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fille

nf (fi-ll', ll mouillées, et non fi-ye)
  • 1Personne du sexe féminin, par rapport à son père et à sa mère, ou à l'un des deux seulement. Fille légitime. Fille naturelle. Le devoir d'une fille est dans l'obéissance. [Corneille, Horace] Jetez sur votre fille un regard paternel. [Corneille, Polyeucte] Souffrez que votre fille embrasse vos genoux. [Corneille, ib. III, 3] Un noble orgueil m'apprend qu'étant fille de roi, Tout autre qu'un monarque est indigne de moi. [Corneille, Le Cid] .... Je lui veux faire aujourd'hui connaître Que ma fille est ma fille, et que j'en suis le maître Pour lui prendre un mari qui soit selon mes voeux. [Molière, Les femmes savantes] Fille d'Agamemnon, c'est moi qui la première, Seigneur, vous appelai de ce doux nom de père. [Racine, Iphigénie en Aulide] Une fille est au mieux sous l'aile de sa mère. [Delavigne, Éc. des vieill. II, 7]

    Fille adoptive, fille que l'on a adoptée, ou fille à laquelle on tient lieu des parents qu'elle a perdus.

    Belle-fille, voir BELLE-FILLE.

    Petite-fille, voir PETIT.

    Fille en Jésus-Christ, se dit d'une religieuse par rapport à la supérieure ou à la fondatrice de l'ordre. Thérèse dont vous vous faites gloire d'être les filles en Jésus-Christ. [Bourdaloue, Exhort. sur Ste Thér. t. I, p. 320]

    Fille en Jésus-Christ, titre donné par le pape à la reine de France, en parlant d'elle.

    Fig. La foi, fille du ciel ; la superstition, fille de l'ignorance. Son admiration est fille de l'ignorance. [Sévigné, 536]

    Poétiquement. Les filles de Mémoire, les Muses. Généreux favoris des filles de Mémoire, Deux sentiers différents devant vous vont s'ouvrir : L'un conduit au bonheur, l'autre mène à la gloire ; Mortels, il faut choisir. [Lamartine, Méditations poétiques]

    Les filles d'enfer, les Furies. Filles de l'Achéron, pestes, larves, furies.... [Corneille, Médée] Eh bien, filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ? [Racine, Andromaque]

  • 2Dans le style élevé, celle qui est issue, originaire de. La fille des Césars. Les filles de l'Égypte à Suse comparurent. [Racine, Esther] Cependant mon amour pour notre nation A rempli ce palais de filles de Sion, Jeunes et tendres fleurs par le sort agitées, Sous un ciel étranger comme moi transplantées. [Racine, ib.] Quoi ! fille de David, vous parlez à ce traître ! [Racine, Athalie] Des filles de Scythie une troupe empressée. [Voltaire, Les Scythes]

    Filles de France, les filles du roi et de la reine de France. Un ambitieux croit acquérir des droits en obtenant des grâces, et le duc de Bourbon fut plus sensible au refus qu'on lui fit, qu'il ne l'avait été à l'honneur d'épouser une fille de France. [Duclos, Hist. Louis XI, Oeuv. t. II, p. 224, dans POUGENS]

    Fille d'ève, voir ÈVE.

    Fig. Une fille de l'Église, une femme catholique. Une vraie fille de l'Église, non contente d'en embrasser la sainte doctrine, en aime les observances, où elle fait consister la principale partie des pratiques extérieures de la piété. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Dans le langage biblique. Filles de Bélial, les femmes idolâtres, et aussi les femmes sans pudeur. Ne croyez pas que votre servante soit comme l'une des filles de Bélial. [Sacy, Bible, Rois, I, I, 16]

  • 3Tout enfant du sexe féminin. Le ciel a comblé mes voeux en me donnant une fille. Après de si belles espérances, la signora met au monde une fille. [Sévigné, 5] Les causes qui concourent à la plus nombreuse production des filles sont bien difficiles à deviner. [Buffon, Probab. de la vie, Oeuvres, t. x, p. 536, dans POUGENS.] Les filles apprennent à sentir plus aisément que les hommes n'apprennent à penser. [Voltaire, L'ingénu] Quand des filles naissent chez vous Pour le plaisir de ce monde, Dites-moi, messieurs les époux, Pourquoi chacun de vous gronde. [Béranger, les Filles.]

    On dit souvent petite fille, quand on parle d'une fille née depuis peu. Elle vient d'accoucher d'une petite fille.

    Grande fille, fille qui a passé l'enfance. Rennes est de toutes les villes Celle où le dieu d'amour est le plus triomphant ; Toutes dès quatorze ans y font les grandes filles, Et vous seule après seize y vivez en enfant, MONTREUIL, Remontrance à une jeune demoiselle.

    Petite fille, se dit par opposition à grande fille. Parlons un peu de Pauline, cette petite grande fille, toute aimable, toute jolie. [Sévigné, 524] J'en perdis mon étourderie, ma dissipation ordinaire et cet esprit de petite fille que j'avais encore. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***]

    Grande fille, se dit aussi, par euphémisme, d'une jeune fille qui a pour la première fois ses règles. Est-elle déjà grande fille ?

  • 4Il se dit par opposition à femme mariée. Elle veut rester fille. Chaque moment d'attente ôte de notre prix, Et fille qui vieillit tombe dans le mépris ; C'est un nom glorieux qui se garde avec honte. [Corneille, Le menteur] Fille se coiffe volontiers D'amoureux à longue crinière. [La Fontaine, Fables] Ascagne, je suis fille à secret, Dieu merci. [Molière, Le dépit amoureux] La garde de deux filles est un peu trop pesante pour un homme de mon âge. [Molière, Les précieuses ridicules] Et, pour vous en punir, vous mourrez vieille fille. [Corneille Th. Dom Bertran de Cigarral] Crois-tu que, d'une fille humble, honnête, charmante, L'hymen n'ait jamais fait de femme extravagante ? [Boileau, Satires] Il n'a point détourné ses regards d'une fille, Seul reste du débris d'une illustre famille. [Racine, Britannicus] Que l'esprit d'une fille est changeant et bizarre ! [Regnard, Le joueur] Ce n'est point par douceur qu'on rend sages les filles ; Je veux du haut en bas faire attacher des grilles, Et que de bons barreaux, larges comme la main, Puissent servir d'obstacle à tout effort humain. [Regnard, Les folies amoureuses] Il y a trop longtemps que je suis fille, et il me faut un mari pour m'ôter ce titre ennuyeux. [Destouches, le Tambour nocturne, III, 1] Vous connaissez les différents états ; dites-moi, en est-il un plus triste et moins considéré que celui d'une fille âgée ? [Diderot, Le père de famille] Hélas ! que j'en ai vu mourir de jeunes filles ! C'est le destin ; il faut une proie au trépas. [Hugo, Les orientales]

    Être fille à, être capable de. Oh ! je ne suis pas fille à t'en faire un mystère. [Destouches, Irrésolu, II, 4] Je suis fille à tomber malade de vapeurs, si vous ne me vendez ce charmant taureau blanc. [Voltaire, Taureau blanc, 2]

    La fille, terme très familier qui se dit en parlant à une fille dont on ne sait pas le nom. Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez. [La Fontaine, Fables]

  • 5Nom qu'on donne à certaines religieuses. Les filles du Calvaire. Savez-vous que les filles de Port-Royal sont en liberté ? [Maintenon, Lettres]

    Filles bleues ou annonciades célestes, religieuses de l'ordre de Saint-Augustin. Nous aurons une belle cour, un beau jardin, un beau quartier, et de bonnes petites filles bleues qui sont fort commodes. [Sévigné, 365]

    Filles-Dieu, soeurs hospitalières.

    Filles de la Charité ou soeurs grises, ainsi dites à cause de leur habit de serge grise ; elles ont pour office le service des pauvres et des malades. La première confrérie des filles de la Charité fut instituée à Châtillon en Bresse, en 1677, par saint Vincent de Paul.

  • 6 Fig. Il se dit des églises, abbayes et prieurés qui sont de la fondation et de la dépendance d'une autre église et abbaye. L'abbaye de Trois-Fontaines est fille de Clairvaux.

    Il se dit pareillement des corps adoptés par un autre. L'Académie de Soissons se disait fille de l'Académie française.

  • 7Celle qu'on regarde, qu'on aime ou qu'on traite comme sa fille. Elle est une fille pour moi.

    Ma fille, terme d'affection, en s'adressant à une jeune fille ou à une femme. Ma fille, lui dit le bon vieillard, écoutez-moi. Venez, venez, mes filles, Compagnes autrefois de ma captivité, De l'antique Jacob jeune postérité. [Racine, Esther]

    Anciennement. La Fille aînée des rois de France, l'université de Paris. On met en cette locution une majuscule à Fille.

  • 8Fille d'honneur, fille de qualité attachée au service d'une princesse. Après qu'elle eut fait part de quelques pierreries à ses filles d'honneur qu'elle a le plus chéries. [Tristan, La Marianne] Toutes filles d'honneur comme il plaisait à Dieu. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] À la cour, où le plus habile N'a pas toujours un grand bonheur, La charge la plus difficile Est celle de fille d'honneur. [Richelet, Dict.] Le roi [Louis XIV], instruit par sa propre expérience et corrigé par les années, n'oublia rien de ce qui pouvait mettre les filles d'honneur de Mme la Dauphine sur un bon pied. [Mme de Caylus, Souvenirs, p. 142, dans POUGENS] Ce fut elle [Anne de Bretagne] qui établit les filles d'honneur, dont la jeunesse et les grâces firent l'ornement de la cour. [Genlis, Jeanne de France, 2e part. t. II, p. 177, dans POUGENS.]

    On nommait aussi les filles d'honneur de la reine, filles de la reine. Qui était plus affreuse encore que les filles de la reine. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    On dit dans un sens analogue fille de la suite. Je vous charge, Narsès, du soin de sa conduite Avec deux seulement des filles de sa suite. [Rotrou, Bélisaire]

    Par extension. Fille d'honneur, jeune fille qui assiste et accompagne la mariée pendant la journée des épousailles.

  • 9Fille de boutique, fille employée à la vente dans une boutique.

    Fille de chambre, se disait autrefois de la fille ou femme servant à la chambre auprès d'une dame. On dit aujourd'hui femme de chambre. Rosine, la fille de chambre, vient de m'informer de tout. [Brueys, Grondeur, I, 12]

    Fille de service, fille d'auberge, fille employée aux différents services d'une maison, d'une auberge. De fille de guinguette à garçon de cabaret il n'y a que la main. [Dancourt, Impr. de Surêne, sc. 11]

    Absolument. La fille, la servante. Donner quelque chose à la fille, en payant la dépense.

  • 10Fille d'opéra, chanteuse ou danseuse à l'opéra. J'aimerais mieux avoir affaire à des filles de choeur d'opéra qu'à des philosophes ; elles entendraient mieux raison. [Voltaire, Correspondance] On ne songe à eux [les paysans] que quand la peste les dévaste ; mais, pourvu qu'il y ait de jolies filles d'opéra à Paris, tout va bien. [Voltaire, Correspondance]
  • 11Fille de joie, fille publique, ou, simplement, fille, femme prostituée. Aller chez les filles. Fréquenter les filles. Cinq ou six jeunes seigneurs, après avoir parlé chevaux, chiens, chasse ou filles. [Marivaux, Le paysan parvenu] Cette ville de Paris qui n'est bonne que pour messieurs du parlement, les filles de joie et l'Opéra-Comique. [Voltaire, Correspondance] Taisez-vous, Vous sentez le vin et la fille. [Béranger, Troisième mari.]

    Dans le langage administratif. Filles soumises, femmes publiques qui sont inscrites à la police et soumises à une visite médicale.

    Les filles repenties, voir REPENTI.

    Une fille des rues, une coureuse.

  • 12 Fig. Fille se dit de ce qui est produit par. La misère est fille du vice.

    PROVERBE

    C'est la fille au vilain ; qui en donnera le plus, l'aura, se dit d'une chose qui est mise à l'enchère.
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