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nécessaire

adj. (né-sè-sê-r')
  • 1Qui doit être pour que quelque chose soit ou se fasse. La respiration est nécessaire à la vie. Voir naître en nous l'un pour l'autre cette inclination si nécessaire à composer une union parfaite. [Molière, Le malade imaginaire] Les refus que l'intérêt de l'État rendait nécessaires. [Bossuet, Oraisons funèbres] Monseigneur [le frère de Louis XIV]..., en exposant au milieu des plus grands hasards de la guerre une vie aussi précieuse et aussi nécessaire que la vôtre. [Bossuet, Oraisons funèbres] Vous me direz peut-être que, sous le nom de pain quotidien, vous lui demandez [à Dieu] les biens temporels qu'il a voulu être nécessaires pour soutenir cette vie mortelle. [Bossuet, Sermons] Votre présence, Abner, est ici nécessaire. [Racine, Athalie] Les guerres doivent être justes ; ce n'est pas assez, il faut qu'elles soient nécessaires pour le bien public. [Fénelon, Télémaque] Le superflu, chose très nécessaire, A réuni l'un et l'autre hémisphère. [Voltaire, le Mondain.]

    Terme de botanique. Polygamie nécessaire, se dit, dans le système de Linné, des synanthérées dont les calathides offrent des fleurs mâles au disque et des fleurs femelles à la circonférence, ce qui rend la polygamie nécessaire pour la conservation de l'espèce.

    Cela n'est pas nécessaire au salut, se dit ironiquement d'une chose qui n'a guère d'importance.

    C'est un mal nécessaire, se dit de certaines choses qui ont de grands inconvénients, mais qui sont ou indispensables ou inévitables. J'ai cru sa mort pour vous un malheur nécessaire. [Corneille, La mort de Pompée] Les maux nécessaires que la guerre traîne après soi. [Fléchier, Oraisons funèbres]

    Il est nécessaire, avec de et l'infinitif, ou que et le subjonctif, signifie il faut. Tant qu'il n'était point nécessaire de parler, la sage princesse gardait le silence. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il est nécessaire de donner tout ensemble à un Dauphin les vertus d'un roi et celles d'un particulier. [Fléchier, Oraisons funèbres] Il n'est pas nécessaire de passer deux fois la ligne pour voir observer religieusement des lois et des coutumes déraisonnables. [Malebranche, De la Recherche de la vérité] Il est nécessaire, vu la prodigieuse distance des étoiles fixes, que, depuis Saturne jusqu'aux extrémités de notre tourbillon, il y ait un grand espace vide et sans planètes. [Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des Mondes]

    Il est nécessaire de, avec un substantif, il est besoin de (tournure usitée dans le XVIIe siècle et même le XVIIIe, et qui vieillit). Pour joindre cette matière et cette substance immatérielle, il est nécessaire d'un lien. [Fénelon, Dial. Arist. et Descartes.] Il n'était point nécessaire de préambule. [Rousseau, Lett. 1732, édit. MUSSET-PATHAY.] Bientôt et sans qu'il fût nécessaire d'une longue observation. [Ségur, Mém. t. II, p. 227 (édit. in-8° en 3 vol.).]

  • 2Il se dit aussi des personnes. Mille affaires où vous et M. de Grignan êtes nécessaires. [Sévigné, 28 déc. 1673] Un ministre [Mazarin] persécuté, et devenu nécessaire non-seulement par l'importance de ses services, mais encore par ses malheurs. [Bossuet, Oraisons funèbres] Tout ce qui suit ordinairement la faveur et la reconnaissance d'un roi juste et puissant, lorsqu'elles tombent sur un sujet capable, fidèle et nécessaire. [Fléchier, Oraisons funèbres] Leur frugalité [des Phéniciens], leur habileté, leur industrie, leurs périls, leurs fatigues les rendaient nécessaires à toutes les nations du monde. [Montesquieu, L'esprit des lois] Richelieu, malade à Tarascon, avait perdu toute sa faveur, et ne conservait que l'avantage d'être nécessaire. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]

    Se rendre nécessaire, se dit de celui qui se rend si utile qu'on ne peut guère s'en passer. Des hommes qui ont l'art de se rendre nécessaires. [Fénelon, Télémaque]

    On dit dans le même sens : Cette personne m'est devenue nécessaire, m'est nécessaire. Prince, plus que jamais vous m'êtes nécessaire. [Racine, Bérénice]

    Faire le nécessaire, faire l'empressé, se mêler de tout. Ainsi certaines gens, faisant les empressés, S'introduisent dans les affaires ; Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés. [La Fontaine, Fables] ....Au diantre tout valet.... Qui fatigue son maître et ne fait que déplaire, à force de vouloir trancher du nécessaire ! [Molière, Les fâcheux]

    Un nécessaire s'est dit pour un homme qui fait le nécessaire. Le nécessaire : Messieurs, commencez donc. [Molière, L'impromptu de Versailles]

  • 3Dans le langage de la philosophie, il se dit de ce dont la négation est impossible, de ce qui ne peut pas ne pas être, par opposition à ce qui est contingent. Je sens que je peux n'avoir pas été.... donc je ne suis pas un être nécessaire. [Pascal, Pensées]

    L'être nécessaire, Dieu.

    Lois nécessaires, lois sans lesquelles l'univers ne saurait subsister.

    Causes nécessaires, agents nécessaires, les causes, les agents qui, n'agissant pas librement, produisent infailliblement leur effet.

    Effet nécessaire, effet qui suit infailliblement la cause destinée à le produire.

    Vérité nécessaire, vérité qui ne peut pas ne pas être. Les lois de l'équilibre et du mouvement, telles que l'observation les fait connaître, sont de vérité nécessaire. [D'alembert, Traité de dynam. Oeuvres, t. IV, p. 230, dans POUGENS.]

  • 4 Par extension de la signification précédente, il se dit de ce qui est considéré comme logiquement, naturellement lié à. Tirer une conséquence nécessaire. C'est la suite nécessaire de ce principe. Le temps.... cette vapeur légère et volage, qui ne se forme qu'en se dissipant, et qui entraîne perpétuellement mon être avec elle d'une manière si étrange et si nécessaire. [Bossuet, Oraisons funèbres] Philippe le Bon, nouveau duc de Bourgogne, successeur de son père [Jean assassiné à Montereau], devint un ennemi nécessaire du Dauphin par devoir et par politique. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]
  • 5S. m. sans pluriel. Ce qui est indispensable. Ce nécessaire qu'il faut préférer au vraisemblable [dans une pièce de théâtre], ou, pour parler plus juste, qu'il faut ajouter au vraisemblable dans la liaison des actions et leur dépendance l'une de l'autre. [Corneille, 2e disc. tragéd.] La conférence n'alla pas au delà, pour mieux en conserver le secret dans le pur nécessaire au succès. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Faire le nécessaire, s'acquitter de ce qu'il y a de plus important, quand on ne peut pas faire le tout.

    En termes de l'Écriture, l'affaire du salut est l'unique nécessaire. C'est là [dans la virginité] qu'on ne vaque qu'à l'unique nécessaire, c'est là que l'on n'a d'époux que Jésus tout seul. [Bossuet, Sermons]

  • 6Tout ce qui est essentiel pour les besoins de la vie. Le strict nécessaire. Il n'est pas bon d'être trop libre ; il n'est pas bon d'avoir tout le nécessaire. [Pascal, Pensées] Il prendra pour payer sur son nécessaire. [Sévigné, 606] Nous serions tous assez riches, si nous ne voulions que le nécessaire. [Maintenon, Lettres] Si je compare.... les grands avec le peuple, ce dernier me paraît content du nécessaire, et les autres sont inquiets et pauvres avec le superflu. [La Bruyère, IX.] Les besoins du clerc sont-ils les mêmes que ceux du pontife ? la règle du nécessaire ne souffre-t-elle pas autant de différences, qu'il y a de rangs dans l'Église et de conditions dans l'État ? [Massillon, Confér. Us. des revenus ecclés.] La veuve de Henri le Grand, la mère d'un roi de France, la belle-mère de trois souverains, manqua quelquefois du nécessaire. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] J'entends par le nécessaire la dépense qu'on est obligé de faire pour vivre comme l'on a toujours vécu. [Buffon, Homme, Arithm. morale.] Les sujets ne sont assurés du nécessaire que lorsque les princes s'interdisent le superflu. [Duclos, Oeuvr. t. V, p. 52] Comment fixer les limites du nécessaire ? [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes] Réduit au plus étroit nécessaire. [Morellet, Mém. t. I, p. 250, dans POUGENS]
  • 7Le nécessaire, ce qui ne peut pas ne pas exister. La métaphysique définit le nécessaire ce qui est et qui ne peut pas ne point être ; ce qu'elle rend en d'autres termes quand elle dit que le nécessaire est ce dont le contraire implique contradiction ou est impossible en soi. [Bonnet, Paling. XVII, 2]
  • 8S. m. avec un pluriel. Sorte de cassette ou d'étui qui renferme tout ce qui est indispensable à la toilette et que l'on porte en voyage avec soi. Des nécessaires de voyage.

    Les objets contenus dans cet étui.

    Petit coffret qui renferme les objets nécessaires pour travailler à l'aiguille. Des nécessaires en acajou.

    Assortiment de tout ce qui convient pour faire, servir et prendre du café, du thé et du chocolat.

  • 9Nécessaire s'est dit, dans le langage des précieuses, au sens de serviteur. Marotte : Voilà un laquais qui demande si vous êtes au logis, et dit que son maître vous veut venir voir. - Madelon : Apprenez, sotte, à vous énoncer moins vulgairement ; dites : Voilà un nécessaire qui demande si vous êtes en commodité d'être visibles. [Molière, Les précieuses ridicules]

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NÉCESSAIRE. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Et par signes lor demostrot, Que c'iert que plus devoient fere, Et qui plus lor iert necessaire. [Benoit, Le roman de Troie]

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