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tourmenter

vt (tour-man-té)
  • 1Faire souffrir quelque tourment corporel, quelque supplice. Et depuis tant de temps que nous les tourmentons [les chrétiens], Les a-t-on vus mutins ? les a-t-on vus rebelles ? [Corneille, Polyeucte] Jeta dans les prisons ou envoya en exil, ou fit tourmenter cruellement un assez grand nombre de personnes. [Fontenelle, Histoire des oracles]
  • 2Causer de la douleur en parlant d'une maladie ou de tout autre accident. La goutte le tourmente. Nous étions tourmentés de cousins.
  • 3 Fig. Donner des peines d'esprit. Il faut surtout observer de ne pas tourmenter sa tête. [Bossuet, Lett. Corn. II] Ce n'est point le présent que je crains, c'est le passé qui me tourmente. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse] Un désir inquiet tourmentait ma jeunesse. [P. Lebrun, Pallas, II, 3] Ô mon fils ! les hommes ont vécu pendant plusieurs siècles dans une ignorance qui ne tourmentait point leur raison. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis]

    Absolument. Maudite jalousie ! poursuivit-il, plus cruelle encore pour ceux qui tourmentent que pour ceux qui sont tourmentés ! [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Tourmenter sa vie, se donner bien de la peine de corps et d'esprit. Oui, je suis las de tourmenter ma vie. [Voltaire, Enf. prof. III, 3]

  • 4Importuner, harceler. Cet homme me tourmente avec ses visites. Ses créanciers le tourmentent. Cessez de tourmenter une âme infortunée. [Racine, Mithridate] Je ne puis croire que vous cherchiez à le tourmenter [J. J. Rousseau] dans sa solitude, où il est déjà assez malheureux par sa santé, par sa pauvreté, et surtout par son caractère. [D'alembert, Lett. à Voltaire, 3 janv. 1765]

    Terme de manége. Tourmenter son cheval, le châtier, ou l'inquiéter mal à propos. Le roi [Louis XIII] prit amitié pour Saint-Simon, à cause... qu'il ne tourmentait pas trop ses chevaux. [Tallemant, Louis XII]

  • 5Agiter violemment. La mer tourmenta longtemps notre vaisseau. Ce cheval tourmente son cavalier. Il [le vent] frappe, élève, abaisse et tourmente les ondes. [Delille, Les trois règles de la Nature]
  • 6Déjeter. La sécheresse dessèche les futailles, les tourmente, et fait transsuder le vin. [Genlis, Maison rust. t. III, p. 303, dans POUGENS]
  • 7Forcer. Et, tourmentant sa voix pour appeler son frère, Lui pardonne des yeux et meurt. [Gilbert, Mort d'Abel, ch. VII]
  • 8Travailler avec effort. Les champs te prodiguaient leurs tributs volontaires : Il faudra tourmenter un avare terrain. [Delille, Paradis perdu]
  • 9Tourmenter un auteur, un texte, vouloir leur faire dire autre chose que ce qu'ils disent. Une chose qui me surprend toujours également, c'est l'infatigable et cruel acharnement à tourmenter Tacite pour trouver des torts à Sénèque. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]
  • 10 Terme d'art et de littérature. Retravailler de telle façon que l'effort se fasse sentir. L'artiste a tant consulté, si changé, si tourmenté sa composition, que je ne sais plus ce qu'il en reste. [Diderot, Salons de peinture] Boileau a tourmenté cet endroit de son poëme [le Lutrin] ; il avait mis d'abord un horloger à la place du perruquier ; il trouva que le personnage n'était pas assez comique, il changea et ne fit pas mieux. [Marmontel, Oeuv. t. IX, p. 175]

    Terme de peinture. Tourmenter des couleurs, les frotter après les avoir couchées. Tourmenter un dessin, le surcharger de traits.

  • 11Se tourmenter, vpron Se remuer, s'agiter. Ce cheval se tourmente. Elle [l'âme] se tourmente comme dans un songe ; on veut parler, la voix ne se suit pas.... [Bossuet, Oraisons funèbres] Les cris redoublés de leur conductrice [poule ayant couvé des canards] qui, du rivage, les rappelle en vain, en s'agitant et se tourmentant comme une mère désolée. [Buffon, Oiseaux] Le troisième se tourmentant sur sa chaise, cherchant une bonne posture et n'en trouvant point. [Diderot, Lettres à Sophie Voland]
  • 12Se déjeter. Le bois neuf se tourmente beaucoup. Il est bien difficile d'empêcher que les barreaux ne se tourmentent, quand on les trempe. [Brisson, Traité de phys. t. III, p. 248]
  • 13Se donner bien de la peine, s'inquiéter. Voyez comme il est bon de se tourmenter un peu pour avoir des places. [Sévigné, 17 janv. 1680] Ceux de Zurich.... s'en plaignent [d'un accord sur la cène] à Luther, qui se tourmente beaucoup pour les satisfaire. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Elle [l'âme] se tourmente de voir son bien si détaché d'elle-même, si exposé au hasard, si soumis au pouvoir d'autrui. [Bossuet, Oraisons funèbres] Vous cherchez, prince, à vous tourmenter. [Racine, Mithridate] Pourquoi nous tourmenter de leurs ordres suprêmes [des dieux] ? [Racine, Iphigénie en Aulide] Il n'y a qu'une seule chose au-dessus de leur puissance [de mes ennemis], et dont je les défie : c'est, en se tourmentant de moi, de me forcer à me tourmenter d'eux. [Rousseau, Les confessions]

    Se tourmenter à. Qu'on ne se tourmente pas à chercher, comme on a fait jusqu'ici, les articles fondamentaux [de la réforme] ; voici le fondement des fondements [que le pape est l'antechrist]. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes]

    On a dit aussi : se tourmenter de. Quand je me tourmente de vouloir vous inspirer ici la même attention [à votre santé]. [Sévigné, 22 nov. 1679]

    Se tourmenter qui...., se tourmenter pour savoir qui.... Vous vous tourmentez qui aura la première place. [Bossuet, Méditations sur l'Évangile]

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