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planter

vt (plan-té)
  • 1Mettre un végétal en terre pour qu'en prenant racine il croisse. Planter des saules, des choux, des salsifis. Heureux donc qui jouit d'un bois formé par l'âge ! Mais plus heureux celui qui créa son bocage, Ces arbres, dont le temps prépare la beauté ! Il dit comme Cyrus : c'est moi qui les plantai. [Delille, Les jardins ou L'art d'embellir les paysages]

    Planter un bois, une avenue, une allée, planter des arbres de manière qu'ils forment un bois, une avenue, une allée. Il plante un jeunne bois, et il espère qu'en moins de vingt années il lui donnera un beau couvert. [La Bruyère, XI]

    Fig. Il est allé planter ses choux chez lui, il est allé planter ses choux ou planter des choux, c'est-à-dire il s'est retiré à la campagne. La conclusion fut que le maréchal de Créquy est allé à la campagne dans sa maison planter des choux, aussi bien que le maréchal d'Humières. [Sévigné, 134]

    Fig. On l'a envoyé planter des choux, ses choux, se dit de quelqu'un qui a été relégué à la campagne. Et finit, à force de folies, par se faire rappeler et renvoyer planter ses choux. [Rousseau, Les confessions]

    Fig. Planter des lauriers, s'est dit (par une métaphore qui ne s'est pas accréditée) pour remporter des victoires. Le nombre des lauriers qu'il a déjà plantés. [Malherbe, II, 11]

    Absolument. Un octogénaire plantait ; Passe encor de bâtir, mais planter à cet âge ! [La Fontaine, Fables] Quand il s'agit de bâtir, dit-il, il faut délibérer longtemps, et souvent ne point bâtir ; mais, quand il s'agit de planter, il ne faut pas délibérer, mais planter sans délai. [Rollin, Histoire ancienne]

    Fig. et populairement. Vienne qui plante, sont des choux, ou, simplement : Vienne, arrive qui plante ! se dit d'une chose qu'on veut faire à tout hasard (locution qui paraît signifier, au propre : vienne quelqu'un qui plante, et voilà que ce sont des choux qu'il plante). Arrive qui plante, Sancho Pança est gouverneur, D. Quichotte, dans LE ROUX, Dict. comique.

  • 2Semer, en parlant des noyaux, des pepins, des pois, etc. qu'on met en terre. Planter des noyaux, des pepins, des fèves, des haricots.
  • 3Garnir un terrain de végétaux. Planter un terrain de vignes, d'oliviers. De quoi planterez-vous ce carré ? Dans ces jardins qu'Agrippine a plantés. [Legouv. Épich. et Nér. I, 1]
  • 4 Fig. Il se dit quelquefois, dans un style familier d'ailleurs, des hommes mis quelque part comme des plantes. Depuis que la nature ici-bas m'a planté. [Régnier, Satires] La Providence a planté des hommes en Amérique et sous le cercle polaire. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]
  • 5 Fig. Fixer en terre ou ailleurs, comme une plante qu'on met dans le sol. Planter un poteau. Quelques aventuriers qui, plantant des cabanes durant l'été pour faire un commerce d'échange avec les sauvages, disparaissaient le reste de l'année. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes] ....Sous l'abri sacré du chêne aimé des Francs, Clovis avait planté ses pavillons errants. [Lamartine, Méditations poétiques]

    Fig. et familièrement. Planter le piquet en quelque lieu, voir PIQUET.

    Planter des échelles à une muraille, y appliquer des échelles.

    Planter un étendard, un drapeau, l'arborer sur les remparts d'une ville prise d'assaut. Va sur les bords du Rhin planter tes pavillons. [Corneille, Horace]

    Fig. Planter l'étendard de la croix, planter la foi dans un pays, y introduire la religion chrétienne. Ce n'est point par la force que la foi a été plantée. [Bourdaloue, Car. 1, Relig. chrét. 284]

  • 6Poser, placer, enfoncer. Devant moi justement on plante un grand potage. [Régnier, Satires] Il lui planta la javeline fort avant. [D'ablanc. Arrien, liv. II, dans RICHELET] Le conducteur du brancard, que l'ardeur du soleil avait assoupi, alla planter le brancard dans un bourbier. [Scarron, Le Roman comique]

    Planter un baiser, appliquer fortement un baiser sur la joue de quelqu'un. Voilà Mlle du Plessis qui entre ; elle me plante ce baiser que vous connaissez. [Sévigné, 1er juill, 1671]

    Populairement. Planter un soufflet sur la joue de quelqu'un, lui donner un soufflet.

    Fig. et familièrement. Planter quelque chose au nez de quelqu'un, lui dire quelque chose d'incongru, et aussi lui faire quelque reproche en face. J'allai dire que je l'avais vu à cinq ou six ans, et que j'admirais qu'on pût croître en si peu de temps ; sur cela, il sort une voix terrible de ce joli visage qui me plante au nez d'un air ridicule que mauvaise herbe croît toujours. [Sévigné, 233]

    Fig. Planter des cornes, faire porter des cornes à un mari. Ixion, qui, après avoir été admis à la table de Jupiter, lui voulut planter des cornes. [D'ablanc. Lucien, Épîtres saturnales.]

    En planter, planter des cornes. Je sais les tours rusés et les subtiles trames Dont pour nous en planter savent user les femmes. [Molière, L'école des femmes]

  • 7 Terme d'architecture. Planter un édifice, faire les premiers travaux pour le construire.

    Fig. Toi, dont la Providence en merveilles profonde Planta dessus un rien les fondements du monde. [Régnier, Poëme sacré.]

  • 8Planter une personne en quelque endroit, l'y aposter.

    Fig. Planter là quelqu'un, l'abandonner, le quitter. Et si, sans le fâcher, Je puis vous planter là, vous et soeur Isabelle, Tenez-vous tout planté. [Corneille Th. D. César d'Avalos, V 4] Planter là l'univers, s'éclipser brusquement. [Gresset, Sidn. I, 6] Quand tu aurais planté là pour huit jours ton mari, ton ménage et tes marmots, ne dirait-on pas que tout eût été perdu ? [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse] Ils ont voulu m'emmener au spectacle, mais je les ai plantés là. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Planter là quelqu'un pour reverdir, ou, simplement, le planter là, le laisser en quelque endroit, sans venir le reprendre, quoiqu'on le lui ait promis.

    Il se dit aussi de la rupture des liens d'affection. Non, si j'étais de vous, je le planterais là. [Régnier, Satires] Et Marinette aussi.... M'a planté là comme elle. [Molière, Le dépit amoureux] Le moindre retour pour une ingrate qui l'avait planté là. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Planter là, signifie aussi laisser dans l'abandon. Ce gueux a planté là sa femme et ses enfants.

    Planter là une chose, ne plus s'en occuper. J'en avais commencé un [compliment pour M. de Vivonne] ; ma plume n'était pas en train, j'ai tout planté là. [Sévigné, 26 mars 1680]

  • 9En sucrerie, planter les formes, les distribuer sur plusieurs files dans la pièce destinée à cet usage.

    Planter le sucre, dresser les formes sur les pots, pour que l'eau contenue dans la terre traverse tout le pain.

  • 10Se planter, vpron Être planté. Cet arbre se plante au printemps.

    Être garni d'arbres, en parlant d'un terrain. Les maisons s'élèvent de tous côtés, les jardins vont se planter. [Voltaire, Correspondance]

  • 11 Fig. Se poster. Quand lui, la face ouverte et nullement émue, Hardi, s'étant planté sur le bord de la tour. [Rotrou, Antigone] C'est ce qu'il faut voir, dit-il, en repoussant celle qui s'était plantée sur son passage. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Se loger. Je n'approuve point qu'il [Vardes] ait quitté notre quartier : il est allé se planter au fond du faubourg Saint-Germain. [Sévigné, 1er mars 1684]

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