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offenser

vt (o-fan-sé)
  • 1Faire une offense. Comme si vous servir était vous offenser. [Malherbe, V, 11] Tu ne peux de ce peuple empêcher le malheur, Sans offenser ensemble et Rome et ton honneur. [Mairet, La mort d'Asdrubal] Des deux côtés j'offense et ma gloire et les dieux. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Qui pardonne aisément invite à l'offenser. [Corneille, ib. IV, 3] Comme nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien, nous haïssons violemment ceux que nous avons beaucoup offensés. [La Bruyère, IV] Il [l'éléphant] n'attaque jamais que ceux qui l'ont offensé. [Buffon, Quadrupèdes]

    Absolument. Si, dès que l'on offense, on ne pardonne point. [Tristan, La Marianne] Un malheur continuel [au jeu] pique et offense ; on est honteux d'être houspillé par la fortune. [Sévigné, 9 mars 1672] Parler et offenser, pour de certaines gens, est précisément la même chose. [La Bruyère, V]

  • 2Offenser Dieu, pécher. Ne faites pas cela, c'est offenser Dieu.

    Absolument. S'ils n'offensaient que rarement. [Pascal, Les provinciales]

  • 3 Fig. Choquer, blesser. Notre air étranger n'offense plus personne. [Montesquieu, Lettres persanes]

    Il se dit aussi des choses auxquelles on fait une sorte de tort. Il est facile d'offenser sa vanité. Un roi peut oublier, sans offenser sa gloire, D'un sujet criminel la faute la plus noire. [Du Ryer, Scévole, III, 2] Le petit homme est poli, et craignait d'offenser mes chastes oreilles. [Sévigné, 289] Il eût fallu éviter de lui écrire [au maréchal d'Estrées, pour ne pas lui donner le monseigneur] ; car de cette manière on n'offense pas sa gloire ou celle de son ami. [Sévigné, 26 mai 1681] Avouez que vous avez cruellement offensé l'amitié qui était entre nous, et je suis désarmée. [Sévigné, à Bussy, 26 juill. 1668] Il y a des puissances sur la terre dont le nom même s'attire un si grand respect, que c'est en offenser la majesté que de présumer qu'on puisse penser contre elles de certaines choses. [Bossuet, Signatures des docteurs.] Qui est-ce qui veut se priver de tant de choses superflues qui offensent la tempérance ou la modestie chrétienne ? [Fléchier, Panég. II, p. 225] Tant de raisonnements offensent ma colère. [Racine, Andromaque] De Joad l'inflexible rudesse De leur superbe oreille [des princes] offensait la mollesse. [Racine, Athalie] Dois-je croire qu'assise au trône des Césars, Une si belle reine offensât ses regards [de Rome] ? [Racine, Bérénice]

  • 4Pécher contre. Je suis une sotte ; j'ai offensé la géographie : vous ne passez pas par Moulins, la Loire n'y va point. [Sévigné, 23 oct. 1676] Dieu de mes pères, qu'ai-je fait pour mériter une pareille récompense ? toute ma vie, j'ai offensé vos lois, et vous me comblez de félicité. [Chateaubriand, Les martyrs, ou Le triomphe de la religion chrétienne]
  • 5Faire une blessure à une personne (sens qui vieillit). S'étant saisis de la puissance souveraine.... ils en usent comme les enfants se servent de leurs couteaux, qui s'en blessent le plus souvent, et en offensent leurs mères et leurs nourrices. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour]

    Faire une lésion à quelque organe. La balle a offensé le poumon. La blessure de M. de Marsillac est un coup de mousquet dans l'épaule et dans la mâchoire, qui n'offense pas l'os. [Sévigné, 17 juin 1672]

    Terme de manége. Blesser la bouche d'un cheval.

    Par analogie. La petite poitrine [de Mme de Coulanges] est fort offensée de cette fièvre. [Sévigné, 18 sept. 1676] Je me suis fort bien portée et comportée par les chemins ; la contrainte offense un peu mes genoux ; mais en marchant elle se passe. [Sévigné, 24 mars 1676] Comme la lumière offense les yeux des animaux qui ont accoutumé de ne sortir de leurs retraites que pendant la nuit. [Fénelon, Télémaque] Le froid n'offense point son corps sans vêtement. [St-lamb. Saisons, IV]

  • 6S'offenser, vpron Se faire à soi-même une offense. Je m'offenserais moi-même, si je pouvais un moment me défier de vous. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]
  • 7Se fâcher, se piquer. S'offenser d'un rien. Ne vous offensez pas, princesse, de nous voir De vos yeux à vous-même expliquer le pouvoir. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Hé ! mon Dieu ! tout cela n'a rien dont il s'offense. [Molière, Les femmes savantes] Vous qui, vous offensant de mes justes terreurs, Avez dans tout le camp répandu vos fureurs. [Racine, Iphigénie en Aulide]

    Il se dit aussi des choses. Notre amour s'en offense. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes]

    S'offenser contre quelqu'un, se fâcher, s'irriter contre lui. M. de Vaugelas remarque qu'il faut dire s'offenser contre quelqu'un, au lieu de s'offenser de quelqu'un, Acad. Obs. sur Vaugel. p. 409, dans POUGENS.

    PROVERBE

    Il n'y a que la vérité qui offense, c'est-à-dire il n'y a point d'injure plus sensible que quand nous nous sentons coupables des fautes qu'on nous reproche.
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