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eau

nf (o ; mais au pluriel on prononce les ô. Bèze, XVIe siècle, dit que eau se prononce eo, un e fermé se faisant entendre avec o en un seul son)
  • 1Substance liquide, transparente, sans saveur ni odeur, réfractant la lumière et susceptible de dissoudre un grand nombre de corps. Eau de source, de pluie. Eau courante, dormante. L'eau se trouve dans la nature à trois états, solide, liquide, gazeuse. Une goutte d'eau. Tant de seaux d'eau que j'ai tirés au puits pour elle ! [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Ne crains pas, mon cher enfant, que l'abondance de l'eau affaiblisse ou refroidisse ton estomac. [Lesage, Histoire de Gil Blas de Santillane] Apportez-moi un verre d'eau. [Molière, Le bourgeois gentilhomme]

    L'eau potable (par opposition à eau pure), eau qui se boit et qui, pour être bonne, doit être limpide, inodore et d'une saveur agréable, tenir en dissolution une proportion convenable d'air atmosphérique et d'acide carbonique, dissoudre facilement le savon et être propre à la cuisson des légumes secs.

    Eau marécageuse, eau des marais, des mares, des étangs, qui est toujours chargée de matières végétales et animales en putréfaction.

    Eau de mer, eau amère, chargée de sels et principalement de sel de cuisine, et remplissant le vaste bassin des mers.

    Eau distillée, celle qu'on obtient en distillant l'eau de pluie ou de rivière, et qui ne contient plus ni matières solides ni oxygène.

    Eau claire, par opposition à l'eau bourbeuse ou à l'eau mêlée d'une substance utile ou agréable.

    Fig. Eau claire, un résultat illusoire. Mais quoi ! que feras-tu que de l'eau toute claire ? Traversé sans repos par ce démon contraire, Tu vois qu'à chaque instant il te fait déchanter. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Près du beau sexe un vieux barbon Ne fait que de l'eau claire. [Dancourt, Eaux de Bourbon, Divert.]

    Ne sentir que l'eau, être insipide.

    Eau rougie, eau mêlée d'une légère quantité de vin rouge.

    Eau panée, eau dans laquelle on a fait tremper du pain grillé pour en adoucir la crudité.

    Eau ferrée, eau dans laquelle on a éteint un fer rouge ou fait rouiller des clous. L'eau ferrée est fortifiante.

    Eau battue, eau qu'on a versée plusieurs fois d'un vase dans un autre.

    Eau blanche, boisson alimentaire formée par l'eau et la farine ou le son et qu'on donne aux animaux domestiques.

    Eau de savon, eau dans laquelle du savon est dissous.

    Eau d'empois, eau dans laquelle on a mis de l'empois.

    Voie d'eau, ce que contiennent les deux seaux d'un porteur d'eau.

    Familièrement. Un buveur d'eau, celui qui ne boit que de l'eau, ou qui met beaucoup d'eau dans son vin.

    Il ne gagne pas l'eau qu'il boit, il ne vaut pas l'eau qu'il boit, se dit d'un homme inutile, fainéant.

    Être au pain et à l'eau, n'avoir que du pain à manger et de l'eau à boire. On le mit en prison, au pain et à l'eau.

    Tenir eau, se dit d'un vase, d'un cuvier, etc. qui, n'ayant ni trou, ni fissure par où l'eau puisse couler ou suinter, la retient. Par ce moyen, vous verrez s'il tient eau. [La Fontaine, Cuv.]

    Gare l'eau là-bas, se dit quand on veut jeter de l'eau par les fenêtres, surtout dans les villes où il n'y a pas de conduits pour les eaux ménagères. Par extension, on le dit de tout ce qu'on jette par les fenêtres.

    Porter de l'eau à la rivière, ou porter l'eau à la mer, donner à quelqu'un qui est riche, apporter une chose qui abonde déjà. Où vas-tu, insensé que tu es ? tu vas porter de l'eau à la rivière. [Lesage, Histoire d'Estevanille Gonzalez, surnommé le garçon de bonne humeur]

    C'est une goutte d'eau dans la mer, se dit d'une quantité très petite qu'on ajoute à une quantité extrêmement grande.

    Terme de manége. Abattre l'eau, essuyer le corps d'un cheval sortant de l'eau ou en sueur.

    Rompre l'eau à un cheval, l'interrompre, l'obliger à boire à plusieurs reprises.

    Se ressembler comme deux gouttes d'eau, se ressembler parfaitement. J'aurai le plaisir de voir des créatures qui seront sorties de moi, de petites figures qui me ressembleront comme deux gouttes d'eau. [Molière, Le mariage forcé]

    Fig. Aller à l'eau chez un autre, empiéter sur ce qui est à lui. N'allez point à l'eau chez un autre. [La Fontaine, Pâté.]

    On dit qu'un domestique est allé à la bonne eau, quand il est trop longtemps à revenir d'un message.

    Il faut qu'il fasse voir de son eau, qu'il montre de son eau, se dit d'un homme qui, n'étant pas connu, doit montrer ce qu'il sait faire. Qu'ils montrent de leur eau, qu'ils entrent en carrière. [Régnier, Satires]

    Il n'y a que de l'eau à boire, se dit d'une industrie qui n'offre que de médiocres bénéfices. Il fallait qu'il [le P. Campanelle] donnât de son côté de grandes espérances ; sans cela il n'y a pas de l'eau à boire dans ce métier-là [d'astrologue]. [Fénelon, t. XIX, p. 414]

    Croyez cela, et buvez de l'eau, c'est à peu près la même figure, autrement tournée, en parlant d'une chose absurde, c'est-à-dire croyez-le et vous n'y gagnerez rien.

    Il se noierait dans un verre d'eau, se dit d'un homme malhabile à qui il arrive malheur dans tout ce qu'il touche.

    C'est une tempête dans un verre d'eau, se dit de violentes querelles, de violents tumultes dans un tout petit cercle. On a appelé les commotions de la république de Genève des tempêtes dans un verre d'eau.

    Il jouerait les pieds dans l'eau, se dit d'un homme possédé de la passion du jeu.

    Tenir le bec dans l'eau, voir BEC.

    Vert d'eau, vert semblable au vert de l'eau. On dit dans le même sens couleur d'eau. Une étoffe couleur d'eau.

    Il a mis de l'eau dans son vin, se dit d'un homme dont la colère est tombée, dont les prétentions ont baissé.

    Épreuve de l'eau, épreuve à laquelle la justice du moyen âge soumettait un accusé. Les épreuves dont l'usage était le plus universellement adopté étaient celles de l'eau froide et de l'eau chaude. Les seigneurs ecclésiastiques qui ne possédaient pas un champ clos, rendaient aussi la justice : si le plaideur avait demandé l'épreuve de l'eau froide, on lui liait les membres et on le plongeait nu dans la cuve ; si son corps ne surnageait pas, le jugement de Dieu décidait sa culpabilité ; dans le cas contraire, son innocence ; l'épreuve de l'eau chaude était plus cruelle : il fallait que le champion qui s'y soumettait n'éprouvât aucune douleur dans les flots de cette eau brûlante. [Barginet, Hist. du gouv. féod. II, 2]

  • 2Dans l'ancienne philosophie naturelle, l'un des quatre éléments qui constituaient toute chose. Les éléments, le feu, l'air, et la terre, et l'eau. [Racine, Les plaideurs]

    On dit des enfants qu'il les faut garder de feu et d'eau jusqu'à sept ans.

    C'est le feu et l'eau, se dit de deux choses contraires, ou de deux personnes qui diffèrent essentiellement de sentiments et d'opinions.

  • 3 Terme de chimie. Corps composé, qui résulte de la combinaison de 88,91 parties d'oxygène avec 11,09 d'hydrogène en poids, et, en volume, de 1 d'oxygène et de 2 d'hydrogène.

    Eau oxygénée, deutoxyde d'hydrogène, péroxyde d'hydrogène.

    Eau de cristallisation, l'eau que les sels retiennent en combinaison lorsqu'ils cristallisent.

    Eau de constitution, celle qui fait partie d'un sel de telle manière qu'on ne peut la lui enlever par la chaleur, etc. sans en changer la cristallisation et les réactions chimiques ; tandis que l'eau de cristallisation est chassée sans que ces propriétés changent.

    Eau mère, résidu d'une dissolution saline qu'on a fait cristalliser, lorsque cette eau, épaissie, refuse de donner des cristaux.

    Eau de carrière, eau qu'on rencontre dans les pores de la plupart des roches, surtout de celles qui appartiennent aux terrains stratifiés.

  • 4Mer, rivière, étang, lac. Et l'eau grosse et rapide et la nuit assez noire. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Nous ressemblons tous à des eaux courantes. [Bossuet, Oraisons funèbres] Nous allons sans cesse au tombeau, ainsi que des eaux qui se perdent sans retour. [Bossuet, ib.] C'est lui qui me sauva de ce grand péril que vous savez que je courus dans l'eau. [Molière, L'avare] Et la flamme à la main les suivre sur les eaux. [Racine, And. I, 2] Quand on a une expérience fondamentale sur la vitesse de l'eau, par exemple, celle de M. Guglielmini, par laquelle une eau qui est tombée de la hauteur d'un pied de Bologne parcourt en une minute 216 pieds 5 pouces d'un mouvement égal, on a sa vitesse pour toutes les chutes possibles. [Fontenelle, Guglielmini.]

    À Paris, l'autre côté de l'eau signifie la rive gauche de la Seine. Il demeure de l'autre côté de l'eau. Passer l'eau, aller sur la rive gauche de la Seine.

    Fig. Des gens de delà l'eau, des gens mal instruits des nouvelles et des affaires du temps.

    Les grandes eaux, afflux d'eau de pluie ou de neige qui grossissent les rivières et les fleuves. Il est arrivé que les glaces et grandes eaux de cette année ont endommagé deux piles et avants-becs, et que nombre de pierres des arcades ont été emportées, Conseil d'État, 4 janv. 1678.

    Eau plate, celle qui n'a pas de mouvement dans un terrain dont la pente ne lui en donne pas.

    Être comme le poisson dans l'eau, comme le poisson hors de l'eau, être dans une position très agréable, dans une position pleine d'angoisse.

    Se mettre dans l'eau de peur de se mouiller, se jeter dans le mal qu'on veut éviter. Fin comme Gribouille, qui se met dans l'eau de peur de la pluie, se dit d'un homme assez sot pour s'exposer à de grands dangers à l'effet d'en éviter un très petit.

    Pleine eau, se dit de la rivière où l'on va nager librement, par opposition aux bassins fermés où l'on s'exerce. Faire une pleine eau, sortir du bassin fermé et aller nager en pleine rivière.

    Fig. Nager en grande eau, être en pleine fortune. Être en grande eau, être dans l'abondance et dans la sécurité. Puis bientôt en grande eau naviguer à souhait. [Boileau, Satires] Nous verrons désormais Puységur nager en plus grande eau. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Eau douce se dit de l'eau des rivières, des lacs, des étangs et des fontaines, par opposition à l'eau de mer. Poisson d'eau douce.Familièrement, marin d'eau douce, homme qui n'a navigué que sur les rivières, ou, par extension, homme qui a peu navigué en mer.

    Fig. Médecin d'eau douce, médecin qui ne donne que des remèdes faibles et sans efficacité, ou qui donne peu de remèdes.

    Eau trouble, eau d'une rivière ou d'un étang qui est mélangée de limon et qui convient pour certaines pêches. Pêcher en eau trouble, et fig. faire des affaires peu honorables.

    On dirait qu'il ne sait pas troubler l'eau, qu'il ne sait pas l'eau troubler, se dit d'un homme qui paraît simple et qui ne l'est pas.

    Fig. Tomber dans l'eau, ne pas réussir. Cette affaire est tombée dans l'eau. La requête, que le régent n'avait renvoyée à personne, était tombée dans l'eau. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Revenir sur l'eau se dit d'un homme qui, tombant dans l'eau, reparaît à la surface.

    Fig. Revenir sur l'eau, se dit d'un homme qu'on croyait abîmé et qui rétablit ses affaires. La Bazinière, fameux financier, puis trésorier de l'épargne, fut longtemps en prison, puis revint sur l'eau. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Se dit aussi d'un projet qu'on croyait abandonné et qui est remis sur le tapis. La loi de dotation est revenue sur l'eau.

    Terme de vénerie. Battre l'eau, se dit de la bête qui se jette dans la rivière ou un étang pendant qu'on la poursuit.

    Fig. Battre l'eau, prendre une peine inutile. Tu vois qu'à chaque instant il te fait déchanter, Et que c'est battre l'eau de prétendre arrêter.... [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] C'est battre l'eau, monsieur, lui dis-je [à Beauvillier], que répéter toujours la même chose. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Se jeter à l'eau, se noyer exprès.

    Se jeter dans l'eau, se mettre à l'eau, entrer dans l'eau pour quelque dessein.

    À l'eau ! cri pour jeter quelqu'un à l'eau, et cri de marchand d'eau.

    Fig. Coup dans l'eau, coup d'épée dans l'eau, se dit d'une injure qui porte à faux ou d'une tentative sans résultat.

    Les eaux sont basses, se dit d'une rivière dont le niveau a baissé, et fig. l'argent manque.

    Nager entre deux eaux, nager en mettant sous l'eau la tête qu'on ne retire que pour respirer, et fig. se ménager entre les différents partis. Le P. de la Rue, jésuite de tous points, passa toujours pour nager à la superficie, entre deux eaux [dans la controverse sur le quiétisme]. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Pour éviter bien des maux, Veut-on suivre ma recette ? Que l'on nage entre deux eaux. [Béranger, Petits coups.]

    D'ici là il passera de l'eau sous les ponts, se dit quand on croit qu'une chose ne se fera pas de sitôt ou ne se fera jamais.

    Laisser couler, courir l'eau, ne point se soucier comme vont les affaires.

    Faire venir l'eau au moulin, faire venir de l'argent à la maison, donner du débouché à une industrie.

    Le fil de l'eau, le courant.

    À fleur d'eau, à la surface de l'eau.

    Terme de marine. Faire eau, avoir, en parlant d'un navire, quelque trou par où l'eau de mer s'introduit. Alcibiade ne renversera-t-il pas ma barque qui est vieille et qui fait eau partout ? [Fénelon, t. XIX, p. 211]

    Voie d'eau, ouverture faite à la carène d'un navire et par laquelle l'eau entre dans le bâtiment.

    Faire de l'eau, faire provision d'eau douce, pour la navigation.

    Ligne d'eau, celle que le niveau de la mer trace sur un bâtiment chargé.

    Recevoir un coup à l'eau, être percé à l'eau, recevoir un coup de canon dans quelque partie du bordage qui est cachée par l'eau.

    Les eaux d'un navire, son sillage.

    Être sur l'eau d'un autre vaisseau, le suivre et faire la même route.

    Être dans les eaux d'un navire, gouverner dans le même sillage, et fig. Être dans les eaux de quelqu'un, être de son parti, de son opinion.

    Eaux fermées, eaux prises par la glace. Eau maigre, eau peu profonde. Même eau, celle qui ne donne pas de changement au sondage.

    Haute eau et basse eau, se dit de la marée haute et basse.

    Eaux mortes, petite marée ; eaux vives, grande marée.

  • 5Eau jaillissante, eau qui sort de terre par un jet.

    Par extension, eaux jaillissantes, ou, absolument, les eaux, les eaux de Versailles ou de tout autre lieu où sont disposés des conduits qui lancent l'eau en jets et la versent en nappes.

    Donner les eaux, faire jouer les eaux de Versailles en l'honneur d'un personnage.

  • 6Eaux minérales, eaux qui se sont chargées de substances fixes ou volatiles dans leur filtration à travers certains terrains.

    Eaux minérales artificielles, celles que l'art prépare en imitation des eaux minérales fournies par la nature.

    Absolument. Les eaux. Faire une cure d'eaux. Les eaux de Baréges, d'Aix, de Spa. Il faut cette préparation avant que de prendre les eaux. [Sévigné, 272]

    Le lieu où se prennent les eaux. Il parle d'aller aux eaux. [Sévigné, 40] Vous pouvez, madame, aller aux eaux. [Bossuet, Lett. quiét. 38]

  • 7Eau de riz, eau d'orge, eau dans laquelle on a fait bouillir du riz, de l'orge.

    Eau de veau, eau de poulet, bouillon très léger de veau, de poulet. On me fait prendre tous les jours de l'eau de poulet. [Sévigné, 280]

  • 8Eau bénite, eau consacrée par le prêtre.

    Faire l'eau bénite, faire la cérémonie de la bénédiction de l'eau. J'oublie de dire que, pendant cette eau bénite, d'autres gardes du corps gardèrent et garnirent l'hôtel de Conti. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Eau bénite de cour, expression proverbiale pour exprimer les vaines protestations d'amitié ou de protection. Donneur d'eau bénite, faiseur de promesses en l'air.

    Populairement. Eau bénite de cave, le vin.

    Eau grégorienne, eau bénite mêlée de vin et de cendres pour purifier les églises polluées.

    Le baptême. Il lave nos forfaits dans une eau salutaire. [Corneille, Polyeucte] J'allais moi-même Répandre sur son front l'eau sainte du baptême. [Voltaire, Zaïre]

    Eau lustrale, eau consacrée chez les païens aux lustrations et aux ablutions.

  • 9Pluie. Il tombe de l'eau. Le ciel est couvert, nous aurons de l'eau. Le ciel se fond tout en eau. Il va venir de l'eau.
  • 10Suc des fruits, des légumes. Ces pêches, ces melons ont beaucoup d'eau.
  • 11Larmes. Pleurez, pleurez, mes yeux, et fondez-vous en eau, La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau. [Corneille, Le Cid] Ce visage charmant tout en eau devant moi. [Lamartine, Jocelyn]
  • 12Salive, seulement dans cette locution : L'eau en vient à la bouche. À l'occasion de l'impression que les viandes font sur le cerveau, l'eau vient à la bouche, et on sait que cette eau est propre à ramollir les viandes, à en exprimer le suc, à nous les faire avaler. [Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même]

    Fig. Se dit de ce qui excite un désir de possession. L'eau m'en vient à la bouche. [Regnard, Le bal]

  • 13Sueur. L'eau lui coulait du front. Je suis en eau ; prenons un peu d'haleine. [Molière, L'école des femmes] Le dos chargé de bois et le corps tout en eau. [Boileau, P. div. 28] Maintenant, afin qu'un prédicateur ait bien fait, il faut qu'en sortant de la chaire il soit tout en eau. [Fénelon, t. XXI, p. 107] Sous ce tombeau gît un pauvre écuyer, Qui tout en eau sortit du jeu de paume. [Rousseau J.-b. Odes et poésies diverses]

    Suer sang et eau, se donner une peine infinie. Je suais sang et eau pour voir si du Japon Il viendrait à bon port au fait de son chapon. [Racine, Les plaideurs]

  • 14Sérosité. Ampoules pleines d'eau. L'eau qui sort quand on lève un vésicatoire.
  • 15Urine. Lâcher ou faire de l'eau.
  • 16 Au pluriel. Eaux, nom vulgaire du liquide amniotique, de celui qui entoure le foetus dans l'oeuf.

    Fausses eaux, écoulement plus ou moins abondant de sérosité, qui a lieu par les parties génitales à certaines époques de la grossesse, sérosité qui s'était accumulée entre l'amnios et le chorion, et qu'il ne faut pas confondre avec les eaux et le liquide amniotique.

  • 17 Terme de vétérinaire. Eaux aux jambes, maladie cutanée qui a son siége au pied et à la partie inférieure de la jambe, chez le cheval, et dont le symptôme caractéristique est le suintement d'une humeur à travers les pores de la peau.
  • 18Lustre, brillant des diamants et des perles. Dans le commerce, on entend par eau la transparence du diamant, Dict. des arts et mét. Amsterd. 1767, au mot joaillier. Les perles que Cléopatre avait en pendants étaient d'un prix inestimable, soit pour l'eau ou pour la grosseur. [Citri, Triumvirat, 3e partie, ch. 12, dans RICHELET] Ce diamant fut appelé le Régent ; il est d'une eau admirable et pèse plus de 500 grains. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] La drague, dans quelques ruisseaux [affluents du Mississipi], amène de grandes huîtres à perles, mais dont l'eau n'est pas belle. [Chateaubriand, Voir Amér. 415]

    Terme de tanneur. Donner de l'eau, donner du lustre. Donner trois eaux au veau.

    Terme de chapelier. Donner de l'eau à un chapeau, lui donner du lustre.

    Terme de manufacture. Donner de l'eau à une étoffe, lui faire prendre le lustre en la mouillant légèrement et en la froissant sous la presse ou sous la calandre. Et pourront ainsi lesdits teinturiers donner l'eau et le lustre à toutes sortes d'étoffes de soie, Règlem. sur les manuf. août 1669, Teint. en soie, laine et fil, art. 86.

  • 19Eau-de-vie, le produit de la distillation du vin et des liqueurs spiritueuses. Eau-de-vie de Cognac. Eau-de-vie de grain.

    Terme de commerce. Petites eaux, alcool très peu fort, résultant d'une première distillation et n'ayant pas subi de rectification, dont on se sert pour ramener à un degré inférieur des eaux-de-vie naturelles qui, par un coup de feu, sortent de l'alambic avec un degré trop élevé.

  • 20Dans l'ancienne chimie on appelait eau tout liquide qui semblait à la vue avoir à peu près la consistance de l'eau, soit que l'eau y entrât pour la plus grande partie, comme dans l'eau-forte, l'eau seconde, etc. soit qu'elle n'y fût que pour très peu, comme dans l'eau-de-vie.
  • 21Eau, liqueur artificielle extraite de diverses substances ou préparée avec diverses substances.

    Eau acidule ou eau gazeuse, eau pure chargée de cinq fois son volume d'acide carbonique.Eau blanche ou eau végéto-minérale, ou eau de Goulard, mélange d'eau minérale et de sous-acétate de plomb liquide.

    Eau de Botot, eau pour les soins de la bouche, appelée sans doute ainsi du nom de l'inventeur.

    Eau céleste, liquide bleu obtenu en versant de l'ammoniaque liquide dans de l'eau distillée tenant en dissolution du sulfate de cuivre.

    Eau de Cologne, liqueur composée de diverses huiles volatiles de romarin, de fleur d'oranger, de lavande, que l'on dissout dans l'alcool et auxquelles on ajoute ensuite de l'eau de mélisse et de l'alcoolat de romarin.

    Eau d'Égypte ou eau grecque, ou eau mexicaine, ou eau africaine, solution d'azotate d'argent employée pour noircir les cheveux.

    Eau-forte, acide azotique du commerce.

    Une eau-forte est aussi une estampe tirée sur une planche préparée à l'eau-forte.

    Eau générale, alcoolat composé avec une foule de plantes aromatiques et des substances balsamiques et résineuses.

    Eau de goudron, liquide odorant et acidule qu'on obtient en faisant macérer le goudron dans l'eau.

    Eau impériale, alcoolat composé avec un grand nombre de plantes aromatiques.

    Eau de javelle, chlorite de potasse liquide.

    Eau de lavande, mélange d'essence de lavande, de teinture d'ambre, d'eau de Cologne et d'alcool.

    Eau de Luce, liquide laiteux, d'une odeur forte, d'une saveur âcre et caustique, que l'on emploie dans les évanouissements, en aspiration par le nez, ou à l'intérieur (quelques gouttes dans un verre d'eau sucrée).

    Eau phagédénique, solution de chlorhydrate de chaux, tenant en suspension du deutoxyde de mercure.

    Eau régale, mélange d'acides chlorhydrique et azotique, dont on se sert pour dissoudre l'or et le platine.

    Eau de la reine de Hongrie, nom donné à l'alcoolat de romarin.

    Eau rouillée, la même que l'eau ferrée, voyez au numéro 1.

    Eau seconde, acide nitrique affaibli ; se dit aussi d'une lessive caustique de potasse ou de soude connue encore sous le nom de lessive des savonniers et dont se servent les peintres.

    Eau sédative, liqueur composée d'ammoniaque liquide, d'alcool camphré, de sel marin et d'eau commune.

    Eau spiritueuse, liqueur obtenue en distillant de l'alcool sur des substances végétales à principes volatils. L'eau spiritueuse se nomme aujourd'hui alcoolat.

    Eau sulfureuse, dissolution de sulfure de sodium cristallisé, de carbonate de soude cristallisé et de chlorure de sodium.

    Eau-de-vie allemande, nom d'un très fort purgatif.

    Eau vulnéraire, eau aromatique employée par le vulgaire dans les coups et contusions.

  • 22Eau d'ange, ancienne eau aromatique, analogue à l'eau de rose ou à celle de fleur d'orange. À la main droite, près de l'autel [il s'agit d'un baptême], il y avait une table sur laquelle étaient deux carreaux de drap d'or, avec un grand vase d'eau d'ange. [Malherbe, Lett. à Peiresc, 23 juin 1614]
  • 23Eaux et forêts, voir FORÊT.

PROVERBES

L'eau est entrée dans ses souliers par le collet de son pourpoint, se dit, par une méchante plaisanterie, d'une personne qui s'est noyée.

Si on l'envoyait à la rivière, il n'y trouverait point d'eau, se dit d'un homme malhabile qui ne sait pas trouver les choses les plus communes.

Eau qui dort, caractère sournois et doucereux. Il n'y a pire eau que l'eau qui dort. Il n'est, comme on dit, pire eau que l'eau qui dort. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

Tant va la cruche à l'eau, voir CRUCHE.

REMARQUE

Eaux est un pluriel collectif, comme airs, cieux. Quand on dit se perdre sous les eaux, périr dans les eaux, les eaux dans ces phrases n'indiquent pas plusieurs eaux, mais une collection ou quantité indivise, JULLIEN., Toutefois eau a aussi un pluriel qui n'est pas collectif : j'ai bu des eaux de Vichy et de Spa, c'est-à-dire de l'eau de Vichy et de l'eau de Spa ; les eaux d'Arcueil et de Grenelle, c'est-à-dire l'eau d'Arcueil et l'eau de Grenelle.

+

EAU.
1Ajoutez :

Pêcher en eau trouble, voir TROUBLE 2, n° 1. Et voilà mon Marin [avocat de la partie adverse], les bras retroussés jusqu'au coude et pêchant le mal en eau trouble. [Beaumarchais, 4e mémoire.]

4Pleine eau. Ajoutez :

Au pl. Des pleine-eau (avec un trait d'union). L'ordonnance du 15 mai 1867 interdit absolument les pleine-eau, que le nombre des bateaux à vapeur mis en circulation pour les besoins de l'exposition universelle aurait certainement rendues dangereuses. [Maxime Du Camp, Rev. des Deux-Mondes, 1er nov. 1867, p. 208]

18Ajoutez :

Fig. et souvent ironiquement. De la plus belle eau, ce qu'il y a de mieux en fait de personnes ou de choses. Quant à l'homme de Missey, il ne faut pas y compter, c'est un réactionnaire de la plus belle eau. [Gazette des tribunaux]

19Ajoutez :

Eau-de-vie de bois, nom d'une certaine qualité d'eau-de-vie, dans les Charentes. Le pays de bois s'étend jusqu'à la Rochelle ; il produit les eaux-de-vie de bois, qui sont les moins recherchées. [Heuzé, la France agricole, p. 14]

Eau-de-vie premier bois, deuxième bois, noms de certaines qualités d'eaux-de-vie (voy. BOIS, n° 21, au Supplément.

21Prendre de l'eau, se dit d'une rivière, d'un torrent qui, à sec, reçoit un afflux d'eau. Une rivière appelée l'Alligator, qui ne prend d'eau que dans la saison des pluies. [Journal officiel]
22Dans le raffineries de salpêtre, eaux fortes (voir FORT au Supplément).

REMARQUE

Ajoutez :

2. Une eau-forte, une estampe à l'eau-forte.

Au pl. Des eaux-fortes.

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