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mener

vt (me-né. La syllabe me prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je mène, je mènerai)
  • 1Faire aller, en allant soi-même d'un lieu à un autre. Menez-moi chez moi dans votre voiture. Mener une femme par la main. La dame du logis me mène au lieu secret. [Régnier, Satires] Ne soyez point en peine où je vais vous mener ; C'est un logement sûr que je vous fais donner. [Molière, L'école des femmes] [L'ode] Mène Achille sanglant aux bords du Simoïs. [Boileau, L'art poétique] Je voudrais donc, seigneur, que ce mortel heureux.... Aux yeux de vos sujets dans Suse fût mené. [Racine, Esther] Olympie en triomphe aux dieux sera menée. [Voltaire, Olymp. II, 1] J'avais autrefois un père qui était grondeur comme M. Grichard.... je menai mon père au Grondeur [comédie], je priai l'acteur d'ajouter ces propres paroles [prononcées par le père de Voltaire dans une gronderie] à son rôle, et mon bonhomme de père se corrigea un peu. [Voltaire, Correspondance]

    Il se construit avec un infinitif. Le charton n'avait pas dessein De les mener voir Tabarin. [La Fontaine, Fables] Ah ! s'écria la bûcheronne, pourrais-tu bien toi-même mener perdre tes enfants ? [Perrault, Contes, le petit Poucet.]

    Fig. et populairement. Mener quelqu'un par un chemin où il n'y a pas de pierres, le poursuivre vivement, ne pas le ménager.

    Mener les ennemis battant, les obliger à se retirer précipitamment, et les poursuivre dans leur fuite.

    Le sens de la locution est mener les ennemis, leur faire la conduite avec hâte et activité ; on disait autrefois : le messager vint battant ; voir BATTANT, à l'historique.

    Fig. et familièrement. Mener quelqu'un battant, tambour battant, remporter sur lui l'avantage en peu de temps, le forcer à faire ce qu'on veut.

    Fig. Mener se dit d'un maître qui instruit son élève. Il se mit en état d'aller trouver un maître de mathématiques, qui lui promit de le mener vite et lui tint parole. [Fontenelle, Hartsoeker.]

    Terme de féodalité. Mener bannière, réunir le ban du fief, exercer le droit de banneret.

  • 2 Par extension. Ce chemin mène à tel endroit, on va par ce chemin à tel endroit. Sur un chemin qui mène D'un rivage du Tibre au quartier de Porsenne. [Du Ryer, Scévole, II, 2] Ce salon, qui conduit à ceux de Nicéphore, Mène aussi chez Irène. [Voltaire, Irène, II, 1]

    Fig. Si je suis un hypocrite, je suis un sot ; car il faut l'être beaucoup pour ne pas voir que le chemin que j'ai pris ne mène qu'à des malheurs dans cette vie. [Rousseau, Correspondance]

  • 3Conduire chez quelqu'un, introduire, donner accès. Menez-moi chez le ministre. Ma nièce de Bussy est veuve ; son mari est mort d'une horrible fièvre ; la maréchale de Schomberg veut que je l'y mène [chez cette nièce] après dîner. [Sévigné, 293] L'abbé de Châteauneuf me mena chez elle [Ninon de Lenclos] dans ma plus tendre jeunesse ; j'étais âgé d'environ treize ans ; j'avais fait quelques vers qui ne valaient rien, mais qui paraissaient fort bons pour mon âge. [Voltaire, Mél. litt. sur Mlle de Lenclos.]
  • 4Faire danser certaines danses, comme les branles où tous les danseurs imitent ce que le premier a fait. Le roi dansera, et Monsieur mènera Mlle de Blois, pour ne pas mener Mademoiselle sa fille qu'il laisse à M. le Dauphin. [Sévigné, 182] Tout était préparé pour le bal ; le roi mena la reine. [Sévigné, 15] Il vint le prier de mener la Blake. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Mener la danse, être à la tête de ceux qui dansent. Vertumne avec Zéphyr menait des danses éternelles. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Dans le même sens, mener le branle.

    Fig. Mener le branle, mener la danse, être le premier à faire quelque chose. C'est à vous de mener le branle.

  • 5Conduire par force en quelque endroit. On le menait en prison, au supplice. On te mène égorger, innocente victime. [Mairet, Marianne, IV, 4] Qu'on me mène à la mort, je n'ai plus rien à dire. [Corneille, Polyeucte] Le roi est mené de captivité en captivité, et la reine remue en vain la France, la Hollande, la Pologne même et les puissances du Nord les plus éloignées. [Bossuet, Oraisons funèbres] Où menez-vous ces enfants et ces femmes ? [Racine, Athalie]

    Fig. C'eût été un soutien sensible à une âme comme la sienne d'accomplir de grands ouvrages pour le service de Dieu ; mais elle est menée par une autre voie, par celle qui crucifie davantage.... [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Fig. et familièrement. Mener quelqu'un à la baguette, le traiter avec hauteur, lui faire faire par autorité ce qu'on veut.

  • 6Être à la tête de, faire marcher. Mener une troupe. Horace, qui menait le reste des Romains, Se retourne vers eux, leur fait signe des mains. [Du Ryer, Scévole, I, 3] Voilà celui qui nous menait dans les hasards. [Bossuet, Oraisons funèbres] C'est [une armée] un assemblage confus de libertins qu'il faut assujettir à l'obéissance, de lâches qu'il faut mener au combat, de téméraires qu'il faut retenir.... [Fléchier, Oraisons funèbres]

    Fig. Mener des troupes à la boucherie, les exposer à une mort presque certaine.

    Mener le deuil dans une cérémonie funèbre, être à la tête des parents, des amis, de toutes les personnes qui forment le cortége. Qui de nous n'a mené le deuil autour d'un tombeau, n'a fait retentir le cri des funérailles ? [Chateaubriand, Les martyrs, ou Le triomphe de la religion chrétienne] Autour du froid tombeau d'une épouse ou d'un frère Qui de nous n'a mené le deuil ? [Hugo, Odes et ballades]

    Un air à mener un mort en terre, air triste, lugubre, ennuyeux.

    Familièrement. Mener la bande, être le chef d'une association d'intérêt ou de plaisir.

    On dit dans le même sens : C'est lui qui mène les autres.

  • 7En parlant des animaux, les conduire. Mener les bêtes aux champs. Mener paître des vaches. Menons-en une [oie] en notre bois, J'aurai soin de la faire paître. [La Fontaine, Oies.]

    Mener les chiens à l'ébat, les mener promener.

    Mener de front trois chevaux, quatre chevaux, guider trois chevaux, quatre chevaux attelés sur une même ligne.

    Fig. Mener de front plusieurs affaires, les conduire à la fois.

    Mener de front plusieurs sciences, les cultiver en même temps.

    On dit dans un sens analogue : Il mène de front les affaires et les plaisirs, c'est-à-dire il a beaucoup d'affaires et beaucoup d'amusements.

    Terme de chasse. Mener la quête, faire une battue pour trouver la perdrix.

    Terme de manége. Mener son cheval en avant, lui faire continuer son allure quand il paraît vouloir la ralentir. Mener un cheval droit, le placer de manière que ses épaules et ses hanches soient sur la même ligne. Mener un cheval en main, le conduire sans être monté dessus.

    Absolument. Le pied qui mène, se dit du pied droit de devant du cheval. Mener sur le bon pied, se dit du cheval qui, pour galoper, part du pied droit de devant.

  • 8Conduire, en parlant des voitures de terre et d'eau. Mener une charrette, un carrosse, un cabriolet. Ces gens menaient un bateau.

    Absolument. J'ai un cocher qui mène bien, qui mène grand train. Mme de Roselle : Vous êtes postillon ? - Le postillon : Madame, à vous servir ; Et chacun vous dira que je mène à ravir. [Collin D'harleville, Optimiste, IV, 16]

    Fig. Mener bien sa barque, conduire bien ses affaires.

  • 9Mener, se dit d'un voiturier, d'un batelier qui conduit des voyageurs. Il [un batelier lors de la fuite de la femme de Jacques II] ne croyait mener que des gens du commun, comme il en passe souvent [d'Angleterre en France]. [Sévigné, 24 décembre 1688]

    Voiturer. Mener du blé au marché, du bois par bateau.

  • 10Se faire accompagner ou suivre, emmener, amener. Il mène bien des gens à sa suite. Il mena tout son monde avec lui. Le roi mène peu de troupes et la moitié de sa garde. [Sévigné, 5 avr. 1687] Votre enfant était chez Mlles de Castelnau.... il avait mené un hautbois, on y dansa jusqu'à minuit. [Sévigné, 10 janv. 1689] Mme du Puy-du-Fou ne veut pas que je mène la petite enfant ; elle dit que c'est la hasarder. [Sévigné, 20 mai 1672]
  • 11Être cause qu'on suive, qu'on aille après. Ce voleur s'est enfui, il a mené loin les gendarmes qui le poursuivaient.

    Fig. La première chose qui saisit mon imagination la mène si loin, que cela compose souvent une loge des Petites-Maisons. [Sévigné, 17 juill. 1680] Une de nos folies a été de souhaiter de découvrir tous les dessous de cartes.... cette folie nous mena bien loin, et nous divertit fort. [Sévigné, 24 juill. 1675]

    Fig. Ceci me mènerait trop loin, m'écarterait de mon sujet.

    Fig. Mener loin, entraîner à des conséquences compromettantes. Ceux qui prendront les tours d'esprit pour des faits et toutes les belles paroles pour des vérités n'ont qu'à se livrer à M. de Cambrai [Fénelon] : il saura les mener loin. [Bossuet, Rem. sur la rép. à la rel. quiét. avant-propos.]

    Fig. Mener loin, faire courir de grands risques, impliquer dans une grave affaire. On peut vous mener loin avec de pareils gages. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

    Fig. Mener loin, avec un nom de chose pour sujet, compromettre, exposer à des difficultés, à des périls. La signature qu'il a donnée peut le mener loin. Le jeu, les femmes mènent loin, bien loin. Il ne faut jamais s'écarter de ses principes ; le contraire pourrait mener loin. [Genlis, Ad. et Théod. t. III, p. 150, dans POUGENS]

    Fig. Mener loin, lorsqu'il s'agit de choses qui se dépensent ou se consomment, signifie fournir longtemps du secours à quelqu'un, lui durer longtemps. Ces provisions, cet argent peuvent encore nous mener loin. Cela ne put le mener loin, et il demeura bientôt sans ressource. [Lesage, Le diable boiteux] Fig. Exercer sur quelqu'un une action comparée à celle d'un homme qui en mène un autre, le gouverner, lui faire faire ce qu'on veut. Allez, allez, il ne faut pas se laisser mener comme un oison. [Molière, L'amour médecin] Il faut pourtant paraître ferme au premier choc, de peur que, sur votre faiblesse, il ne prenne le pied de vous mener comme un enfant. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Il y a de certains esprits.... qu'on ne mène qu'en tournant où l'on veut les conduire. [Molière, L'avare] Dans la société, c'est la raison qui plie la première : les plus sages sont souvent menés par le plus fou et le plus bizarre. [La Bruyère, V] Pour se laisser mener sans résistance. [Fénelon, Télémaque] Il [Marlborough] menait le parlement par son crédit et par celui de Godolphin, grand trésorier. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] Au fond, elle vous mène, en vous semblant soumise. [Gresset, Le méchant] Mes amis et mes connaissances menaient cet ours si farouche comme un agneau. [Rousseau, Les confessions] On ne connaît point les préjugés quand on les adopte, et l'on ne mène point le peuple quand on lui ressemble. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Le point le plus essentiel dans l'art de mener les esprits, c'est de leur cacher qu'on les mène. [Marmontel, Contes moraux]

    Mener quelqu'un par la lisière, à la lisière, le conduire, le gouverner comme un enfant.

    Mener quelqu'un en laisse, en disposer à son gré, le conduire comme on veut.

    Mener quelqu'un par le nez, abuser de l'ascendant qu'on a sur quelqu'un ou de sa faiblesse d'esprit pour lui faire faire tout ce qu'on veut. Vous... Et vous faites mener en bête par le nez. [Molière, Les femmes savantes] Vous me pensiez mener par le nez comme un ours. [Corneille Th. Dom Bertran de Cigarral] C'est un sot, un benêt que je mène par le nez plus facilement que mes chevaux par la bride. [Legrand, Galant coureur, sc. 13] (Cette locution est prise de l'usage de conduire certains animaux, les ours, les buffles, à l'aide d'un anneau passé dans le nez).

    C'est un homme à mener par le nez, c'est un homme faible, crédule, sans caractère. Qu'est-il besoin pour lui du soin que vous prenez ? C'est un homme, entre nous, à mener par le nez. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

  • 12 Fig. Agir envers quelqu'un de telle ou telle façon, le traiter de telle ou telle façon. Mener doucement quelqu'un. C'est un enfant timide, menez-le doucement. Il le mena fort rudement.

    Mener rudement, faire subir de grandes pertes, en parlant d'actions militaires. Les Perses menaient rudement la cavalerie thessalienne. [Vaugelas, Q. C. III, 11]

    Familièrement. Mener quelqu'un rudement, le mener comme il faut, lui donner bien de la peine, lui susciter bien des affaires.

    Familièrement. Mener quelqu'un bon train, de la belle manière, le traiter sans ménagement. Je mène tous ces faquins-là assez bon train. [Voltaire, Correspondance] Le préfet s'est avisé d'y trouver à redire ; là-dessus nous l'avons mené de la belle manière. [Courier, 2e lettre particul.]

    Mener follement, se moquer par des plaisanteries qui font beaucoup rire. J'ai dîné avec le coadjuteur, il se plaint de la cruauté de l'abbé qui l'a laissé seul à Paris ; le pauvre homme ! sans amis, sans connaissances, sans maisons, ne sachant où donner de la tête ; nous avons mené assez follement cette plainte. [Sévigné, 15 août 1677]

    Il se dit des souffrances qu'infligent les maladies. Il [M. de Grignan] a été mené quatre ou cinq jours fort rudement de la colique et de la fièvre continue, avec deux redoublements par jour. [Sévigné, 1er déc. 1690]

    Mal mener, voir MALMENER.

    Cette médecine l'a mené doucement ou rudement, elle l'a peu ou beaucoup tourmenté, en le purgeant.

  • 13 Fig. Amuser par des paroles, par des espérances. Il y a six mois que vous me menez sans que je voie aucun effet de vos promesses.
  • 14 Fig. Il se dit des choses que l'on fait aller, dont on tient la conduite, le fil. [Il] Mena si bien la fourbe et la tint si secrète.... [Mairet, Soliman] Envieux l'un de l'autre, ils mènent tout par brigues, Que leur ambition tourne en sanglantes ligues. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Mme de Monaco mène cette affaire. [Sévigné, 163] Il faut mener les choses avec douceur et prudence. [Bossuet, Lett. abb. 103] C'est vous, à ce qu'on dit, qui menez cette intrigue. [Regnard, Démocrite]

    Mener à bien, terminer, achever heureusement une chose. Ce n'est rien d'entreprendre une chose dangereuse ; mais d'échapper au péril en la menant à bien.... [Beaumarchais, Le mariage de Figaro, ou La folle journée]

    Familièrement. Mener rondement une affaire, la traiter avec activité sans trop s'attacher aux détails.

    Mener une vie..., vivre d'une certaine façon. Ils mènent une vie avec tant d'innocence. [Corneille, Polyeucte] Je suis presque toujours enfermé dans un cabinet où je mène la vie d'un savant. [Montesquieu, Lettres persanes] Vous devez mener une vie très heureuse : vous vivez avec les belles-lettres, la philosophie, tous les arts. [Voltaire, Correspondance]

    Mener un train, un grand train, grand train, faire beaucoup de dépense, vivre avec faste.

    Mener un train, signifie aussi se conduire d'une certaine façon. Et vous menez sous cape un train que je hais fort. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

    Familièrement. Mener grand deuil de quelque chose, en être fort attristé.

    Mener beau bruit, grand bruit, faire beaucoup de bruit. Et elles [des personnes en société] mènent un si grand bruit, que, bien souvent, elles n'entendent plus ce qu'elles disent, MLLE DE SCUDÉRY, Convertions, De la conversation.

    Mener la parole, s'en servir habilement. Elle mena la parole si bien, si vigoureusement, si capablement, qu'il [le chevalier] en fut ravi pour une demi-heure. [Sévigné, 13 déc. 1688]

    Mener les bras, travailler à force de bras.

    Mener les mains, se battre.

    Dans le langage familier, mener guerre, faire la guerre, guerroyer. En ce temps-là, le bon Belus, Suivi de soldats résolus, Menait guerre très violente. [Scarron, Virgile travesti]

    Mener la table, se dit, chez les cartiers, pour assortir les cartes et les diviser par jeux.

  • 15 Terme de géométrie. Mener une ligne d'un point à un autre, tracer une ligne qui joigne ces deux points.
  • 16Mener, avec un nom de chose pour sujet, se dit de ce qui est cause qu'on vient. Mais quelle occasion mène Évandre vers nous ? [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Je suis ici venu.... - Sans m'en faire récit, Je sais ce qui vous mène.... [Molière, L'école des femmes]
  • 17 Fig. Il se dit de ce qui achemine vers un terme, y fait aller. Qu'aisément l'amitié jusqu'à l'amour nous mène ! C'est un penchant si doux qu'on y tombe sans peine. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] L'idée du bonheur nous mène à Dieu. [Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même] On est presque toujours mené par les événements, et rarement on les dirige. [Voltaire, Précis du siècle de Louis XV] Les lumières et les vertus n'y mènent à rien de distingué. [Bernardin de Saint-pierre, Paul et Virginie]

    Absolument. Le crime mène à l'échafaud. La débauche mène à la misère. Une religion [la chrétienne].... qui est faite pour mener sans cesse du repentir à l'amour et de l'amour au repentir. [Montesquieu, L'esprit des lois] Trop de respect souvent mène à l'ingratitude. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète] C'est pourtant là, milord, que mène l'inconduite. [Delavigne, les Enfants d'Édouard, II, 3]

    Cela ne mène à rien, on n'en saurait tirer aucun avantage.

  • 18 Fig. Il se dit aussi des motifs qui font agir. Change, pauvre abusé, change de batterie, Conte ce qui te mène, et ne t'amuse pas à perdre innocemment tes discours et tes pas. [Corneille, La veuve] Pour moi, je serais très fâchée d'être consolée ; je ne me pique ni de fermeté, ni de philosophie ; mon coeur me mène et me conduit. [Sévigné, 125] Au lieu d'écouter son coeur qui la menait bien, elle écouta sa raison qui la menait mal. [Rousseau, Les confessions] À dix ans, il est mené par des gâteaux ; à vingt par une maîtresse ; à trente par les plaisirs ; à quarante par l'ambition ; à cinquante par l'avarice. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]
  • 19 Terme d'horlogerie. Se dit de l'action de la dent d'une roue qui presse l'aile d'un pignon.
  • 20Se mener, vpron Conduire soi-même sa voiture. La mode dans ce temps-là parmi les dames était de voyager sans laquais et sans cocher, et de se mener elles-mêmes. [Voltaire, Crocheteur borgne.]
  • 21 Fig. Se mener, être dirigé, conduit, en parlant de choses, d'affaires, etc. Je ne vous parlerai pas de ces commerces dangereux, ni de ces intrigues qui se mènent parmi les ténèbres. [Bossuet, Sermons] Cela se mène d'une manière qu'il n'est pas possible de vous en rien dire. [Bossuet, Lett. 153] Mais cette affaire-ci s'est menée un peu vite. [Collin D'harleville, Chât. en Espagne, IV, 5]

PROVERBES

C'est le monde renversé, la charrue mène les boeufs.

C'est un aveugle qui mène l'autre, se dit lorsqu'un homme de peu d'esprit et de sens entreprend de conduire un autre homme qui n'en a pas plus que lui.

Tout chemin mène à Rome, on peut arriver à un but par différents moyens.

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