon, Car. Motif de conv.]

    Faire appel aux sentiments. Le sang de nos rois crie et n'est point écouté. [Racine, Athalie] Que je découvre ce corps pâle et sanglant auprès duquel fume encore la foudre qui l'a frappé ; que je fasse crier son sang comme celui d'Abel, et que j'expose à vos yeux les tristes images de la religion et de la patrie éplorée. [Fléchier, Oraisons funèbres]

    Être criant. Malgré les cris de cette noblesse, malgré l'abus qui criait de lui-même. [Montesquieu, L'esprit des lois] Je ne vous ferai sur cela aucun commentaire, la chose crie ; vous en serez révolté. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

  • 6Répéter de tous côtés. On criait de tous côtés que la république était rétablie. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine]
  • 7Réprimander d'une manière aigre et bruyante. Il ne fait que crier. Elle a bien crié après lui.
  • 8Faire entendre hautement le blâme, la plainte. Tout le monde crie de cela, crie contre ce ministre. Mais entendez crier Rome à votre côté. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Ô temps ! ô moeurs ! j'ai beau crier ; Tout le monde se fait payer. [La Fontaine, Fables] Hélas ! j'ai beau crier et me rendre incommode, L'ingratitude et les abus N'en seront pas moins à la mode. [La Fontaine, ib. XII, 16] Je vous crois ; mais pourtant on crie, on vous menace. [Boileau, Satires] De zélés indiscrets qui crieront en public contre eux, qui les accableront d'injures. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Qui criaient après les vices de leur siècle. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Il voulut les faire crier contre l'injustice du ciel. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] D'où vient que Tertullien crie si souvent contre les philosophes et les nomme tantôt les patriarches des hérétiques, tantôt les cuisiniers de toutes les hérésies ? [Pellisson, Mém. pour les gens de lettres, p. 84] Ceux qui criaient contre les abus. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Il est le premier à crier contre les dépenses excessives. [Fénelon, Télémaque] Cet impôt fait beaucoup crier le peuple en France. [Rousseau, Pol. 11] La nation française qui crie si aisément et qui plus aisément encore se lasse de crier. [D'alembert, Destruct. les jés. Oeuvres, t. V, p. 71, dans POUGENS.]
  • 9Crier vers Dieu, élever la voix vers Dieu, l'implorer. À qui crierai-je, Seigneur, si ce n'est à vous ? [Pascal, Prière.] Grand Dieu, vous refuserez-vous à la brebis qui revient ? Le sang de l'agneau qui crie vers vous et qui coule sur l'autel, ne se fera-t-il pas entendre ? [Massillon, Oraisons funèbres et sermons]

    Dans le même sens, crier à quelqu'un. Et ce peuple, en tout temps chargé de vos bienfaits, Crie encore à son père et demande la paix. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète]

  • 10Crier à, crier contre. Crier à l'injustice, à l'oppression. S'il défend avec courage la souveraine puissance dont il est revêtu, on crie au tyran. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine] Sans s'exposer à nous faire crier au blasphème. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Jusqu'à ce qu'on en ait la preuve, ses confrères de l'Académie et du clergé ne sont-ils pas en droit de crier au mensonge ? [D'alembert, Apolog. de Clermont Tonn.] Les bigots, par rancune, Au sorcier criaient tous. [Béranger, Ménétr. de Meudon.]

    Appeler à. Mon amour et ma haine et la cause commune Crieront à la vengeance.... [Corneille, Attila] Le clergé d'un côté, les pasteurs de l'autre criaient à la religion. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]

    Se récrier à cause de quelque chose. La santé dans ces murs tout d'un coup répandue Fait crier au miracle. [Corneille, Oedipe] Vous allez, monsieur, peut-être crier au paradoxe. [Diderot, Lettre sur les sourds et muets à l'usage de ceux qui entendent et qui parlent]

  • 11Proférer un cri de ralliement, une acclamation. Les Français criaient autrefois Montjoie ! On cria vivat ! Du haut de nos remparts j'ai vu descendre en larmes Le peuple qui courait et qui criait aux armes. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis]
  • 12Produire un bruit strident. Cette porte crie. L'essieu crie et se rompt ; l'intrépide Hippolyte Voit voler en éclats son char tout fracassé. [Racine, Phèdre] C'est le vent, me dites-vous, Qui fait crier la serrure. [Béranger, Mère av.]

    Ses boyaux lui crient, se dit du bruit que font les entrailles.

  • 13Publier à cri, annoncer au nom de l'autorité. On a crié à son de trompe que chacun balayât le devant de sa porte.

    Impersonnellement et au passif. Il fut crié de par le maire que....

  • 14 vt Crier les hauts cris, jeter de grands cris. Je le trouvai criant les hauts cris. [Sévigné, 32] Mme de Brissac de crier les hauts cris. [Sévigné, 117]

    Crier un air, le chanter d'une manière criarde.

    Prononcer en criant. Debout sur le rivage, il lui cria ses adieux.

    Demander en criant. Et ne point écouter le sang de mes parents Qui ne crie en mon coeur que la mort des tyrans. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient]

  • 15Dire une chose hautement, proclamer. Il ira crier cela partout. Qu'est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance ? [Pascal, dans COUSIN]
  • 16Crier un objet perdu, annoncer qu'un objet a été perdu, afin qu'il soit rapporté. Crier une marchandise, annoncer le prix auquel elle se vend. On a crié du vin à quinze sous Crier des meubles, les mettre à l'enchère. Crier des pommes, de la salade, les vendre dans les rues en les annonçant par le cri Crier un bulletin, une ordonnance, la vendre dans les rues, en l'annonçant par un cri. Je me contentais d'entendre ici, toutes les semaines, crier votre nom et vos victoires et de pouvoir apprendre de vos nouvelles en les achetant. [Voiture, Lettres]

    Autrefois, crier à son de trompe, crier à ban, crier à trois briefs jours, citer un criminel à comparaître dans un temps donné. Il fut crié à son de trompe.

  • 17Crier quelqu'un, le gronder. Tu ne me diras plus, toi qui toujours me cries, Que je gâte, en brouillon, toutes tes fourberies. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Pourquoi me criez-vous ? [Molière, L'école des femmes]

    Cette locution a vieilli ; mais elle reste en usage dans plusieurs provinces, particulièrement en Normandie.

  • 18Se crier, vpron Être crié. Les marchandises qui se crient sur la voie publique.

PROVERBES

On a tant crié Noël qu'à la fin il est venu, se dit d'une chose très désirée et qui s'accomplit à la fin.

Il est comme les anguilles de Melun, il crie avant qu'on l'écorche, il se plaint d'avance par peur et sans cause (voir ANGUILLE).

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