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reconnaître

vt (re-co-nê-tr')

Il se conjugue comme connaître.

  • 1Se remettre dans l'esprit l'idée de quelqu'un ou de quelque chose que l'on connaît. Je reconnais le cachet. Reconnaître des gens à leur voix, à leurs allures. Quand elle fut dans la tour et qu'elle se présenta à la porte, les épines qui la bouchaient et qui s'étaient d'elles-mêmes détournées pour laisser passer Psyché la première fois, ne la reconnaissant plus [elle était devenue noire], l'arrêtèrent. [La Fontaine, Psyché, II, p. 200] Vous voilà tout désolé parce que vous avez vu votre père sans le reconnaître. [Fénelon, Télémaque] Un chien, un éléphant reconnaît son maître au bout de dix ans. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard] Oui, je te le répète, oui, c'est lui que j'ai vu ; Mieux encor que mes yeux mon coeur l'a reconnu. [Gresset, Le méchant] Ai-je encor des amis dans mes tristes destins ? Un seul m'était resté, non parmi les humains ; Aux portes du palais il [le vieux chien] m'a su reconnaître, Il est mort de sa joie en revoyant son maître. [P. Lebrun, Ulysse, II, 2]

    Fig. De mes feux mal éteints je reconnus la trace. [Racine, Andromaque]

    Absolument. Elle renverse tout ce qui s'offre à ses pas, Et, sur ceux qu'elle voit, frappe sans reconnaître. [Corneille, La veuve]

    On ne le reconnaît plus, nous ne le reconnaissons plus, il est tout à fait changé. Ces mêmes gens, pour l'ordinaire si flatteurs et si complaisants, peuvent se démentir : quelquefois on ne les reconnaît plus, et l'on voit l'homme jusque dans le courtisan. [La Bruyère, XI] Depuis que vous avez quitté la province et que votre maîtresse est devenue une riche héritière, je ne vous reconnais plus. [Genlis, Théât. d'éduc. le Méchant par air, I, 1]

  • 2Connaître à quelque signe, à quelque marque, à quelque indication, une personne ou une chose qu'on n'a jamais vue. à sa démarche on reconnut une déesse. Reconnaître une plante d'après la description donnée par les auteurs. Il [M. de Turenne] dit au petit d'Elboeuf : Mon neveu, demeurez là ; vous ne faites que tourner autour de moi, vous me feriez reconnaître. [Sévigné, 211] Ils [les princes morts] vont tous ensemble se confondre dans un abîme où l'on ne reconnaît plus ni princes, ni rois, ni toutes ces autres qualités superbes qui distinguent les hommes. [Bossuet, Oraisons funèbres] Dans ce même Dieu, dans ce même Seigneur, nous reconnaissons un père dont nous sommes tous les enfants. [Bourdaloue, Myst. Trinité, t. I, p. 500] Peuples et vous, Abner, reconnaissez Joas. [Racine, Athalie] Il reconnut dans le visage d'Arcésius une grande ressemblance avec Laërte. [Fénelon, Télémaque] Ce serait une surprise assez agréable de voir Pandore [dans l'opéra de ce nom], le démêler [Prométhée] dans l'assemblée des sylvains et des faunes, comme Marie-Thérèse, beaucoup moins spirituelle que Pandore, reconnut Louis XIV au milieu de ses courtisans. [Voltaire, Correspondance] Il faut être aveugle pour n'être pas ébloui de ce spectacle [le ciel] ; il faut être stupide pour n'en pas reconnaître l'auteur. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Nous serons bien heureux s'il [Bartholo] ne vous reconnaît pas, vous qu'il n'a jamais vu. [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile]

    Se faire reconnaître, prouver qui l'on est par des indications certaines.

    Il se dit des marques morales, intellectuelles qui font connaître quelqu'un ou quelque chose. Pour vous, ma chère enfant, je vous reconnais bien à consentir.... [Sévigné, 1er nov. 1671] Reconnaissez ici le monde, reconnaissez ses maux toujours plus réels que ses biens, et ses douleurs par conséquent plus vives et plus pénétrantes que ses joies. [Bossuet, Oraisons funèbres] On reconnaît Joad à cette violence. [Racine, Athalie] À votre langage seul, je vous reconnaîtrais pour un stoïcien. [Fontenelle, Dial. 1er, Morts anc.] Entre plusieurs traits dont brille son discours [de Montesquieu], on reconnaîtrait l'écrivain qui pense, au seul portrait du cardinal de Richelieu. [D'alembert, Éloges, Montesquieu.] De son temps [de Molière] le janséniste reconnaissait le jésuite dans Tartufe, et le jésuite y reconnaissait le janséniste. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque] Je reconnais bien là mon homme ; il ne traite rien que de bouche. Corresp. du général Klinglin, I, 220]

  • 3Parvenir à connaître, à apercevoir, à découvrir la vérité de quelque chose. On a reconnu son innocence. On reconnaît à ces indices la salubrité de l'eau. On reconnaît leur mauvaise foi. On ne les sent aussi [les remords] que quand le coup approche, Et l'on ne reconnaît de semblables forfaits Que quand la main s'apprête à venir aux effets. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Et reconnaissez-vous que tout ce qu'il m'a dit, Par quelque impression ébranle mon esprit ? [Corneille, Nicomède] Je ne reconnais point, pour moi, quand on se moque ; Parlez-vous tout de bon ?... [Molière, L'école des femmes] Image sensible où nous devons reconnaître l'inutilité de toutes nos oeuvres pour le salut, si la foi animée de la charité et de la grâce n'en est pas le principe et comme le premier moteur. [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 216] L'on ne reconnaît plus en ceux que le jeu et le gain ont illustrés, la moindre trace de leur première condition. [La Bruyère, VI] Napoléon ne reconnut pas immédiatement, on va le voir, la force réelle des Prussiens. [Charras, Waterloo, chap. VIII]
  • 4Reconnaître avec la négation signifie quelquefois ne plus avoir égard à, ne plus écouter. Il ne reconnaît d'autre loi que sa volonté. Implacables l'un pour l'autre et irréconciliables ennemis pendant que la séance [de jeu] dure, ils [les joueurs] ne reconnaissent plus ni liaisons, ni alliance, ni naissance, ni distinction. [La Bruyère, VI]
  • 5Considérer, observer. Reconnaître les lieux, le terrain. Disposition facile à reconnaître dans cette queue, que l'oiseau [le troglodyte] a coutume, non-seulement de relever, mais d'épanouir en volant, et qui la fait paraître à deux pointes. [Buffon, Oiseaux]

    Fig. Reconnaître les dispositions de quelqu'un,

  • 6 Terme de guerre. Reconnaître, se dit pour examiner, s'instruire de ce qui concerne la situation, la nature, la force d'un lieu ou d'une troupe ennemie. Il envoya reconnaître les passages, les ennemis, leur contenance, leur nombre. Il [le roi] arriva avant midi, reconnut la place fort exactement, suivant sa coutume. [Pellisson, Lettres historiques] J'ai des ordres à donner, des lieux à reconnaître, des dispositions à faire et des dépêches à dicter. Lett. du roi de Pr. à Voltaire, 21 juin 1760]

    Absolument. Il est allé reconnaître.

    Reconnaître une patrouille, une ronde, etc. s'assurer qu'elle n'est pas ennemie.

  • 7Faire l'exploration de contrées, d'eaux inconnues. Alexandre laissa son armée et sa flotte à Patale, alla lui-même avec quelques vaisseaux reconnaître la mer, marqua les lieux où il voulut que l'on construisît des ports, des havres, des arsenaux. [Montesquieu, L'esprit des lois] Ce que Séleucus reconnut fut appelé mer Séleucide ; ce qu'Antiochus découvrit fut appelé mer Antiochide. [Montesquieu, ib. XXI, 9] Il y a de très fortes raisons qui me portent à croire que la région de notre pôle qui n'a pas été reconnue ne le sera jamais. [Buffon, 6e ép. nat. Oeuv. t. XII, p. 310] Colomb y aborda [au continent], lorsqu'en 1498 il reconnut l'Orénoque. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    Terme de marine. S'approcher d'une terre, en examiner la forme, en étudier les abords. Comme on n'eut plus de sujet de craindre le mauvais temps.... on fit route pour reconnaître le cap de la Vele. Mém. d'Estrées, 24 août 1680, dans JAL] Le petit vaisseau sur lequel il avait abordé en Bretagne, n'était venu que pour reconnaître la côte. [Voltaire, L'ingénu]

    Reconnaître un écueil, un danger, s'en approcher, les relever, les dessiner.

    Reconnaître un vaisseau, s'approcher de lui pour juger de sa force, connaître sa nationalité, etc.

  • 8Admettre, accepter comme vrai, comme incontestable. Ce philosophe reconnaissait l'existence des atomes. On reconnaît d'un commun accord les avantages de.... Les gourmets reconnaissent un excellent goût aux huîtres de.... Sans doute qu'étant chrétien comme vous prétendez l'être, vous n'hésiterez pas à reconnaître qu'il n'est rien de plus important pour vous que tout ce que je viens de vous marquer. [Bourdaloue, Pens. t. II, p. 32]
  • 9Se soumettre à l'autorité d'une personne. Paris et tout le royaume, avec un fidèle et admirable empressement, reconnaît son roi gardé par la Providence et réservé à ses grands ouvrages. [Bossuet, Oraisons funèbres] Les Gaules n'eurent presque rien qui n'obéît aux Français ; et tous reconnaissaient Charles Martel. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Étant chrétien, il ne reconnaît point, à proprement parler, d'autre maître que Dieu ; ou, reconnaissant d'autres puissances, il ne les regarde que comme des puissances subordonnées au Tout-Puissant. [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 229] Aussi bien n'attends pas qu'un coeur comme le mien Reconnaisse un vainqueur et te demande rien. [Racine, Alexandre le grand] Ce jour, ce triste jour frappe encor ma mémoire, Où Néron fut lui-même ébloui de sa gloire, Quand les ambassadeurs de tant de rois divers Vinrent le reconnaître au nom de l'univers. [Racine, Britannicus] Marguerite Waldemar, fille de Waldemar III, la Sémiramis du Nord, profita de ces troubles, et se fit reconnaître reine de Suède, de Danemark et de Norwége. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]

    On dit dans un sens analogue : reconnaître un Dieu. Lui [Descartes] qui avait employé toute la sagacité de son esprit à chercher de nouvelles preuves de l'existence d'un Dieu, fut accusé de n'en point reconnaître. [Voltaire, Eléments de la philosophie de Newton mis à la portée de tout le monde] Je reconnus son Dieu. [Voltaire, Alzire, ou Les américains] Les Chaldéens reconnaissaient un dieu suprême, une âme du monde, qu'ils adoraient sous le nom de Baal. [Condillac, Histoire anc. III, 4]

    Reconnaître un gouvernement, reconnaître qu'il est légitimement établi et qu'il prend place à côté des anciens gouvernements.

  • 10Dans le langage religieux, reconnaître se dit quelquefois pour déclarer sa foi. Quiconque me confessera et me reconnaîtra devant les hommes, je le reconnaîtrai aussi moi-même devant mon Père qui est dans les cieux. [Sacy, Bible, Évang. St Matthieu X, 32]
  • 11Reconnaître pour, reconnaître en telle qualité. Énée, que les Romains reconnaissent pour leur fondateur. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Il [Jésus-Christ] déclara qu'il ne reconnaissait pour mère et pour frère que ceux qui faisaient la volonté de son Père céleste. [Bourdaloue, Assompt. de la Vierge, Myst. t. II, p. 321] Le Pont vous reconnaît dès longtemps pour sa reine. [Racine, Mithridate] Louis XIV reconnut le fils de Jacques II pour roi en 1701. [Voltaire, Suppl. au Siècle de Louis XIV, 1re part.]

    On dit dans un sens analogue et par ellipse : reconnaître de, c'est-à-dire pour être de. Les sauvages du Canada font brûler leurs prisonniers ; mais, lorsqu'ils ont des cabanes vides à leur donner, ils les reconnaissent de leur nation. [Montesquieu, L'esprit des lois]

  • 12Terme militaire. Faire reconnaître un officier, le proclamer en présence de la troupe où il doit commander.
  • 13Reconnaître un enfant, s'avouer authentiquement pour père ou mère d'un enfant naturel. Elle [la duchesse de Portsmouth] a un fils qui vient d'être reconnu, à qui on a donné deux duchés. [Sévigné, 216] Mme de Montespan eut cinq enfants de suite ; je ne sais s'ils furent reconnus tous ensemble, ou séparément. [Mme de Caylus, Souvenirs, p. 57, dans POUGENS] Le roi fit ensuite reconnaître les siens [bâtards], savoir le duc du Maine, M. le comte du Vexin, Mlle de Nantes, Mlle de Tours. [Mme de Caylus, ib. p. 58]
  • 14Reconnaître son seing, sa signature, une lettre, un billet, etc. reconnaître qu'on a signé l'écrit dont il s'agit, qu'on a écrit en effet la lettre, le billet, etc.

    Reconnaître une rente, une redevance, en passer un aveu.

  • 15Avouer, confesser. Vous, Seigneur, dont la bonté infinie n'a rien donné aux hommes de plus efficace pour effacer leurs péchés que la grâce de les reconnaître.... [Bossuet, Oraisons funèbres] Chrétiens, que répondrons-nous à ce reproche ? il est juste, reconnaissons-le. [Bossuet, Sermons] Qu'ils raisonnent comme il leur plaira ; s'ils n'ouvrent pas les yeux et qu'ils s'obstinent à ne vouloir pas reconnaître la fatale illusion qui les séduit.... [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 200] Il reconnaît sa dernière injustice. [Racine, Britannicus] Dans les commencements il [Idoménée] a fait des fautes, et il met sa gloire à les reconnaître par les offres dont il vous prévient. [Fénelon, Télémaque] Reconnaître que les animaux sont doués de sensations et de mémoire, sans savoir comment cela s'opère, ce serait parler en sage qui sait que l'ignorance vaut mieux que l'erreur. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] L'Ingénu, qui avait beaucoup de bon sens, disputa, mais reconnut son erreur ; ce qui est assez rare en Europe aux gens qui disputent. [Voltaire, L'ingénu]

    On dit : reconnaître de, avec un infinitif. Ce fut une chose fort touchante, quand elle [Mme de Coulanges malade] fit écrire à M. du Gué pour lui recommander M. de Coulanges, et cela par conscience et par justice, reconnaissant de l'avoir ruiné, SÉV. 7 oct. 1676

    On supprime quelquefois la préposition de. Je reconnais avoir reçu.... Puisque vous reconnaissez ce défaut être une source de discorde. [Bossuet, Sermons]

  • 16Avoir de la reconnaissance pour. Mais puisqu'on reconnaît si mal mes bons offices. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Qui reconnaît les grâces, aime à en faire. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Narcisse, c'est assez : je reconnais ce soin. [Racine, Britannicus] Je reconnais, Abner, ce service important. [Racine, Athalie] Je sais bien reconnaître les procédés qu'on a pour moi. [Genlis, Théât. d'éduc. les Dangers du monde, I, 6]

    Récompenser. L'ode de M. Chapelain n'a-t-elle pas été reconnue d'une pension de cinq cents écus ? [Naudé, Mascurat, in-4° p. 237, dans GODEFROY, Lex. de Corneille.] Va, je reconnaîtrai ce service en son lieu. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Vous voulez d'un sujet reconnaître le zèle. [Racine, Esther] Pour reconnaître ces services, Antiochus leur accorda plusieurs priviléges. [Rollin, Histoire ancienne]

    Reconnaître quelqu'un, user de reconnaissance envers lui, le récompenser. ....c'est de quoi nous ravir De le voir [Dieu] aussi prompt à te bien reconnaître [Louis XIV], Que ta haute valeur fut prompte à le servir. [Corneille, Inscript. mises sous des estampes, XVIII, Prise de Hesdin.] De César, de son maître il paie ainsi l'estime, Et reconnaît si mal qui lui veut tant de bien. [Rotrou, Véritable Saint Genest] Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre]

    Absolument. Témoigner de la reconnaissance. Quand peut-on être ingrat, si c'est là reconnaître, Et que puis-je sur vous si le coeur n'y consent ? [Corneille, Agésilas]

  • 17Se reconnaître, vpron Trouver sa ressemblance, son image, dans un portrait, dans un miroir, etc. Il se regarda dans un miroir, et se reconnaissait à peine, tant il était changé ! Qui est-ce qui ne se reconnaît pas dans Molière ; et, si l'on ressuscitait les héros de nos tragédies, ils auraient bien de la peine à se reconnaître sur notre scène. [Diderot, Pensées sur la peinture]

    Fig. Retrouver ses opinions, ses sentiments dans un autre. Se reconnaître dans son fils.

  • 18Se remettre dans l'idée un lieu qu'on a connu et où l'on se retrouve. Il y a bien longtemps que je suis venu ici ; mais je me reconnais.

    Fig. Ce manuscrit est difficile à lire ; mais je commence à m'y reconnaître. C'est une affaire embrouillée ; je ne m'y reconnais plus.

  • 19Se reconnaître, constater qu'on se connaît les uns les autres. Dans tous les discours et tous les écrits de certaines gens, on n'entend ni on ne voit presque autre chose que le terme de vérité ; c'est, ce me semble, le signal pour se reconnaître les uns les autres ; c'est leur cri de guerre. [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 276]
  • 20Être reconnaissable ou reconnu. L'opération de la grâce se reconnaît dans ses fruits. [Bossuet, Oraisons funèbres] Le duc et le marquis se reconnut aux pages. [Boileau, Satires]
  • 21Avouer quelque chose de soi. Quoiqu'il se reconnaisse pécheur et qu'il fasse profession de l'être. [Bourdaloue, 7e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 56]
  • 22Connaître qu'on a péché, qu'on a failli. Que dirai-je donc pour vous arrêter ?... qu'il [Dieu] vous fera mourir d'une mort soudaine, sans avoir le loisir de vous reconnaître ? [Bossuet, Sermons]
  • 23Reprendre ses sens, examiner ce qu'on doit faire. Quand votre jugement se sera reconnu, Vous bénirez le mal qui vous est avenu. [Mairet, Sophonisbe] Il y a apparence qu'il eût été tué.... si elle n'eût donné aux chrétiens le temps de se reconnaître. [Scarron, Le Roman comique] Il [Polybe] voyait les Romains.... ne laisser aux Macédoniens aucun moment pour se reconnaître. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Vous alléguez le bruit, le tumulte, les soins, les engagements, les agitations du monde ; tout votre temps, dites-vous, s'y consume ; et à peine pouvez-vous vous reconnaître. [Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 35] Quelques jours ; rien ne presse ; Encore faut-il bien qu'elle se reconnaisse ; à peine est-elle encor mariée.... [Dufrény, Mariage fait et rompu, I, 6] Je ne suis pas digne d'avoir le temps de me reconnaître et de me repentir de ma rage. [Marivaux, Le paysan parvenu]

REMARQUE

"Ma colère revient, et je me reconnois ; Immolons en partant deux ingrats à la fois, RAC. Mithr. IV, 5". L'usage, dès le temps de Racine, avait décidé qu'il fallait toujours prononcer je reconnais ; et, par conséquent, l'autre prononciation [celle comme fois] ne doit être regardée, dans Racine, que comme on regarde les archaïsmes dans Virgile. [D'olivet, Rem. Racine, § 12]

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