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garder

vi (gar-dé)
  • 1Prendre garde, avoir soin qu'une chose soit évitée. À ces honteux moyens gardez de recourir. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Mon Dieu, Éraste, gardons d'être surpris ; je tremble qu'on ne nous voie ensemble. [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Rentrez dans la maison et gardez de rien dire. [Molière, L'école des femmes] Gardez donc de donner ainsi que dans Clélie L'air ni l'esprit français à l'antique Italie. [Boileau, L'art poétique] Gardez de négliger Une amante en fureur qui cherche à se venger. [Racine, Andromaque] Ah ! seigneur, ah ! du moins, gardez de jamais croire.... [Voltaire, Zaïre]

    Garder avec que, sans ne consécutif. J'ai des gens là dehors qui gardent qu'on écoute, Et je puis vous parler en toute sûreté. [Corneille, Le menteur] Adieu, sors, et surtout garde bien qu'on te voie. [Corneille, Le Cid] Gardons bien que, par nulle autre voie, elle en apprenne jamais rien. [Molière, Les amants magnifiques] Gardez qu'elle résiste à sa félicité. [Voltaire, Oreste, II, 4]

    Garder avec que et ne consécutif. Gardez qu'une voyelle à courir trop hâtée Ne soit d'une voyelle en son chemin heurtée. [Boileau, L'art poétique] Gardez qu'avant le coup votre dessein n'éclate. [Racine, Andromaque] Gardez que ce départ ne leur soit révélé. [Racine, Iphigénie en Aulide] Gardez qu'on ne vous voie. [Voltaire, Oreste, IV, 5]

  • 2 vt Prendre garde, surveiller, prendre soin. La femme qui gardait votre enfant. Je lui ai donné mon cheval, ma montre à garder. Garder les bois, les vignes, la chasse. Le duc de Marlborough faisait garder très soigneusement tous les domaines de ce Fénelon archevêque de Cambrai, citoyen de toute l'Europe par son amour du genre humain. [Voltaire, Tactique, Note.]

    Fig. Garder le mulet, attendre à une porte avec impatience, se morfondre pendant que la personne attendue est à ses affaires ou à ses divertissements. Et par frayeurs ou pour s'ébattre Me firent garder le mulet. [Sarrasin, Poésies, dans LE ROUX, Dict. comique.]

    Fig. Garder les manteaux, faire le guet ou demeurer à ne rien faire, tandis que ceux avec qui on est venu se divertissent ou commettent quelque délit.

    Fig. Garder les balles, s'est dit comme garder les manteaux. Et moi, durant ce temps, je garderai les balles ? [Corneille, Place roy. II, 7]

    Terme de manége. Garder ou observer le terrain, se dit du cheval qui suit la même piste sans se serrer ni s'élargir.

  • 3Prendre garde que des prisonniers ne s'évadent. Il fut étroitement gardé. Dis-lui qu'il me les garde en la salle prochaine. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] On croit pouvoir s'assurer des autres princes, et on en fait des coupables en les traitant comme tels ; mais où garder des lions toujours prêts à rompre leurs chaînes ? [Bossuet, Oraisons funèbres] J'ai su tromper les yeux par qui j'étais gardé. [Racine, Phèdre] Il nous le faut garder jour et nuit et de près ; Autrement, serviteur, et mon homme est aux plaids. [Racine, Les plaideurs]

    Garder à vue, garder sans cesser jamais d'avoir l'oeil sur la personne gardée. Il pensait que Léonor serait mise dans un couvent, ou du moins qu'elle serait gardée à vue, que selon toutes les apparences il ne la reverrait plus. [Lesage, Le diable boiteux] Je vous réponds de la garder à vue. [Dancourt, la Métempsyc. I, 3]

    Fig. Le roi me garde à vue : et je ne vois plus qui que ce soit. [Maintenon, Lettres]

    Terme de marine. Garder un navire, ne pas le perdre de vue ; on dit aussi garder un phare.

  • 4Craindre, se méfier. Gardez le froc. [La Fontaine, Herm.]

    Vieilli en ce sens.

    Terme de chasse. Ces chiens gardent le change, ils ne prennent pas le change.

  • 5Garder les gages, les enjeux, en être dépositaire.

    Fig. et familièrement. En donner à garder à quelqu'un, lui en faire accroire, le tromper, le duper. Je vois bien que vous m'en donnez à garder. [Hauteroche, Crispin médecin] Nice se peut vanter d'être homme à qui l'on n'en donne à garder. [La Fontaine, Mandr.] Ne m'en donnes-tu point à garder ? [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Ce n'est point à moi qu'on en donne à garder. [Lesage, Histoire de Gil Blas de Santillane] Je vois les plus jolies femmes de Paris ; mais je ne me fixe pas à une, et je leur en donne bien à garder ; car, entre vous et moi, je ne vaux pas grand'chose. [Montesquieu, Lettres persanes] Ah ! monseigneur ! mon cher monseigneur ! vous voulez m'en donner.... à garder ? [Beaumarchais, Le mariage de Figaro, ou La folle journée]

  • 6Rester dans la chambre d'un malade, d'une personne alitée, pour lui donner les petits soins. Garder une femme en couche. Je me porte très bien de ma petite médecine ; toutes mes amies m'ont gardée. [Sévigné, Lett. 19 août 1675] Je l'avais gardé dans sa maladie ; à peine me venait-il voir dans les miennes. [Rousseau, Les confessions]
  • 7Veiller à la sûreté, à la conservation d'un souverain, d'une personne considérable. Les troupes qui gardent le roi.
  • 8Prendre soin, en parlant des troupeaux. Garder les moutons, les vaches.

    Dans un sens analogue. Garder les oies, les dindons.

    Locution proverbiale et grossière : Ils ont gardé les cochons ensemble, ils sont d'une familiarité grossière l'un avec l'autre.

    Dans le même sens : Avons-nous gardé les cochons ensemble ? se dit à quelqu'un qui prend un ton trop familier.

    Fig. Bonhomme, garde ta vache, se dit pour avertir quelqu'un de prendre garde à n'être pas trompé.

  • 9Défendre un lieu, un poste. Garder un retranchement, des lignes, les côtes.
  • 10Ne pas quitter. Garder la chambre. Les nôtres ont été si horribles, que c'était un temps à garder le coin de son feu ; temps à ne pas mettre le nez dehors. [Sévigné, 1er janv. 1690] Le mauvais temps oblige le roi de garder la chambre. [Maintenon, Lettres]

    Garder la maison, ne pas sortir, rester chez soi. Vous savez que je garde ma maison huit jours après mon retour de Vichy, comme si j'étais bien malade. [Sévigné, Lett. 3 juillet 1676]

    Garder le lit, demeurer au lit, ne pas se lever, d'ordinaire pour cause de maladie. Elle ne garda le lit que les deux derniers jours. [Rousseau, Les confessions]

    Garder la prison, garder les arrêts, rester en prison, aux arrêts.

    Garder son ban, accomplir le temps de bannissement auquel on a été condamné.

    Terme de guerre. Garder les rangs, demeurer dans les rangs.

  • 11Préserver, garantir, empêcher. Les belles feuilles toujours vertes Qui gardent les noms de vieillir. [Malherbe, III, 2] J'ai près de trente ans commandé vos armées Sans avoir amassé que ces nobles fumées Qui gardent les noms de finir. [Corneille, Agésilas] Le sceptre des Thébains Par ordre et droit de sang doit tomber en vos mains ; Mais les garde le ciel de votre tyrannie ! [Rotrou, Antigone] Le droit de se défendre s'étend à tout ce qui est nécessaire pour nous garder de toute injure. [Pascal, Les provinciales] Le vif-argent qui dans la recourbure ne sent pas le poids de l'air, parce que le doigt qui bouche l'ouverture du tuyau l'en garde. [Pascal, Pesant. de l'air, VI] Des roses que sa main gardera de vieillir. [Racine, Poésies, 1] Grand Dieu, gardez son innocence comme un trésor encore plus estimable que sa couronne. [Massillon, Petit carême] Cet asile de paix dont l'ombre et le silence Des conseils corrupteurs gardaient votre innocence. [Delavigne, Le paria]

    Dans le même sens, par forme de souhait. Dieu garde Zaïre d'être autre chose que tendre ! Dieu garde Mérope de faire la Cornélie ! [Voltaire, Correspondance] Dieu garde de mal les gens à la mode ! [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Dieu m'en garde ! que Dieu me préserve de ! Naboth lui répondit : Dieu me garde de vous donner l'héritage de mes pères. [Sacy, Bible, Rois, III, XXI, 3]

    Dieu vous garde ! se disait autrefois, par forme de salutation, le plus souvent à des inférieurs qu'on abordait ou dont on était abordé, et quelquefois d'égal à égal. Ma fille, Dieu vous garde et vous veuille bénir ! [Régnier, Satires]

    Dieu gard', locution ancienne qui a le même sens que Dieu garde. Dieu nous gard' de plus grand' fortune ! [La Fontaine, Pâté.] Dieu gard'de mal femme qui jeûne ! [La Fontaine, Diable.] Dieu me gard' d'un si grand bonheur. [La Chaussée, Retour imprévu, I, 1]

    PROVERBE

    Dieu gard' la lune des loups, se dit pour se moquer d'un homme qui menace de loin.

    Dieu gard', se disait aussi par forme de salutation. Dieu te gard', Cléanthis ! [Molière, L'amphytrion] Dieu vous gard', mon frère ! [Molière, Les femmes savantes]

    Gard ou gart est le subjonctif de garder dans l'ancien français ; il n'y a point d'e supprimé.

  • 12Conserver une chose, l'empêcher de se perdre, de se gâter, etc. Ce vin est si délicat qu'on ne pourra le garder. Dans les chaleurs on ne peut garder la viande.
  • 13Retenir une chose, ne pas s'en dessaisir. Garder copie d'un acte. C'est un homme qui ne peut rien garder, il donne tout. Ce prince ne peut garder ses conquêtes. On garde sans remords ce qu'on acquiert sans crimes. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] C'est un rare trésor qu'elle devrait garder. [Corneille, Nicomède] Molina a voulu dire par là que, quand on se trouve en péril de la vie en gardant son écu, alors on peut tuer, puisque c'est pour défendre sa vie. [Pascal, Les provinciales] Cédons-lui ce pouvoir que je ne puis garder. [Racine, Phèdre] Que ne gardez-vous votre secret pour vous ? [Diderot, Essai sur la vertu]

    Se garder quelque chose, en retenir la possession. Il se garde tout et ne donne rien aux autres.

    Par extension. Garder la fièvre, un rhume, en être longtemps malade. Il a gardé la fièvre pendant plusieurs mois.

    Garder une médecine, ne pas être purgé par le purgatif que l'on a pris.

    Garder un lavement, ne pas le rendre, ne pas évacuer.

  • 14Ne pas perdre, en parlant de choses morales. Garder ses habitudes. Garder rancune à quelqu'un. Il ne put garder son sérieux. Je ne garde pour vous ni haine ni colère. [Corneille, La mort de Pompée] La nature en tout temps garde ses premiers droits. [Corneille, Horace] Chacun doit garder son caractère, vous, gardez le vôtre. [Fénelon, Dialogues des morts] Il y garde un caractère de modération qui est rare, en rendant également justice aux anciens et aux modernes. [Rollin, Histoire ancienne] On a perdu bien peu quand on garde l'honneur. [Voltaire, Adélaïde du Guesclin] Moi, je garde à ce fourbe une haine éternelle. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète] Le roi acquit la réputation d'un bon prince, qu'il ne garda pas longtemps. [Voltaire, Zadig, ou La destinée] Fig. Garder son rang, se faire respecter, soutenir avec dignité son rang, son état. La maison de France garda son rang sur celle d'Autriche jusque dans Bruxelles. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    On dit dans un sens analogue : garder l'honneur. Ma soeur, je dois garder l'honneur du diadème. [Corneille, La mort de Pompée]

  • 15Être fidèle à, observer. Garde ici le respect qu'on doit à la couronne. [Du Ryer, Scévole, I, 5] Ils violent des droits que tu n'as pas gardés. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Ma parole est donnée et je la veux garder. [Corneille, Médée] Et saura vous garder même fidélité Qu'elle a gardée aux droits de l'hospitalité. [Corneille, Nicomède] Il passe pour cruel s'il garde la justice. [Rotrou, Venceslas] Les pharisiens et tous les Juifs ne mangent point sans avoir souvent lavé leurs mains, gardant en cela les traditions des anciens. [Sacy, Bible, Év. St Marc, VII, 3] Si quelqu'un garde ma parole, il ne mourra jamais. [Sacy, ib. Év. St Jean, VIII, 51] J'ai bien combattu, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. [Sacy, ib. St Paul, 2e ép. à Tim. IV, 7] Gardez mes jours de sabbat, et tremblez devant mon sanctuaire. [Sacy, ib. Lévit. XIX, 30] Têtebleu ! ce me sont de mortelles blessures, De voir qu'avec le vice on garde des mesures. [Molière, Le misanthrope] Crains Dieu, et garde ses commandements ; car c'est là tout l'homme. [Bossuet, Oraisons funèbres] Joas fit garder la loi de Moïse. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Le parlement, qui eût gardé quelques mesures. [Bossuet, Oraisons funèbres] Quand, emportés par leur humeur violente, ils [les princes] ne gardent plus ni lois ni mesures. [Bossuet, ib.] Elle marchait dans un bon chemin et gardait toutes les bienséances de son sexe. [Bourdaloue, 11e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 271] Maintiendrai-je des lois que je ne puis garder ? [Racine, Bérénice] Et pendant ces trois jours gardent un jeûne austère. [Racine, Esther] Est-ce aux rois à garder cette lente justice ? [Racine, Athalie] La multitude des lois est pernicieuse, on ne les entend plus, on ne les garde plus. [Fénelon, t. XIX, p. 179] Je ne parle pas même ici de ces pécheurs déclarés qui ont secoué le joug et qui ne gardent plus de mesures dans le crime. [Massillon, Carême, Pet. nomb. des élus.] Il [Fabius] fit voir clairement qu'en gardant une conduite opposée, on pouvait non-seulement mettre le pays en sûreté, mais en chasser l'ennemi. [Rollin, Histoire ancienne] Il [Gélon] se piquait surtout d'une sincérité, d'une vérité, d'une bonne foi à garder sa parole, qui était à l'épreuve de tout. [Rollin, ib. t. III, p. 451] Nous autres gens d'intrigue, nous nous gardons les uns aux autres une fidélité plus exacte que les honnêtes gens. [Lesage, Crispin rival de son maître] Mais que résolvez-vous ? - De garder mes serments. [Voltaire, L'orphelin de la Chine] On apporta un missel ; les deux rois mirent chacun une main dessus, l'autre sur une croix, et jurèrent de garder la trêve. [Duclos, Hist. Louis XI, Oeuv. t. III, p. 76, dans POUGENS] Il marche sur une ligne difficile à garder. [Diderot, Pensées sur la peinture] Les dieux dans leurs bienfaits gardent-ils des limites ? [Delavigne, Le paria]

    Garder le silence, rester silencieux. Pendant que tout gardait un silence paisible.... [Racine, Esther]

    Fig. Entre Taxile et lui votre coeur en balance, Tant qu'ont duré ses jours, a gardé le silence. [Racine, Alexandre le grand]

  • 16Garder un secret, ne pas le révéler. Gardez votre secret, je garderai le mien. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Le secret dans les conspirations n'a jamais été mieux gardé qu'il le fut dans cette entreprise de Louis XIV. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] Point de remercîment, point de reconnaissance ; gardez l'argent et le secret. [Voltaire, Écossaise, II, 5]

    Absolument. Garder le secret, être discret.

  • 17Ne pas changer la personne dont on se sert pour quoi que ce soit. Je veux garder ce médecin. Il n'a gardé que deux domestiques. On garde longtemps son premier amant, quand on n'en prend pas un second. [La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions morales]
  • 18Garder quelqu'un, le retenir chez soi. Je vous garde à dîner. Le temps est trop mauvais, je vous garde. Elle voulut garder les deux enfants auprès d'elle. Demain, dites-vous ? comment vous garder jusque-là après ce qui est arrivé ? [Marivaux, Les fausses confidences]
  • 19Réserver. Je garde cet argent pour me libérer de mes dettes. On lui gardera quelque chose pour son dîner. Il a vu quel accueil lui gardait ma colère. [Corneille, Horace] Et je garde, au milieu de tant d'âpres rigueurs, Mes larmes aux vaincus et ma haine aux vainqueurs. [Corneille, ib. I, 1] On court grand risque de s'abuser, lorsque l'on compte sur le bien qu'un autre vous garde. [Molière, Le médecin malgré lui] Sans doute ; c'est le prix que vous gardait l'ingrate. [Racine, Andromaque] Et qui sait, lorsqu'au trône il conduisit vos pas, Si, pour sauver son peuple, il ne vous gardait pas ? [Racine, Esther] Mais je garde à ce prince un traitement plus doux. [Racine, Britannicus] Mes gens se donnent au diable qu'il n'y a pas dix écus dans la maison, et je crois que les tiens ne m'en gardent guère davantage. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] J'étais loin de penser que le sort qui m'obsède Me gardât pour époux l'oppresseur de Tancrède. [Voltaire, Tancrède]

    Fig. Garder une poire pour la soif, épargner quelque chose quand on est riche, pour la nécessité qui peut survenir.

    Personne ne sait ce que Dieu, la Providence, la fortune lui garde, personne ne sait ce qui peut lui arriver d'heureux ou de malheureux. Et vous ne voyez pas ce que le ciel vous garde. [Corneille, Oedipe]

    Fig. et familièrement. La garder à quelqu'un, la lui garder bonne, conserver du ressentiment contre quelqu'un. Mais Clovis, qui s'en tait, vous la gardera bonne. [Corneille, Mélite]

    On dit, dans le même sens et familièrement : Je garde une dent contre lui ; Je lui garde un chien de ma chienne.

    Dans le même sens encore, en garder. Ah ! comme je leur en garde, morbleu ! [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile]

  • 20Se garder, vpron Prendre garde contre, se préserver de. Est-ce vous désormais dont je me dois garder ? [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Cela apprend à se garder d'un philosophe hypocrite comme d'un traître. [Perrot D'ablancourt, Tac. Ann. XVI, dans RICHELET] Gardez-vous de l'humeur d'un sexe ambitieux ; L'espérance d'un sceptre est brillante à ses yeux. [Rotrou, Venceslas] Gardez-vous des chiens, gardez-vous des mauvais ouvriers, gardez-vous des faux circoncis. [Sacy, Bible, Saint Paul, Épît. aux Philipp. III, 2] Gardez-vous, dira l'un, de cet esprit critique. [Boileau, Satires] Allez, de ses fureurs songez à vous garder. [Racine, Mithridate] Tout ce que nous pouvons faire, c'est de sentir notre impuissance, de reconnaître un être tout-puissant, et de nous garder de tout système. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard] [Il] Ne saurait se garder d'un poignard assassin, Et croirait l'arrêter en présentant le sein. [Delavigne, Les vêpres siciliennes]

    Se garder de, suivi d'un infinitif, avoir grand soin de ne pas... Gardez-vous de rien dédaigner, Surtout quand vous avez à peu près votre compte. [La Fontaine, Fables] Et surtout gardez-vous de la quitter des yeux. [Molière, L'école des femmes] Ces circonspections par lesquelles on se garde non d'être pécheur, mais d'être connu pour tel. [Fléchier, Panég. I, p. 301] Gardez-vous d'imiter ce rimeur furieux. [Boileau, L'art poétique] Et qu'il se garde bien D'ordonner de son sort sans être instruit du mien. [Racine, Mithridate] Et tout homme prudent doit se garder toujours De donner trop crédit à de mauvais discours. [Regnard, Le distrait]

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21Terme juridique. Garder à vue, se dit de celui qui fait paître ses bestiaux en les gardant dans le champ d'autrui. Quiconque sera trouvé gardant à vue ses bestiaux dans les récoltes d'autrui, sera condamné, en outre du payement du dommage, à une amende égale à la somme du dédommagement. Loi du 28 sept.6 oct. 1791, art. 16, dans BACQUA, Code de la législation française, Paris, 1843, p. 933]
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