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ramper

vi (ran-pé)
  • 1Se traîner sur le ventre, en parlant des serpents, des vers et autres animaux semblables. Les vers qui rampent sous l'herbe. J'ai plus d'horreur de vous que des feux, que des fers Et de tous les serpents qui rampent aux enfers. [Tristan, La Mort de Chrispe ou Les Malheurs domestiques du Grand Constantin]

    Fig. Tu n'as point d'aile, et tu veux voler : rampe. [Voltaire, Le pauvre diable]

    Fig. Ramper sur la terre, y vivre dans un état comparé à celui des animaux rampants. Je sais bien que cette profession [le commerce] est méprisée de nos petits-maîtres ; mais vous savez aussi que nos petits-maîtres et les vôtres sont l'espèce la plus ridicule qui rampe avec orgueil sur la surface de la terre. [Voltaire, Zaïre]

    On a dit substantivement, en parlant de la vipère : Son ramper n'est pas aussi rapide que celui de plusieurs autres serpents.

  • 2En parlant des plantes, s'étendre sur la terre, s'attacher aux branches des arbres. Son palais est enrichi de colonnes dorées où rampe tout du long une vigne d'or. [Vaugelas, Q. C. VIII, 9] Que la vigne en rampant gagne ces colonnades, Monte à ces chapiteaux et pende à ces arcades. [Delille, L'homme des champs, ou Les Géorgiques françaises]
  • 3En anatomie, se montrer, se dessiner avec un cours sinueux. L'anatomiste a très bien démêlé des vaisseaux sanguins qui rampent sur la surface de ces tubules. [Bonnet, La contemplation de la nature]
  • 4Il se dit des animaux, de l'homme, qui se traînent sur le ventre. C'était un beau sujet de guerre Qu'un logis où lui-même il n'entrait qu'en rampant ! [La Fontaine, Fables] Les Groenlandais assurent que, quand ils veulent sortir pour mettre leurs canots à l'abri, ils sont obligés de ramper sur le ventre, de peur d'être le jouet des vents. [Buffon, Théorie de la terre] Il [le chien] vient en rampant mettre aux pieds de son maître son courage, sa force, ses talents. [Buffon, Quadrupèdes] Il arrive [Néron], les pieds et les vêtements déchirés par les ronces, aux murs du jardin de l'affranchi ; il y entre en rampant. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]

    Cheminer lentement. Cela [aller dans la lune] vaudrait bien mieux que d'aller d'ici au Japon, c'est-à-dire de ramper avec beaucoup de peine d'un point de la terre sur un autre pour ne voir que des hommes. [Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des Mondes]

  • 5Être gisant sur la terre. Des théâtres croulants, dont les frontons superbes Dorment dans la poussière ou rampent sous les herbes. [Lamartine, Méditations poétiques]
  • 6 Terme d'architecture. Pencher suivant une pente donnée.
  • 7 Fig. Être dans un état humble, bas. J'aurais quelque chagrin à vous traiter de reine ....S'il me fallait ramper dans un degré plus bas. [Corneille, Agésilas] Elle [l'âme fidèle] y [sur la terre] voit une sagesse souveraine qui se plaît, ce semble, à se jouer des hommes, en les élevant les uns sur les ruines des autres ; en dégradant ceux qui étaient au haut de la roue, pour y faire monter ceux qui rampaient, il n'y a qu'un moment, devant eux. [Massillon, Avent, Bonh. des justes.] On m'ignore, et je rampe encore à l'âge heureux Où Corneille et Racine étaient déjà fameux. [Piron, La métromanie, ou Le poète] Ils rampaient à mes pieds, ils sont ici mes maîtres. [Voltaire, Olymp. II, 6] Je rampe sous la chaîne Du plus modique emploi. [Béranger, Vocation.]

    Par extension. Si les sciences se sont trop élevées vers le ciel, s'il a été avantageux de les rappeler vers la terre, il ne faut point les condamner à y ramper. [Condorcet, Duhamel.]

    S'humilier. Il rend honneur au prochain.... il ne refuserait pas, s'il le fallait, de ramper sur la poussière, et sous les pieds du prochain. [Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 178] Ils [les premiers chrétiens] ne connaissaient rien de plus grand que de ramper dans la boue. [Massillon, Petit carême]

  • 8 Fig. S'abaisser d'une façon abjecte devant la puissance, la richesse. Du même fond d'orgueil dont on s'élève fièrement au-dessus de ses inférieurs, l'on rampe vilement devant ceux qui sont au-dessus de soi. [La Bruyère, VI] Je vous avertis qu'il est fort vain : il aime à voir ramper devant lui les autres domestiques. [Lesage, Histoire de Gil Blas de Santillane] Nous n'avons que deux jours à vivre ; ce n'est pas la peine de les passer à ramper sous des coquins méprisables. [Voltaire, Correspondance] Comme le peuple est également dangereux, soit qu'il rampe devant les autres, soit qu'on rampe devant lui, il ne faut pas qu'il possède exclusivement le droit de juger et qu'il confère toutes les magistratures. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis] Vous rampiez tous, ô rois qu'on déifie. [Béranger, Le Dieu des bonnes gens.]

    Poétiquement. Beaux-arts, dieux bienfaisants.... Sur le front des époux de l'aveugle Fortune Je n'ai point fait ramper vos lauriers trop jaloux. [Chénier, Élégies]

  • 9En parlant d'un écrivain, du style, être bas, sans élévation. Ils [certains poëtes] rampent bassement, faibles d'inventions. [Régnier, Satires] Si nous ne nous permettions quelque chose de plus ingénieux que le cours ordinaire de la passion, nos poëmes ramperaient souvent. [Corneille, Le Cid] L'autre a peur de ramper et se perd dans la nue. [Boileau, L'art poétique] Ses vers plats et grossiers, dépouillés d'agrément, Toujours baisent la terre et rampent tristement. [Boileau, ib. II]
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