hurler
- 1Pousser des hurlements, en parlant du loup, du chien.
Ils [les chiens mulets] hurlaient plus fort et plus souvent aux approches de la pluie et dans les temps humides, que dans les beaux temps ; les loups dans les bois ont ce même instinct, et on les entend hurler dans les mauvais temps et avant les orages
. [Buffon, Quadrupèdes] - 2 Par analogie. Il se dit des cris aigus et prolongés que l'on pousse dans la colère, dans la douleur, etc.
Laissons hurler là-bas tous ces damnés antiques
. [Boileau, Satires]Eh ! quel objet enfin à présenter aux yeux Que le diable toujours hurlant contre les cieux ?
[Boileau, L'art poétique]Je vois hurler en vain la chicane ennemie
. [Boileau, Le lutrin]Il a prouvé qu'on pouvait être tragique sans hurler
. [Laharpe, Corresp. t. III, p. 193, dans POUGENS]Ces trois soeurs qui, d'Odin ranimant les soldats, Couraient, volaient, frappaient, hurlaient dans les combats
. [Ducis, Macbeth]....Il faut au ministère Des gens qui parlent toujours, Et hurlent pour faire taire Ceux qui font de bons discours
. [Béranger, Ventru.]Par personnification.
Hurlez, sapins, parce que les cèdres sont tombés
. [Sacy, Bible, Zacharie, XI, 2]L'éclair croise l'éclair, l'air mugit, le ciel gronde, La tempête en hurlant creuse et soulève l'onde
. [Ducis, Oscar]Fig.
Lui [le publie], qui dix ans proscrivit Athalie, Qui, protecteur d'une scène avilie, Frappant des mains, bat à tort à travers Au mauvais sens qui hurle en mauvais vers
. [Voltaire, Poèmes et épîtres]Fig. Hurler, se dit de choses qu'on accouple malgré leur incompatibilité. Des mots qui hurlent de se voir accouplés.
- 3 Fig. Parler avec emportement, avec le ton de la fureur. Une tourbe fanatique hurlait contre lui.
Dis-moi donc, laissant là cette folle hurler...
[Boileau, Satires]Si les jésuites crièrent à l'impiété, les jansénistes hurlèrent ; il se trouva un convulsionnaire nommé Abraham Chaumeix, qui présenta à des magistrats une accusation en forme intitulée Préjugés légitimes contre l'Encyclopédie
. [Voltaire, Mél. litt. Lett. à S. H. le prince de ***, Lett. 8] - 4 vt Prononcer avec un ton d'emportement ou de colère qu'on assimile au hurlement.
Mme de Roquelaure dès la porte se met à hurler les reproches les plus amers
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Un essaim frémissant.... Hurle son chant barbare aux monts hyperborées
. [Delille, Énéide]Les prêtres de Pluton.... Hurlent en chants de mort leurs funèbres cantiques
. [Legouvé, Trad. d'un morceau de la Pharsale][Le peuple] Il s'enivre de vin dans l'or des saints calices, Hurle en dérision les chants des sacrifices
. [Lamartine, Jocelyn]PROVERBE
Il faut hurler avec les loups, c'est-à-dire il faut s'accommoder aux manières, aux opinions des gens avec qui l'on vit.
Pourquoi le voyez-vous ? - Qui donc voir ? il faut bien hurler avec les loups
. [Corneille Th. Comt. d'Orgueil, IV, 6]Il faut hurler avec les loups, d'autres disent braire avec les ânes
. [Courier, Lettres de France et d'Italie]On dit de même : apprendre à hurler avec les loups, finir par s'accoutumer aux moeurs de ceux avec qui on vit.
Tous ces Normands voulaient se divertir de nous : On apprend à hurler, dit l'autre, avec les loups
. [Racine, Les plaideurs]Comme on apprend à hurler avec les loups, malgré la terrible vie que ces bandits menaient, je ne laissai pas de m'accoutumer à vivre avec eux
. [Lesage, Guzman d'Alfarache]
REMARQUE
Au commencement du XVIIe siècle, on disait souvent heurler : Il se leva heurlant comme un homme furieux
. [Scarron, Le Roman comique]
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